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JOHNNY GUITAR

Synopsis :

Johnny, cow–boy à la guitare, se présente dans un saloon isolé et baroque que dirige avec une poigne de fer une femme prénommée Vienna. Il est témoin d’une vive altercation entre cette femme et une certaine Emma, tout de noir vêtue, qui, à la tête d’un groupe d’éleveurs, est venue lui demander des comptes à propos des agissements d’une bande de hors-la-loi, auteurs présumés d’un hold-up qui a coûté la vie à son jeune frère. Mais les deux femmes se détestent surtout à cause de Dancing Kid, le chef de ces hors-la-loi qui a une préférence pour Vienna, alors qu’Emma est amoureuse de lui. Sommée de quitter la région dans les 24 heures, Vienna trouve un allié en la personne de Johnny, dont elle a été la maîtresse jadis, au temps où il s’appelait Johnny Logan et maniait le revolver avec dextérité…


EXTRAITS CRITIQUES


«… A tous ceux qui  font la moue devant le western, il faut certainement dire : et si vous aussi vous abandonniez vos préjugés ce soir là ? Vous découvririez peut– être  qu’il y a western... et western ! Comme répond au début de Pierrot le fou, Ferdinand/Pierrot à sa femme  qui lui reproche d'avoir permis à leur fille d'aller au cinéma pour la troisième fois de la semaine. : «on joue Johnny Guitar en bas. Faut bien  qu’elle s’instruise ! On commence un peu trop à vivre dans un monde d’abrutis.»


Pierre Chaussin : (Aube-Ciné )


«Ce petit film de quatre sous  à partir d’un médiocre roman de gare est devenu par la grâce de son metteur en scène, un admirable poème échevelé, la confession lyrique d’un homme qui a aimé et qui se penche  sur son amour, la nostalgie et le regret au cœur… Cette peinture de femme mais aussi cette peinture d’un homme attiré par la violence mais se méfiant d’elle, vivant sur les mythes de son adolescence, n’arrivant jamais à atteindre l’âge adulte, se déroule au milieu d’un étourdissant carrousel nocturne.  Car Johnny Guitar est aussi un poème de la nuit, de cette nuit où les vêtements noirs et blancs de la meute se détachent sur les flammes de la maison qui brûle. La nuit et le feu purifient tout. On n’en finirait pas de dénombrer les beautés de ce film...»


Jean Wagner (Etudes cinématographiques : 12-13 : le western)


«Peu-être le meilleur film de Ray, et sans doute un des meilleurs westerns de tous les temps… c’est un des plus beaux poèmes d’amour, que l’immaturité des personnages rendit autrefois impossible et que seules les souffrances et les dures épreuves d’une vie vécue ont pu alors rendre possible. Le ‘’Trucolor’’ qui donnait alors au cinéma américain ses couleurs les plus laides, employé par cet esthète génial, contribue à faire de Johnny Guitar un des plus beaux films en couleurs de l’histoire du cinéma.»

Rui Noguera (Le western : collection 10/18)

«En refusant d’entrer dans le grand délire imposé par McCarthy, Ray prépare sa réponse : Johnny Guitar. Tous les  personnages du grand psychodrame offert aux américains par la Comission des activités anti-américaines s'y trouvent. La sobriété de la fable, son extrême précision et sa nécessité dramatique, en font une réponse cinglante aux délires de l'époque. Le désir de meurtre du groupe outragé par celui qui en diffère prend tout son relief avec le personnage incarné par Joan Carawford, tout entière en rupture et lucidité face aux aveuglements de la haine dont la figure limite est également féminine. La passion extatique de Mercedes McCambridge résume à elle seule l'horreur de la situation. Les arguments de Ward Bond sont dépassés par l'hystérie qu'ils révèlent. De quoi faire réfléchir.»

Olivier-René Veillon (Le cinéma américain des années cinquante : Editions Points)

  

Nicolas Ray

Propos