Stella_Extraits_critiques

EXTRAITS CRITIQUES

Synopsis


A la fin des années 1970, Stella entre en sixième dans un grand collège parisien. Tout est neuf pour cet enfant. Elevée dans un café d'ouvriers, dans le 13e arrondissement ; elle se sent comme "le vilain petit canard", laide et ignorante parmi les autres. Progressivement, elle cherche à dépasser tous ses handicaps. En sélection au festival de Venise 2008.

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Hier, dimanche matin, projection de Stella, le troisième film de Sylvie Verheyde, à 11 heures. L’heure ayant changé dans la nuit, Sylvie Verheyde est arrivée en retard. La projection commence sans elle. Je revois le film avec un immense plaisir. Stella est un des meilleurs films français récents.

D’une incroyable justesse, sur l’enfance et le début de l’adolescence. Stella Vlaminck est le nom de l’héroïne principale. Ses parents tiennent un bistrot populaire. La fille est laissée à elle-même, lycéenne dans un établissement parisien où elle est de fait déclassée, socialement et culturellement. Stella a du mal à suivre, à s’intéresser aux cours des profs ; elle vit sa vie de jeune fille, solitaire. Elle se fait une formidable copine, prénommée Gladys (Mélissa Rodriguez, elle aussi géniale). Rousse, marrante, juive d’origine argentine. Gladys se débrouille mieux à l’école. Plus bûcheuse, elle est déléguée de sa classe. Stella a besoin de sortir d’elle-même, d’appréhender le monde, de faire confiance. En classe, elle n’écoute pas les professeurs, ne fait pas d’effort, s’enferme un univers secret. Entre elle et les autres, il y a comme une vitre. Les notes sont mauvaises. Les parents ne sont pas fiers. Sylvie Verheyde fait parler Stella en voix off, si bien que le spectateur est de plain-pied avec le personnage.

L’histoire est filmée à hauteur d’enfant, du point de vue de Stella. Les scènes de classe sont filmées de manière classique, selon les règles scolaires qu’il faut apprendre ou respecter. Les scènes familiales dans le bistrot sont tournées caméra à l’épaule, car ça chahute beaucoup dans le bistrot…

Les spectateurs, à la fin de la projection, ont applaudi. Sylvie Verheyde nous a rejoints pour une discussion amicale comme on en fait encore dans les bons ciné-clubs. J’étais heureux et fier de l’accueillir à la Cinémathèque. Des films comme le sien redonnent envie de se battre pour le cinéma. Un cinéma vrai et sincère, sans mièvrerie.

Cette jeune réalisatrice en est à son troisième long métrage. Elle n’a fait aucune école de cinéma, s’est retrouvée derrière une caméra par hasard. Plus littéraire que cinéphile, nous a-t-elle dit. Elle a joué un rôle dans le premier court-métrage réalisé en 1989 par Noémie Lvovsky, Dis-moi oui, dis-moi non. Cette première expérience lui a donné des ailes. Sylvie Verheyde décide d’écrire un court-métrage (plébiscité au festival de Clermont-Ferrand), puis un autre (labellisé par Canal Plus), puis s’est mis à son premier long-métrage, Un frère, remarqué à Cannes en 1997.

Sylvie VERHEYDE


« Mes films parlent de gens qui n’ont pas une place évidente, qui se cherchent une place et doivent la prendre. »

Née en 1967, Sylvie Verheyde est actrice, scénariste et réalisatrice.

Après des études de géographie, de musique et de dessin, Sylvie Verheyde se fait remarquer au début des années 90 par ses courts métrages Entre chiens et loups, et La Maison verte. œuvres récompensées en festivals. Un frère (1997) son premier long-métrage, confronte la banlieue et la capitale et montre des personnages en marge. Sélectionné au 50e Festival de Cannes dans la section Cinémas en France, ce film est salué par la critique, remportant le Prix Cyril Collard en 1998 et offrant le César du Meilleur espoir féminin à Emma de Caunes.
En 2000, Sylvie Verheyde retrouve Emma de Caunes pour Princesses.

Elle travaille ensuite pour le petit écran, signant notamment les téléfilms Un amour de femme et Sang froid pour Arte, prix de la meilleure réalisation au Festival de La Rochelle en 2007. En 2007, après une parenthèse de sept ans, la cinéaste revient au cinéma en signant le scénario du film d'action Scorpion. Après une Stella, réalisé en 2008 est son troisième long-métrage.

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Trois ans plus tard, un deuxième film : Princesse, dont elle garde un souvenir plus que mitigé du fait de la production. Parcours atypique, très personnel, qui fait aussi que Stella ne ressemble à rien dans le cinéma français. Sylvie Verheyde a dit aux spectateurs comment elle avait choisi la petite Léora Barbara qui interprète Stella, dès le deuxième jour de son casting. Un feeling, une relation de confiance, le partage des responsabilités entre une gamine et la réalisatrice. On sent que tout cela s’est fait avec une attention et un talent incroyables. Un spectateur a demandé comment s’était comporté Guillaume Depardieu sur le tournage. Comme un ange gardien, a répondu Sylvie Verheyde. Un rôle secondaire, mais que l’on remarque : un personnage lumineux, éclairé de l’intérieur. Le film s’en ressent. Il a pour lui la lumière et l’enfance. C’est-à-dire l’essentiel. »

Serge Toubiana (Directeur général de la Cinémathèque française)

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