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 « J'ai étudié les Beaux-arts et la peinture classique. Si j'ai choisi le cinéma, c'est justement parce qu'il permet de montrer et de saisir le temps qui passe. Notre destin, notre vie ont un lien direct avec le temps. Cette ligne temporelle dans notre vie nous conduit quelque part, et même si l'on ne sait pas exactement où, c'est le trajet qui importe. C'est une idée très bouddhiste. Si le destin est déjà écrit, alors le trajet importe d'autant plus. »

PROPOS DU REALISATEUR

« Les quatre objets que j’ai dénombrés (le récit est divisé en quatre épisodes, chacun  introduit par un intertitre : la cigarette, le vin, les bonbons, le thé) sont source de plaisir dans la vie des gens ordinaires. Ils les partagent, et ils n’ont guère que cela. Quand je me trouve dans une de ces maisons modestes, je suis très touché par des objets qui, de toute évidence, n’ont jamais bougé. Ils me donnent le sentiment très fort du temps et aussi de quelque chose qui continue, qui persiste et qui contraste avec les mutations et les bouleversements de la Chine contemporaine. Ces hommes et ces femmes du peuple, je les vois isolés, solitaires, délaissés. Ils n’ont pas l’occasion de parler de leur vie et d’eux-mêmes. Cela me renvoie à mon existence, à mon histoire, à ce qui me touche le plus, et cela me sert de moteur pour continuer mon rapport aux autres et aux objets. »

 

« Jusqu’ici, mes personnages étaient puissamment inscrits dans la société ; leurs rapports avec l’Etat, avec les collectivités, avec le groupe étaient au premier plan. Avec ce film, je m’approche davantage d’un monde intérieur. Je scrute les mouvements de l’âme et du cœur… Cela entraîne des changements formels ; par exemple en tant que metteur en scène, j’ai envie d’être encore plus direct. Bien sûr, à chaque film, j’invente un cadre esthétique, mais je ne veux pas que cela devienne une charge, un poids. J’ai envie de m’alléger, d’être plus simple. »

Entretien avec Michel Ciment : (Positif n° 555 mai 2007)

Critiques