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Les Naufragés de l’espace



« La réalité -  le vol manqué d’Apollo XIII - donne toute sa valeur au film de John Sturges, film remarquable qui n’a guère connu de carrière, peut être à cause de son côté documentaire déjà trop dévoilé par la télévision et qui a rebuté le public. Peut être aussi parce que cette fameuse ‘’réalité spatiale’’, après tant de succès, fait que le suspense n’est plus reçu par un spectateur qui a déjà tout vu et qui reste persuadé, non de l’happy-end normale, mais de la sécurité des astronautes. Cela écrit, Marooned est un très bon film, réalisé avec un souci de vérité et d’authenticité technique qui donne une allure de reportage à une grande partie de l’ouvrage : John Sturges s’attarde aux détails techniques, explique, montre, démontre même parfois avec un luxe de précisions qui donne un rythme extrêmement lent. »

Guy Allombert  (La Saison cinématographique 1970)

 

«  L’actualité vient de donner à ce film une confirmation spectaculaire. Bien que la psychologie du film nous révèle des personnages moins bien trempés que dans la réalité, ce récit qui était presque de la science-fiction se change brusquement en exposé scientifique très réaliste. C’est d’ailleurs un mouvement général de la science-fiction actuel que de se vider de tout contenu fictif. John Sturges, au talent souple et un peu académique, est tout à fait à l’aise dans ce genre de sujet qui réclame de l’austérité, de la minutie et un grand esprit de sérieux. Assez passionnant dans tous ces rebondissements, ce film mérite d’être regardé avec attention. »

Fiches du cinéma 1971

Une hypothèse réaliste


Le principal péril qu’offrent les vols spatiaux tient à une défaillance, toujours possible, du matériel. Qu’une partie de l’appareillage vienne à ne pas fonctionner et la mission est vouée à l’échec, l’équipage condamné. Que, par exemple le moteur permettant de « décrocher » de l’orbite et de revenir sur la terre ne fonctionne pas et voilà tout un groupe d’astronautes condamnés à une agonie lente. Une mort dont, au sol, on peut suivre tous les détails. C’est ce fait qui a constitué l’hypothèse de base du réalisateur des Naufragés de l’espace. Ce film, donc, est réaliste. Il s’écarte d’entrée de jeu de la science-fiction. Ce qu’il décrit peut arriver. Mieux, il est étonnant que cela ne soit pas déjà arrivé. Ce même souci de rester, si l’on ose dire, terre à terre a prévalu dans la description de la salle de contrôle d’où le vol que dépeint le film est suivi minute par minute.

Si dans les vols spatiaux, les astronautes tiennent, et cela est bien normal, la vedette, leur exploit relèverait de l’impossible s’il n’était, pas à pas, suivi par des hommes qui, au sol, sont toujours prêts à les épauler. Sans le secours et l’esprit d’initiative d’un de ces contrôleurs, la première tentative de débarquement sur la lune en juillet dernier se serait soldée par un échec… Ce qui est donc le rôle, durant une expérience spatiale, de ce « control room », ce qu’est l’attention qui y règne, le film le rend excellemment. »

N. V. (Le Monde 14/03/1970)

Extraits critiques