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EXTRAITS CRITIQUES


« Avec ce nouveau film, préférant les temps morts aux temps forts, Mendoza ne cherche plus l’effet facile (John John) ni la violence glauque (Kinatay). Il maîtrise même de plus en plus son outil, mélangeant avec bonheur acteurs et non professionnels, à l’instar des néoréalistes italiens. Il suit pas à pas, sans se presser, caméra à l’épaule, ses deux actrices octogénaires (Lola veut dire grand-mère dans l’étonnante langue des Philippines, mêlant racines anglo-américaines, espagnoles et asiatiques). Avec patience, Mendoza montre la lutte quotidienne de ces deux Grands-mères Courage. Et par leurs gestes anodins et procéduriers, celles-ci forcent le respect, faisant jaillir la vie au milieu du chaos. Alors, le spectateur pourra être emporté par ce film profondément humain, qui sous des dehors documentaires, se construit comme une allégorie méticuleuse...Porté par deux comédiennes impressionnantes, Lola est une œuvre frontale et d’une poésie saisissante.»

Michel Berjon (Annuel du cinéma 2011)

 

« Mendoza s’intéresse ici donc bien aux personnages, et aux parcours de ces deux vieilles femmes avec une volonté de filmer au plus près des acteurs. En résulte un style volontairement heurté, avec à-coups dans le cadre, tremblements, comme si la caméra épousait les souffrances corporelles d’une dame âgée. Mais ceci est contrebalancé par le bel éclat du film, qui tient en grande partie à la présence d’enfants, qui accompagnent et assistent nos deux « lola » tout au long du film. Ceux-ci sont à l’origine d’heureux accidents qui viennent apporter spontanéité et fraicheur : des regards caméra impromptus, des circulations fortuites à l’intérieur du cadre qui forcent Mendoza à céder du terrain sur le plan de la mise en place technique. La turbulence des enfants apporte une certaine forme d’indécision, de doute sur ce qu’il faut filmer, et le film y gagne finalement en immersion dans la réalité philippine. » Julien Marsa (Critikat.com)














« Un peuple que tout accable : voilà ce que filme Brillante Mendoza, l'un des cinéastes contemporains les plus doués. Tout, dans Lola, est illustration de l'inlassable énergie déployée par les petites gens des Philippines pour résister aux maux dont ils sont les victimes, survivre, triompher des épreuves qui leur sont imposées...Les tracas sont multiples : misère, tracas administratifs, bureaucratie, délinquance, tempêtes et pluies. Le quartier Malabon, à Manille, où se déroule l'histoire, est inondé toute l'année. Certaines maisons ne sont accessibles qu'en barque. Le cinéma de Mendoza est hanté par cette ambivalence de l'eau, source de vie en même temps que signe d'insalubrité...Loin de la violence qui lui fut reprochée dans Serbis et Kinatay, et tournant comme toujours caméra à l'épaule, imbibé par la fièvre de la rue, avec une inégalable dextérité, Brillante Mendoza signe une chronique d'une impressionnante humanité. » Jean-Luc Douin (Le Monde : 05/05/2010)

 

« Si tout est action dans Lola, défense du corps familial, lutte pour la survie, il y a dans le même temps une sorte de passivité morale, d’absence de probité des personnages et du système social qui dessine une terrifiante image de la société plongée dans un état de barbarie quotidien… Qu’on ne s’y trompe pas. Celles qui dans l’imaginaire populaire représentent la sagesse des ans (et qui, hors du film, sont par ailleurs des monstres sacrés, des actrices renommées dans leur pays) ressemblent moins aux vieillards espiègles d’un Miyazaki qu’à deux infatigables lutteuses, dont l’une d’elles est absolument sans merci. Corps frêles, mais volontés implacables, mental d’acier tapi derrière la fragilité du vivant, rouerie politique dissimulée sous l’écorce de grand-mères modèles. Ici, les êtres les plus chétifs y sont aussi, paradoxalement, les plus résistants. »

Jean-Sébastien Chauvin (Cahiers du cinéma N° 656 ; mai 2010)

« Rares sont les cinéastes qui maîtrisent à ce point l’art de faire fusionner la réalité documentaire et la fiction narrative. Avec sa bande-son inondée des bruits de la ville, Mendoza nous immerge dans le cœur pulsant de Manille, dont la misère infuse sous la pluie diluvienne… Mendoza, qui s’impose ici comme un maître de la peinture à l’eau de pluie, nous offre, sur fond de misère lacustre, des images mouvantes qui sont autant de toiles détrempées, accrochées à jamais à nos mémoires. » Alain Spira (Paris Match : mai 2010)

SYNOPSIS

PROPOS DU REALISATEUR

«Tout se déroule ici sous des pluies diluviennes et un vent de typhon tropical, balayant les détritus des villes qui volent en tous sens tandis que les gens du quartier perpétuellement inondé de Malabon se déplacent en barque entre leurs masures les pieds dans l’eau marron. Mendoza a l’art de créer une atmosphère d’irréalité cauchemardesque à partir d’éléments très prosaïques. C’est comme s’il n’en revenait toujours pas de l’extrême précarité de la grande majorité de ces concitoyens et du bordel effréné régnant dans ce qui est censé tenir lieu de zone de droit.» Didier Perron (Libération : 05/05/2010)