Les_eclats_extraits_critiques

Après des études de philosophie, Sylvain George réalise des films-essais poétiques, politiques et expérimentaux, notamment sur la thématique de l’immigration. Son travail, influencé par la pensée de Walter Benjamin, placé sous le signe du réveil et de l’émancipation, allie recherche formelle exigeante et engagement militant. Il réalise aussi bien des ciné-tracts radicaux (la série des Contre-feux) au service de collectifs informels ou de sans-papiers, que des films plus personnels, engagés contre les politiques iniques qui traversent et modèlent notre société.

Filmographie :


2012 : Les Eclats, (Ma gueule, ma révolte, mon nom).
2010 : L'Impossible Pages arrachées.
Qu'ils reposent en révolte

2009 : Je brûle comme il faut !
On ne te tuera pas plus que si tu étais cadavre
Nuits polaires
2005 : N'entre pas sans violence dans la nuit
No Border

Sylvain GEORGE

«Poésie et politique sont intrinsèquement liés.»

Extraits critiques

SYNOPSIS


Eclats de voix, éclats de rire, éclats de rage ; bribes de mots, d’images et de mémoire ; paroles du proche et du lointain, d’hier et d’aujourd’hui, d’Afrique, Moyen-Orient, Europe ; maladies disparues, mains de métal, souffle du vent, geste du soleil au couchant, reflets rouge-sang ; rafles policières, cortèges guerriers, cour d’injustice... Pour une cartographie de la violence infligées aux personnes migrantes, de la répétition de la geste coloniale, et du caractère inacceptable du “monde comme il va”.


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«Les Eclats est un deuxième film réalisé sur Calais après Qu’ils reposent en révolte (Des figures de guerres I), à partir de matériaux inédits tournés à la même époque que ce dernier film ou plus récemment ?

Ce film devait être réalisé. Il n’y avait pas vraiment d’autres choix possible. En raison d’évènements, de situations et de sujets extrêmement importants que j’avais pu rencontrer et filmer d’une part. Le fait que les « matériaux » qui constituent ce film n’aient pas trouvé place dans le film précédent, ne signifient pas pour autant qu’ils soient moins importants que les autres. Il s’agit principalement d’une question de construction narrative, d’équilibre.Le montage d’un film dépend réellement du moment et de l’état d’esprit dans lequel on peut se trouver au moment où il est réalisé. Et pour ce film-ci je pensais pouvoir aller dans une voie que je n’avais pas empruntée avec Qu’ils reposent en révolte et qui me paraissait intéressante.
En raison d'engagements que j'avais pu contracter à l'endroit de certaines personnes en second lieu. Plusieurs personnes en effet, et notamment ces jeunes gens que l'on voit dans la jungle et qui délivrent un véritable cours de géopolitique à la fin du film, m'avaient dit que l'on ne me laisserait jamais montrer leur image, entendre leur témoignage dans un film. Je m'étais engagé vis-à-vis d'eux à ce que cela soit.

Il n’est peut-être pas très orthodoxe de faire un deuxième film sur un même lieu, avec parfois les mêmes personnes, mais le film s’est imposé. Je crois qu’il faut aller au bout de sa démarche et de son engagement, faire ce qui nous parait le plus juste. Et en définitive il est très différent du premier bien qu’il dialogue étroitement avec celui-ci.

Le film réalisé, son parcours dans les festivals a débuté, il a été magnifiquement accueilli et  il a remporté des prix. Je pensais en rester là, et poursuivre le travail sur l’immigration et les mouvements sociaux dont Qu’ils reposent en révolte, constitue le premier opus, mais nombre de personnes m’ont encouragé à ce que Les Eclats  sorte aussi en salle.

D’autant que la situation à Calais n’a absolument pas évolué, tout comme les situations auxquelles le film peut faire écho ailleurs en Europe ou dans le monde. La sortie de ce film est une façon encore et toujours de parler de la situation actuelle en matière d’immigration et de politique.

En terme économique, comme la réalisation de ce film n’était pas du tout prévue, il a fallu évidemment trouver des solutions pour lui donner droit à l’existence. Mais je ne ferais pas de ces questions de budget un argument marketing...

Il suffit peut-être de dire que la méthode de travail, l’énergie déployée, sont proches de l’esprit du free-jazz ou du punk.»


Entretien avec Sylvain George par Eugenio Renzi

Groupement National des cinémas de recherche