L'important c'est de rester vivant synopsis
L'important c'est de rester vivant propos réalisatrice

Synopsis

EXTRAITS CRITIQUES

 

 

« Avec talent, la cinéaste entremêle plusieurs fils narratifs : ses souvenirs d’enfance en pleine tourmente sont   «reconstitués » avec sensibilité, sans pathos ni maniérisme esthétique (hormis une inutile séquence onirique avec un tigre), et ils s’intègrent sans mal dans l’approche documentaire. Et surtout, elle se met en scène elle-même, retournant au Cambodge en compagnie de sa mère et de sa propre fille (qui a à peu près l’âge de Roshane au moment des atrocités). Il en résulte un bouleversant passage où la mère, jusqu’ici plus ou moins murée dans le silence ou le refoulement de la mémoire, revoir la famille de ses anciens tortionnaires, avec une révélation confiée par une femme de son âge (et concernant un oncle de la réalisatrice) renvoyant soudain dos-à-dos, en un vertigineux « coup de théâtre », bourreaux et victimes. Quand un documentaire atteint cette puissance et cette acuité de regard, la leçon d’histoire fait place à une leçon de cinéma. » X.T. (Positif N° 584 septembre 2009)

« Un montage simple et sans fioriture, laissant apparaître la symbolique de l'échelle des plans et du mouvement de la caméra. Car à part la grande maîtrise dont fait part Roshane Saidnattar par rapport au sujet qu'elle traite, force est de constater qu'elle manie avec beaucoup d'intelligence les techniques cinématographiques, sans en abuser outre mesure. Son documentaire est un témoignage émouvant qui ne tire pas vers la gratuité lacrymale. Elle réussit ainsi le dur pari d'informer sans tendre du côté de l'apitoiement excessif et outrancier. Personnel et confidentiel, L'important, c'est de rester vivant  l'est aussi dans son titre. Car c'est grâce à cette phrase, prononcée par sa mère au pire moment des massacres, que la petite Roshane a pu devenir grande. »
Géraldine Pioud (Cinemovie)

« La démarche de Roshane ne cherche pas à démontrer comme le font souvent les documentaires, mais à nous faire comprendre et ressentir une partie de son expérience. Elle rend compte de la complexité de sa résistance : une perspective personnelle, un questionnement sur la fonction d’un documentaire, et une démarche artistique. » Geneviève Welsh (Actes du colloque de Cerisy : juillet 2008)

« La douce voix off de R. Saidnattar évoque le martyr subi par les siens, par sa mère et par elle, alors enfant. Des images en noir et blanc, terribles, reconstituent ce qu’il fut. Un noir et blanc nécessaire : R. Saidnattar rappelle que le régime était allé jusqu’à interdire le port de vêtements de couleur. Comme étaient interdits les médicaments, les écoles, les relations sentimentales. D’autres images  contemporaines montrent la réalisatrice avec sa mère et sa fille : « Nous, trois femmes, nous ne constituons qu’une seule vie ; un passé qui est détruit, un présent qui résiste et le futur, l’enfant de l’espoir ».

L’Annuel du cinéma 2009

« L'on sait à quel point, s'agissant d'un " auto-génocide ", les témoignages sont difficiles. Celui-ci tire sa force particulière de la dialectique qui fonde le film. D'un côté, les dénégations d'un monstre froid titulaire d'une thèse d'économie à la Sorbonne, qui s'inquiète de la récolte du soja et prétend avoir  ignoré l'existence du crime dont il était pourtant l'un des concepteurs idéologiques. De l'autre, l'émotion et la catharsis du retour des victimes sur les lieux de ce crime, d'autant plus intenses que la fille de la réalisatrice a aujourd'hui le même âge que sa mère au moment où on la spolia de son enfance.

Ce n'est pas cependant la seule vertu du film : par de nombreuses archives inédites ainsi que par la nature de son commentaire basé sur des souvenirs très concrets de la vie quotidienne (haine viscérale de la culture, retour à la pureté paysanne, famine organisée…) celui-ci donne à comprendre la nature délirante d'un régime mortifère conçu pour dévorer ses semblables. »

 

Jacques Mandelbaum (Le Monde 25/08/2009)

Propos de la réalisatrice