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EXTRAITS CRITIQUES

 

« Le Lys brisé  fut un cantique à la jeunesse et au talent de Lilian Gish. La frêle actrice fut inoubliable dans la scène où, traquée par son bourreau, elle tourne dans le piège étroit d’un placard, l’effroi courbant son dos, crispant ses mains gracieuses et légères. Un montage rigoureux servit cet épisode célèbre que teintait un certain sadisme puritain. La photographie enveloppée, douce, envoûtante, jouait avec bonheur du flou artistique... »

Georges Sadoul : Histoire mondial du cinéma Flammarion

 

« Le Lys brisé est tout à la fois l’un des plus beaux et des plus purs films de Griffith et l’un des chefs d’œuvre de l’art muet hollywoodien. Le génie de Griffith, la tendresse qu’il porte à ses personnages et la perfection de sa mise en scène éclatent tout au long de ce drame humain dans lequel l’auteur de La Naissance d’une nation et d’Intolérance dirige son actrice d’élection, Lilian Gish. La splendeur des scènes entre celle-ci est Richard Barthelbess et leur bouleversante simplicité sont aussi révélatrices du génie de Griffith que la manière avec laquelle ce dernier cherche à échapper à toutes les conventions techniques de l’époque, jouant notamment avec le cadre délimité par l’objectif de sa caméra, comme si celui-ci le gênait dans sa bouillonnante création. »

André Moreau (Télérama février ; 1986)

« Si l’image clé du Lys brisé, la plus universellement répandue, est ce plan moyen où Richard Barthelmess triste et frileux, le regard baissé, attend on ne sait quoi, attend sans attendre, debout contre un mur de briques grossièrement maçonnée, entre une porte fermée et l’angle de la rue, c’est pour la raison que l’exil est le thème foncier du film. Chacun y est exclu du royaume de l’homme, et Battling Burrows le premier. Monde écrasé, peuplé de victimes, refoulé dans les marges, dans les bas-fonds. Mais qui les écrase ? D’évidence ceux qu’on ne voit jamais dans ces bas-fonds… C’est cette image griffithienne de l’exil, avec ses résonnances multiples, qui va susciter la postérité la plus considérable, l’innombrable lignée des films d’atmosphère, des destins perdus dans les brumes des ports, des épaves humaines rédimées par un dernier amour, - de Cœur fidèle à Anna Christie, de Loulou au Quai des brumes, de L’Opéra de quat’sous à L’Ange bleu, des Damnés de l’océan à Pépé le Moko, de Morocco au Long voyage... »

Barthélémy Amengual (L’Avant-scène cinéma  No 302)

« Le plus célèbre des mélodrames de Griffith...il  y a quelque chose de shakespearien dans cette intrigue qui s’achève avec l’élimination de tous les protagonistes, qui transforme la douceur, la tendresse de certains personnages en révolte et en violence. Le Chinois venu enseigner la non-violence en Occident, devient ainsi un justicier et un assassin. De même, le style de Griffith subit, ou plutôt accomplit volontairement une telle métamorphose. Sa douceur élégiaque un peu frêle se transforme inexorablement en un véritable cri de rage barbare contre l’hypocrisie et la cruauté de la ‘’civilisation’’. »

Jacques Lourcelles (Dictionnaire du cinéma - Bouquins)

 

« Ce film où le descriptif est sans cesse subordonné à l’expressif, est le chef-d’œuvre classique de Griffith, le premier en date du cinéma mondial. Sous les dehors d’un mélodrame devenu poème, incantation, cantilène, il a l’implacable rigueur d’une tragédie antique. La vision des choses y est enfermée dans un décor idéal, un décor qui cerne les personnages, enclot le drame, précipite les évènements comme s’il les déterminait et les exprimait tout à la fois, sa misérable et froide rigueur, sa détresse sordide étant à l’image de la détresse des âmes qui s’y meuvent, qui respirent les brumes blafardes tombant sur les quais de Limehouse. »

Jean Mitry (Histoire du cinéma ; tome 2 (1915-1925)

Synopsis