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Extraits critiques 2


« S’il fallait ne garder qu’un film de Griffith, qui serait aussi à nos yeux un des plus beaux films du cinéma muet, et, par son écriture, un des plus modernes, ce serait Le Lys brisé, où s’exprime de façon si pure ce don de transfiguration poétique du réel que nous retrouvons chez un Borzage, un Flaherty, un Chaplin… Inspiré par Lilian Gish, ici comme dans A travers l’orage et Le Pauvre amour, Grifftih a composé une mise en scène d’une transparence, d’une dignité plastique qui hausse le film au rang des œuvres les plus profondément spirituelles de l’histoire du cinéma. »

Henri Agel (Les Grands cinéastes ; 1959)

« Jamais peut-être à l’écran lyrisme et réalisme ne se sont trouvés aussi intimement liés. Un critique français avait parlé à l’époque du « goût du malheur » chez Griffith, qu’il qualifiait de « voluptueux de la compassion ». Et effectivement, c’est toute l’essence, toute l’ambigüité presque pathologique du mélodrame qui se trouve concentrée dans ce modèle du genre qui n’a jamais été égalé : la pitié s’y mêle au sadisme, l’émotion de sexualité refoulée, le sens du sacrifice de masochisme, l’innocence de l’obsession de la destruction, la beauté de souffrance... »

Guy Braucourt (Ecran 73)

« Griffith fut le véritable instigateur d'une révolution esthétique radicale, qui libéra notamment le cinéma d'un cadre théâtral qui l'étouffait en laissant à la caméra un rôle actif, lui permettant d'intervenir dans le spectacle. C'est à lui qu'on doit notamment l'utilisation du gros plan à des fins expressives. S'il ne fut pas l'inventeur de tous les procédés techniques dont allaient se servir les cinéastes, du moins fut-il l'ardent propagandiste du découpage filmique. Combinaison de plans, changements d'angles de la caméra, travellings, panoramiques, montage parallèle, bref toute la base du cinéma moderne fut utilisée par Griffith avec brio. larousse.fr

« Ce qu’il a réussi à faire, personne ne l’avait réalisé avant lui. Quand on se penche attentivement sur son œuvre, on a l’impression d’assister à la genèse d’un chant ou à la première utilisation consciente du levier ou de la roue, d’être témoin de l’apparition, de l’organisation et des débuts du langage et de la naissance d’un art. »

James AGEE

« Pionner, précurseur toujours plus exigeant, Griffith est en même temps un auteur dont le style atteint, dès ses premiers courts-métrages, la perfection. Son lyrisme, son sens de la nature, sa tendresse pour les êtres isolés et en marge de la société et la beauté de sa direction d’acteurs rendent son œuvre inoubliable. »

Patrick Brion : Dictionnaire du cinéma

« Il a créé  le cinéma tout seul, de façon artisanale. Faites-vous projeter des films de 1900 et regardez ce qu'ils étaient, puis regardez les siens, et vous commencerez à comprendre ce qu'il a fait avec la caméra. Et avec les acteurs. D'autres ont suivi, mais il est celui qui a donné aux films leur forme et leur grammaire. »

Lilian Gish (Films and filming, janvier 1970)