Guitar_3

Propos

 

Johnny Guitar est-il parmi les films qui comptent pour vous ?

Il a un certain poids à plusieurs points de vue. C’était une histoire terriblement difficile ; il fut très dur d’en venir à bout.


Et vous ne disposiez que d’un très petit budget ?

Non, pas spécialement… Il y a dans ce film plusieurs choses qui ont de l’importance à mes yeux, outre le simple fait d’avoir réussi à dominer cette histoire, car le roman dont nous sommes partis était tout à fait nul. Mais aucun film n’est facile à faire… J’aime la façon dont je me suis servi de la couleur et je pense que des idées telles que celle de mettre en valeur les costumes noirs et blancs de la patrouille étaient très bonnes... .

Il y a un détail qui, personnellement, m’a étonné : ce sont, dans la dernière scène, les quelques plans rapprochés tournés en studio devant des toiles peintes. Nous avons été obligés de les faire pour une raison bien simple: lorsque nous avons voulu les tourner en extérieur, Joan Crawford et Mercedes MacCambridge furent absolument incapables de garder leurs yeux grands ouverts à cause du soleil… Mais encore une fois, je critique plus volontiers mes films que je n’en fais l’éloge ; dans Johnny Guitar, j'aurais aimé commencer par mieux définir les aspirations et les antécédents du personnage interprété par Mercedes MacCambridge, de façon à ce que l'on comprenne un peu mieux son sentiment de frustration, et le conflit en aurait été accru d'autant, mais je n'eus pas le temps de mener ce début à bien. Le scénariste, Phil Yordan et moi travaillâmes comme des forçats sur le scénario ; j'allais même jusqu'à emménager dans une maison proche de la sienne, si bien que nous pouvions travailler nuit et jour pour essayer de donner, dans cette histoire, une grande importance au facteur temps. Et si cette importance du temps qui s'écoule se sent, c'est merveilleux...

Entretien réalisé par Charles Bitsch (Cahiers du Cinéma n°89 - Nov. 1958)

« Il y avait dans Johnny Guitar, une violente attaque contre le puritanisme en la personne de la vieille fille refoulée, incarné par Mercedes McCambridge. Il y avait aussi bien sûr Johnny, sorte de héros de tragédie en proie aux Furies, à un Destin qui venait du dehors et dont l'arrivée provoquait le drame.»


«avons joué un bon tour à Ward Bond, qui était, comme vous savez, un des meneurs du parti fasciste à Hollywood. Nous lui avons fait jouer le rôle du chef de la milice, un extrémiste fascisant faisant régner la terreur. Et lui croyait que son personnage était un héros, un bonhomme sympathique. Il n’avait rien compris !»


Rencontre avec le scénariste Philip Yordan par Bertrand Tavernier (Cahiers du cinéma  février 1962)

Synopsis