Programmation_2008

Silence dans la vallée

« Les Ateliers Thomé-Génot, qui employaient 317 salariés à Nouzonville dans les Ardennes, ont été liquidés à l’automne 2006. Alors qu’ils étaient les premiers fournisseurs de pôles d’alternateurs pour les géants de l’automobile Valéo et Visteon Ford (ils fabriquaient alors 20% du marché mondial), l’irruption du capitalisme financier via leur rachat par un fonds de pension US (la société américaine de consultants Catalina, qui fait aujourd’hui l’objet d’une enquête pour malversations) a ruiné leur activité et détruit leurs emplois.
En deux décennies, toute la fonderie ardennaise a goûté à la mondialisation : d’abord le pillage du savoir-faire et des actifs, puis la mise en concurrence qui nivelle par le bas et, pour finir, c’est la collectivité qui endosse le lourd tribut de ce révoltant gâchis.
Ce sont en fait les Pinçon et Pinçon-Charlot, couple de sociologues bien connus pour leur plongée dans le milieu de la grande bourgeoisie qui, enquêtant sur les lieux dont Michel est originaire, sont venus lui proposer l’idée de ce nouveau documentaire.
Après avoir été l’un des trop rares journalistes-documentaristes à donner la parole aux ouvriers, et à les montrer au travail, Marcel Trillat passe ici de l’autre côté de la chaîne, tendant son micro aux patrons de l’ancienne vallée sidérurgique. Le résultat est édifiant, consistant bien moins à dénoncer ou alimenter une quelconque vulgate antipatrons, mais de pénétrer les représentations de celles et ceux qui étaient encore il y a peu les « maîtres des forges ». Un autre regard, « par le petit bout de la lorgnette » selon les mots du réalisateur, sur la mondialisation et ses conséquences sur le tissu social d’une communauté locale.
Avec Silence dans la vallée, Marcel Trillat complète utilement l’état des lieux de la condition ouvrière entrepris dans ses précédents films : 300 jours de colère, Les Prolos, Femmes précaires. »

Autourdu1ermai.fr

Marcel TRILLAT

De ses débuts comme journaliste stagiaire à l’ORTF en 1966, dans le prestigieux magazine d’information Cinq Colonnes à la Une, à Envoyé Spécial sur France 2, Marcel Trillat a connu toutes les époques du service public de l’audiovisuel français. Mais aussi les groupes de réalisation militants des années 1970 : la CREPAC, UNICITE, Radio Lorraine Cœur d’Acier… Marcel Trillat a arpenté la société française et les conflits internationaux sans cesser d’être fidèle à ses intérêts et à sa morale : d’abord journaliste, militant ensuite ; communiste ET démocrate, dans des temps où ça n’allait pas de soi. Cette indépendance de vues lui a valu d’être licencié en 1968 et écarté en 1986 par la droite, mis à l’index par la CGT en 1980 et placardé par la gauche en 1991… Et pourtant il tourne : parmi ses récents films, 300 jours de colère, Les Prolos et Femmes précaires ont été diffusés sur France 2.

« Gravant, pendant qu’il est encore temps, les images impressionnantes du métal en fusion, Silence dans la vallée doit tout à la "Trillat’s touch" (s’il nous permet cet anglicisme) : une empathie qui ne vire pas à la sensiblerie. Marcel Trillat sait comme personne faire accoucher ses interlocuteurs du meilleur d’eux mêmes. Ses personnages prennent chair à travers leur destin, leurs rêves et leurs désillusions. Du coup, le film n’est pas militant : il pose simplement les bonnes questions, ébranle le fatalisme ambiant. Même s’il s’apparente à l’avis de décès d’un monde englouti
Télérama.

« Un film qui a la force d’un cri de révolte contre les violences de l’ultralibéralisme, et la beauté d’un hommage à la classe ouvrière. »
Télé obs.

  

      Filmographie
      Une petite fille de sept ans, coréalisé avec Paul Renty (ORTF, 1966)
      Ce jour-là, coréalisé avec Paul Seban et Jacques Krier (Dynadia, 1967)
      1er mai à Saint-Nazaire (ORTF, 1967)
      Etranges Etrangers (CREPAC/Scopcolor, 1970)
      Travailleurs Fantômes (Envoyé Spécial, France 2, 1994-1995)
      Les Enfants de la dalle (Envoyé Spécial, France 2, 1988)
      300 jours de colère, Les Prolos (VLR productions, France 2, 2002)
      Femmes précaires (VLR productions , 2005)

En 2007, Marcel Trillat a reçu le prix de l’audiovisuel de la Société civile des auteurs multimédia (SCAM) pour l’ensemble de son œuvre.

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