L'important c'est de rester vivant extraits critiques

EXTRAITS CRITIQUES

SYNOPSIS

Roshane Saidnattar, rescapée des camps de la mort au Cambodge, rencontre le chef théoricien du pouvoir Khmer Rouge, Khieu Samphân. Face au déni que s’exprime en toute sérénité de ce théoricien de Pol Pot, la réalisatrice et sa mère retournent au Cambodge et retrouvent la force de parler.  L’Important c’est de rester vivant  entremêle les souvenirs de la réalisatrice, le témoignage de sa mère ainsi que des archives inédites, le tout mis en parallèle avec l’entretien exceptionnel avec Khieu Samphân.
Ce film porte un regard, qui par sa résonance intime, nous dévoile une part de la folie qui a dévasté un peuple entier.

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Le 27 juin dernier, s’est ouvert à Phom Penh, au sein du Tribunal spécial pour les Khmers rouges (TKR) le procès des quatre anciens dirigeants du régime  khmer rouge, responsable de la mort d’au moins 1,7 millions de personnes entre avril 1975 et janvier 1979, période que les cambodgiens appellent « les trois ans, quatre mois dix jours ».  Nun Chea, « frère numéro deux » et ancien bras droit de Pol Pot,  Khieu Samphan, ancien président du Kampuchea démocratique, Ieng Sary, ex-ministre des affaires étrangères et son épouse Ieng Thirith, ex-ministre des affaires sociales sont accusés, entre autres charges, de  « crimes de guerre », de « crimes contre l’humanité  » et de « génocide » en ce qui concerne quelques minorités ethniques.  En juillet 2010 le tribunal condamnait Douch, ancien responsable du centre de torture S 21 où périrent  12 380 personnes, à 35 ans de prison, peine réduite par la suite à 19 ans. En mai 2008, l’association, à l’occasion d’une journée consacrée  au Cambodge et au réalisateur Rithy Pahn, avait programmé Les Gens de la rizière, Un soir après la guerre,  et son documentaire, S21, La machine de mort khmère rouge.

 

« Cette œuvre nous parle au cœur, parce que Roshane Saidnattar a fait preuve d’un courage exceptionnel. Elle brise la mer gelée en nous et rompt de manière singulière le silence de la Communauté internationale à l’égard d’une des plus grandes tragédies du XXème siècle.
La présence de trois générations de femmes rend compte du décalage entre le temps du récit et le temps de l’événement. Leur silence, leur dignité, leur sagesse, leur souffrance intérieure provoquent une émotion qui a gagné le jury et qui fut particulièrement perceptible durant la projection. »

Allocution (extrait) prononcée lors de la remise du prix du jury et du prix des jeunes réalisateurs (catégorie documentaire) à PESSAC le 16/11/2009

Roshane  SAIDNATTAR

« Souvent je priais pour qu’une pluie de fleurs tombe à la place des bombes, comme les pétales de Phkar Champey, fleurs des Apsaras que les divinités lancent sut terre pour fêter la nouvelle année. » Roshane S.

Roshane Saidnattar est née en 1970 à Phnom Penh d’une mère Cambodgienne et d’un père métissé indien. Après avoir traversé trois guerres successives dans son pays (les bombardements des Américains, le génocide khmer rouge et l’occupation de l’armée vietnamienne), elle s’enfuit du Cambodge. A l’âge de 13 ans, Roshane est arrivée en France, le pays qui lui a fait découvrir le sens de la liberté et du droit. Sa soif de s’exprimer au-delà des mots l’a guidée vers le métier de réalisation cinématographique. Elle a étudié le Khmer ancien, donc la civilisation angkorienne et la littérature comparée, à l’EFEO (Ecole française d’extrême orient) de Paris. C’est en 1991, alors qu’elle est en première année d’études de cinéma, que Roshane commence à travailler sur un plateau de tournage de film à Paris. Puis, en parallèle de ses études, elle n’a eu de cesse d’enchaîner les expériences sur les plateaux de tournage (notamment pour Jean-Jacques Annaud, Bertrand Tavernier et Rithy Panh). Elle a également été journaliste-chroniqueur de radio pour RFI section cambodgienne. Après avoir obtenu son diplôme de réalisation en 1998, Roshane retourne vivre dans son pays natal, pensant ne plus jamais le quitter. Là-bas, elle travaille comme journaliste à la télévision locale, TVK. Mais l’instabilité politique et la place de la femme dans la société cambodgienne ne lui permettent pas de se consacrer de manière pleine et entière au métier de cinéaste. Roshane décide donc de retourner en France pour pouvoir réaliser librement des films. Elle a aujourd’hui à son actif quatre documentaires et un court-métrage. L’Important, c’est de Rester Vivant est son premier long-métrage.

Yasmine CHOUAKI (RFI ; 19/11/2010)