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Propos du Réalisateur

«Si aimer, c’est aimer quelqu’un de formidable, c’est un peu fastoche. »

Le point de départ du film, c'est Camille, le personnage féminin, explique Jacques Doillon : "C'est elle qui était centrale. Même si ses contours étaient un peu indistincts. C'est d'ailleurs parce qu'elle était assez floue qu'elle m'intéressait : je ne peux travailler sur un scénario que si je n'y vois pas trop clair, lorsque je suis intrigué par quelque chose ou quelqu'un qui m'échappe en partie (...) Camille, elle, sait bien qui elle est et ce qu'elle veut. Son désir est très précis, elle l'énonce assez clairement même si elle n'est pas bien entendue (...) Camille, c'est quelqu'un que j'aime beaucoup, rien que pour elle, ça valait le coup de faire le film." Le cinéaste ajoute : "Le côté androgyne de Camille, avec des vêtements dissimulant toute féminité, convient parfaitement. Elle est une personne, une créature humaine avant d'être une femme. Tout côté sexuel un peu trop affiché aurait joué contre elle, contre le film. La rencontre avec Clémentine qui interprète Camille, a été déterminante. Clémentine pouvait faire bien vivre Camille."

Finalement, maintenant que le film est terminé, je commence à y voir des correspondances avec La Drôlesse : les deux fois, il s'agit de filles en partie agressées et qui regardent l'autre et, le regardant vraiment, le reconstituent. Oui, Camille est bien une drôlesse. De même que Costa est bien un autre petit criminel, avec la même solitude affective, la même obsession de la famille : ici il cherche sa fille là où il cherchait sa sœur, on retrouve le même rapport avec les flics, un même désir d'ailleurs de les attacher, et toujours le désir de ramener l'argent, ici au final à l'agent immobilier, le parfum autrefois, etc."

 

"Dans la plupart des films que je vois, les personnages progressent de manière linéaire pour servir l'intrigue. A l'inverse, quand je commence un scénario, il n'y a pas l'ombre d'une intrigue, il y a des débuts de personnages, des fragments de dialogues qui finissent par esquisser des personnages et en continuant d'avancer, et de s'approcher, on finit par découvrir un peu mieux ces personnages. Ils ne sont pas au service d'une action préétablie, ce sont eux qui font avancer l'intrigue."

« Les 10 ou 15 prises, ce n'est pas une éternelle répétition, c'est une recherche, une avancée vers la prise plus que satisfaisante ; et cette prise ne l'est que par les cheminements et le travail de toutes les prises précédentes... D'où l'obligation pour moi de tourner dans la chronologie : on repart du point d'arrivée de la scène précédente et même si les dialogues ne changent pas, on peut se retrouver avec une scène assez éloignée de ce que l'on pouvait penser à la lecture du scénario."

Extraits critiques