Lola_Extraits_critiques

« Lola » signifie « grand-mère » en Tagalog. Les Philippins sont très respectueux de leurs aînés, particulièrement des grands-parents. Le respect des personnes âgées est quelque chose dont les Philippins peuvent être fiers, aujourd’hui et pour les années à venir. Les grands-parents jouent un rôle majeur dans la famille philippine. On sait que les Philippins tissent des liens étroits à l’intérieur de leur famille. Quand les parents ne sont pas là, les enfants sont toujours confiés aux grands-parents. D’ailleurs, ils traitent souvent leurs petits-enfants mieux que leurs propres enfants.
Dans de nombreux cas, les grands-parents dépassent même les limites du raisonnable en gâtant à l’excès leurs petits enfants. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 








LA SAISON DES PLUIES

« J’ai tourné le film en juin 2009 pendant la saison des pluies. Je tenais vraiment à ce ciel sombre et couvert, pour susciter la douleur qu’éprouvent les deux grands-mères durant tout le film. Nous avons recréé la pluie et le vent au moment du tournage. Nous ne pouvions pas dépendre des averses réelles, car les caméras et les éclairages auraient été mouillés. Sans compter le danger des câbles électriques exposés à la pluie. »


L’eau est aussi symbolique dans LOLA. A la fois, elle peut être source de vie, mais peut aussi être signe de stagnation et d’insalubrité. Nous pouvons flotter sur l’eau, mais nous pouvons aussi nous y noyer. »

DES FAITS REELS

« Le film se base sur des faits réels. J’ai situé cette histoire pendant la saison des pluies, dans un quartier de Manille en lutte contre l’adversité.  Au fond, les Philippins sont des survivants. Pour eux, l’épreuve fait partie de la vie, ils gardent toujours espoir. Ils tentent de trouver la paix et la consolation grâce à la prière. »

EXTRAITS CRITIQUES

Propos du réalisateur

« Manille fourmille de petites histoires qui interagissent entre elles, dessinant ainsi, avec une ironie tragique, la destinée de ses habitants. La joie cohabite avec le malheur le plus intense et la lutte quotidienne pour la survie, quand le sentiment religieux côtoie une forme d’immoralité. L’ironie est intimement liée au caractère ambigu et contradictoire de la vie. Je tiens à montrer ça aux spectateurs pour qu’ils aient une meilleure compréhension de ce que sont les Philippines.. Les gens y sont parfois corrompus, mais dans le même temps ils résistent. »

« Je travaille toujours avec la même équipe depuis que j’ai acheté une caméra, il y a un an. Certains membres habitent dans mon immeuble et sont salariés à l’année. Cette vie en commun nous permet d’être très réactifs. Mais si j’ai envie de filmer quelques plans, je peux aussi sortir seul dans la rue avec ma caméra. Jaime cette idée de pouvoir tourner à tout moment, sans se poser la question de la  mise en production. Je suis toujours étonné  du temps que prend la fabrication d’un film en France. Il faut développer un scénario, préparer le tournage, participer à des réunions, etc. Cela dure parfois des années. Mon producteur a compris que je ne peux pas fonctionner ainsi, je perdrais aussitôt tout intérêt, sans compter mon énergie pour le projet. Donc je tourne vite, d’autant que je n’ai pas de problème pour travailler avec de petits budgets. »

« Beaucoup de mes acteurs sont devenus des amis. Il est important que l’aventure continue une fois le film terminé. C’est aussi tout l’avantage de rester fidèle au réel. Le film doit être un reflet de la réalité, de mes sentiments sur cette réalité et des gens que je croise et filme. Je tiens à rester simple. Je ne suis pas le sauveur du cinéma philippin. Je veux juste faire des films humblement, en restant fidèle à ceux que je filme. »

Propos recueillis par Jean-Sébastien Chauvin pour les Cahiers du cinéma : Paris le 19 janvier 2010