Propos_dewever

Propos de Jean Dewever


Nous remercions la revue Critikat.com de nous avoir autorisé à publier des extraits de l’entretien qu’elle a accordé à Jean Dewever pour la nouvelle sortie en salles des Honneurs de la guerre le 16/10/2006. Vous pouvez retrouver l’intégrale de cet interview ainsi qu’une critique du film sur leur site Internet que nous vous recommandons vivement. (www.critikat.com)


« Je ne fais pas des films engagés, ils s’engagent eux-mêmes. Je ne vends rien, j’essaie de raconter honnêtement ce que je vois. Et ainsi, j’arrive à des films honnêtes, qui ont parfois une certaine qualité, parce qu’ils vont au tréfonds des choses.

« Il faudrait presque faire un film sur la censure pour montrer que la censure est aussi inévitable que ne l’est la guerre dans Les Honneurs de la guerre. »

« Il semblerait que mes films ne soient pas montrables dans une perspective commerciale ! Ce qui est finalement curieux, car ce ne sont pas des films politiques, mais des cadres… Quand Shakespeare fait Roméo et Juliette, il ne fait pas un film politique, il utilise un cadre. On peut y voir tout ce qu’on veut, mais Shakespeare fait avant tout un spectacle. Autre exemple : La Règle du jeu, qui traite des relations entre individus, de la façon dont ce construit une société. Quand vous voyez La Règle du jeu, vous voyez la société qui a fait la guerre de 1940. Mais ce n’est pas un film politique, en fait, c’est trop politique pour l’être. C’est ce que j’ai toujours cherché. »

« C’est Renoir qui m’a donné l’ambition. Les Honneurs de la guerre, sur le plan du cinéma est de la pensée, c’est très proche de Renoir. Mais ce n’est pas la folie de Renoir, son allégresse dans l’écriture. Je suis un peu pataud, un peu classique. Dans mon film, il  y a aussi du René Clair du Million, d’A nous la liberté, du Carné de Drôle de drame, de Vigo, c’est toute la pensée anarchiste… Ces artistes ne sont pas des anarchistes dans un sens politique , mais plutôt dans la volonté d’indépendance et de liberté. Sur le plan plastique, la filiation dans mon univers est évidente : Stroheim, Murnau, Lang, Pabst... »

« Les Honneurs de la guerre est un film pacifiste. J’ai essayé de faire le premier film (enfin… à mon avis !) qui soit contre la guerre. Totalement. C’est un film contre l’armée, c’est au deuxième abord une espèce de parabole sur la paix perdue : comment on peut perdre la paix... »
Entretien : Image et son N° 144 (octobre 1961)
 
« ‘’Les héros’’ appartiennent à la mythologie de la guerre. Ils émargent à sa caisse de propagande. Ce sont les plus cons, donc les plus dangereux, les plus criminels aussi. »
 (Entretien Combat 15/06/1962)

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