A Swedish Love Story_Extraits critiques

EXTRAITS CRITIQUES

Synopsis


En marge du monde des adultes prisonniers de leurs conventions et de leur mélancolie, Pär et Annica, avec l'ingénuité et la fraîcheur de leurs 15 ans, découvrent simplement l'envie et le bonheur d'aimer.

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Le nouveau du cinéma suédois


      « Fidèles à la tradition auteuriste initiée par Ingmar Bergman, la plupart des cinéastes suédois mettent aujourd'hui un point d'honneur à créer des œuvres personnelles, plus à même de leur ressembler. Roy Andersson, connu pour ses fresques socio-humanistes, illustre bien cet attachement à la liberté d'inventer. Suite au succès de son premier film Une histoire d'amour suédoise, la tentation - principalement commerciale - d'un second volet se fait sentir. Or c'est précisément à ce moment-là que le cinéaste se tourne vers un style moins conventionnel, celui-là même qui fait désormais sa réputation. Alors que Bergman décrivait avec finesse les méandres de l'âme, ses remplaçants, comme Andersson, se plaisent à décortiquer celle de la société suédoise.

      « Si le cinéma suédois devait se résumer par une philosophie ? Je dirais l'existentialisme, en tout cas pour une grande part." la réponse de Ruben Östlund n'a rien d'anodin. Son film Happy Sweden (2009) en est la preuve. Satire glaciale dénonçant l'individu obnubilé par ce que les autres pensent de lui, l'œuvre témoigne totalement de la vision existentialiste de son auteur. Le cinéaste pointe du doigt un monde où chacun, quel qu'il soit, est toujours maître de ses décisions, de ses actes et de sa destinée. Chez Roy Andersson, particulièrement dans Chansons du deuxième étage et Nous, les vivants la conception sous-jacente est similaire. Portraitiste social au pinceau satirique, c'est lui qui est à l'origine de la traduction de cette philosophie à l'écran. Mosaïques humaines, personnages anonymes, ancrage profond dans le quotidien, la pensée existentialiste au cinéma s'exprime régulièrement au travers de la société suédoise.

      L'absurdité décrite par les cinéastes s'exprime le plus souvent dans une atmosphère glaciale. Mais au milieu de ce monde aseptisé, la dérision comme la poésie viennent habiller la brutalité des images. "Le mélange d'humour et d'horreur n'est pas typiquement suédois, mais typiquement existentiel, la vie est comme ça." Qu'ils soient fixes ou mobiles, les plans s'imprègnent aussi d'une aura esthétique incomparable, à la manière de tableaux vivants. La distance imperturbable avec laquelle les réalisateurs suédois observent leurs congénères, sidère et amuse à la fois. Certains, comme Roy Andersson, ajoutent à l'ensemble leur touche surréaliste, histoire de troubler un peu plus l'image que l'humanité a d'elle-même, et de faire ressortir ses contradictions. Qu'elle donne dans l'épouvante, la drôlerie ou la rêverie, la nouvelle vague suédoise affiche sans détour son exigence picturale et son anticonformisme. »

Laurence Gramard : Evene.fr (avril 2009)

ROY

 ANDERSSON

      « Roy Andersson n’a que 27 ans lorsqu’il réalise en 1970 Une histoire d’amour suédoise. Tournée en plans larges et en son direct, avec un minimum de dialogues, cette histoire d’amour entre deux adolescents s’inscrit comme un bijou de cinéma naturaliste. Considéré à raison comme cinéaste des plus prometteurs, Andersson tourne cinq ans plus tard Giliap, mettant en scène un garçon de café mélancolique entraîné dans une étrange aventure avec sa nouvelle petite amie. Malheureusement, la critique éreinte le film en condamnant le recours aux plans fixes. Ebranlé, Andersson se réfugie dans la publicité : Ingmar Bergman déclarera d’ailleurs qu’il est le meilleur réalisateur de pubs au monde. En 1987, alors qu’explose l’épidémie de sida, le cinéaste reçoit une commande du ministère de la santé suédois. Andersson, qui n’a jamais caché son admiration pour le peintre allemand Otto Dix, illustre alors en 24 tableaux aussi absurdes que géniaux les origines de la maladie et ses répercussions dans le monde. Cependant, le ministère juge l’œuvre trop subversive et la désavoue : le tournage est même interrompu. Ce n’est que quelques années plus tard que Quelque chose est arrivé sera présenté intégralement et décrochera plusieurs prix prestigieux. La projection de ce percutant court-métrage sera suivie de Monde de gloire (1991) qui trace en 15 tableaux fixes, tantôt cauchemardesques, tantôt tragi-comiques, la banale existence d’un homme d’une quarantaine d’années qui regarde le spectateur dans le blanc des yeux. Cette fois, Andersson a trouvé son style, loin du cinéma narratif traditionnel. Vingt-cinq ans après Giliap, Andersson revient en force en 2000 avec une œuvre apocalyptique de 46 plans-séquences mémorables qui donnent froid dans le dos. Inspiré d’un poème de Cesar Vallejo, Chansons du deuxième étage s’impose par son surréalisme lugubre, son cynisme sombre et, une fois de plus dans la carrière d’Andersson, par la précision avec laquelle chaque plan est composé : le film remporte le prix du Jury au festival de Cannes. En 2007, Nous, les vivants, présenté dans la sélection Un certain regard à Cannes, poursuit l’exploration de la solitude inhérente à la condition humaine. Révélant nos turpitudes, Andersson n’a jamais dépeint la société moderne avec autant de désespoir et d’humour noir à la fois. Pourvu qu’il ne laisse pas passer dix ans avant de nous régaler d’une de ses œuvres terriblement nécessaires dont il a le secret ! »

Solaris film