L'immeuble Yacoubian_extraits critiques

Extraits critiques

Propos du réalisateur


 « L'Immeuble Yacoubian est "très différent des projets que je vois autour de moi. Le scénario est très fort et totalement réaliste, contrairement à 99% des films égyptiens de cette décennie, pour la plupart incohérents. L'Immeuble Yacoubian dissèque, avec audace et objectivité, la société égyptienne durant 50 ans, de la construction du Yacoubian jusqu'à la prise du pouvoir par Nasser. C'est un sujet qui dérange. »


« L’idée était de faire un film qui fasse réfléchir les gens, c’est réussi et j’en suis très content ! Nous devons parler des tabous et même exclure ce mot, « tabou », de nos vies. Nous devons parler de tout pour devenir meilleurs. »


« Le roman éponyme de Alaa El Aswany sorti en 2002 est un véritable best-seller. Il a été traduit en plusieurs langues ; espagnol, anglais, français et italien.  En l’espace de quelques semaines, il avait réussi à enregistrer d’excellentes ventes dans tous les pays où il a été distribué. J’ai été moi-même impressionné par le roman et je commençais à réfléchir sérieusement sur la possibilité de le transposer au cinéma. Le producteur Jamal Edin Adib m’a proposé de produire le film avec un budget énorme qui est de quatre millions de dollars. J’ai donc accepté de vivre cette aventure et d’aller jusqu’au bout de cette expérience. »


« Tout comme le roman, le film a rencontré le scepticisme dans certains milieux en Egypte. Il a même été interdit par quelques membres du Parlement qui ont manifesté l’envie de le censurer. Mais le parlement n’a aucun droit sur mon film. »

« Puisque le gouvernement m’a permis de sortir le film, cette instance ne possède aucune autorité. Ces remarques n’ont pas été prises en considération. Ils ont fini par comprendre que la censure artistique n’est plus de notre temps. Après tout ce n’est qu’une fiction. »

« En faisant ce film mon but n’était pas de séduire. Si j’ai choisi d’abord d’adapter ce roman sur le grand écran et à ma manière, ce n’est pas pour qu’on dise que j’étais courageux ou il a osé. L’important dans tout cela, c’est que j’ai voulu mettre l’accent sur l’aspect dramatique de l’histoire de cet immeuble si bien racontée par Alaa El Aswanay. Ce dernier s’est basé sur des faits réels. A mon tour, j’ai voulu être fidèle à la force des caractères telle que je l’ai ressentie en lisant le roman. » 


« Chaque réalisateur a sa propre façon de faire aboutir son idée cinématographique. En ce qui me concerne, j’ai voulu dès le départ faire ce qu’on appelle un Actor’s movie, un film d’acteurs. La force du film est basée d’abord et avant tout sur la force des personnages. »

Aujourd’hui Le  Maroc (entretien réalisé par Qods Chabâa : 07/12/2006)


Propos de Hind Sabry

Hind Sabry, jeune actrice tunisienne, vit en Egypte depuis une dizaine d’années. Elle  interprète dans le film le rôle de Boussaïna. On a pu la voir dans deux films de Moufida Tlati, Les Silences du palais et La Saison des hommes.

« Depuis une bonne vingtaine d’années, le système est plongé dans une profonde léthargie. 80% des productions sont des comédies légères, très commerciales qui ne reflètent pas du tout la réalité de la rue égyptienne. »

« Le film est une gifle dont l’Egypte et le monde arabe ont bien besoin. Il crée un vrai choc au sein d’une société qui avait oublié, ou feint d’oublier, qu’elle allait mal. Evidemment, dans un premier temps, la société ne le prend pas bien mais, petit à petit, les gens commencent à réfléchir et à se poser des questions. Ainsi que j’ai pris l’habitude de le dire aux journalistes égyptiens, si on vous tend un miroir et que le reflet ne vous plaît pas, ce n’est pas la faute du miroir... »

Entretien :

Le Monde : 23/08/2006»