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EXTRAITS CRITIQUES

Synopsis

Une riche famille bouleversée par l’irruption d’un hôte mystérieux et silencieux. Illustration parfaite du style de Pasolini : tendu entre le sacré et le profane.


PASOLINI,

UN REFRACTAIRE EXEMPLAIRE

 

« Premier constat : Pasolini fait partie de ces intellectuels réfractaires à toute tentative de récupération par la culture dominante. Et, second constat : en ces temps d’avachissement idéologique, son anticonformisme subversif demeure intensément réconfortant.

L’intérêt du cinéma, pour lui, est d’être une écriture directement en prise sur le réel, une façon de capter et de révéler la réalité comme un langage (donc de la dénaturaliser) -découpant et isolant les plans (d’où son caractère explicitement « fétichiste ») dans le grand « plan-séquence ininterrompu de la vie. » Ce dont procède en définitive, l’une des œuvres cinématographiques les plus bouleversantes et les plus audacieuses du XXe siècle : non seulement un authentique cinéma d’auteur (ou ce qu’il désignait, pour se démarquer des normes narratives du cinéma commercial courant, comme un « cinéma de poésie »), mais encore un art éminemment paradoxal, à la fois primitif et maniériste, à la fois réaliste (dans son amour concret, son aptitude à faire percevoir le « langage des corps ») et hypercultivé (dans sa façon de convoquer et de mêler, au second degré, des éléments issus de la peinture ancienne, de la musique classique ou populaire, de la littérature, en une superbe impureté. »

Guy SCARPETTA 

Le Monde Diplomatique (février 2006)


Avec Théorème, Pier Paolo Pasolini n'en est pas à son premier scandale (L'Evangile selon Saint Matthieu, La Ricotta ont été violemment contestés). Le film reçoit le Prix de l'Office Catholique International du Cinéma à Venise... qui « regretta » ensuite cette attribution. Ulcéré, Pasolini renvoya ses deux prix OCIC (le premier lui avait été attribué pour L’Evangile selon St Matthieu.)


Pier Paolo PASOLINI et Paul VECCHIALI

« Je suis encore ému, bouleversé, j’ai du mal à parler ; je dois dire qu’il m’est rarement arrivé ces dernières années de voir un film aussi beau et aussi émouvant. » P.P. Pasolini

L’admiration de Pasolini pour Femmes Femmes, troisième long métrage de Paul Vecchiali était telle, qu’il en fit rejouer une séquence dans Salo ou les 120 journées de Sodome et engagea pour ce film le même duo d’actrices, Hélène Surgère et Sonia Saviange.

Paul Vecchiali « parrain » de l’Association Pierre Chaussin est venu présenter son film A Vot’ bon cœur, pour la première projection inaugurale, le 26 septembre 2006.

 PIER PAOLO PASOLINI

(1922-1975)



« Quand je vous dis que j’ai la mentalité d’un animal blessé, à la traîne de la bande, je vous dis la vérité. »

Pier Paolo Pasolini est né à Bologne le 5 mars 1922. Son père étant officier, sa famille habite au gré des garnisons plusieurs villes d’Italie du Nord. Devenu instituteur, il enseigne dans les faubourgs ouvriers de Rome. En 1947, il s'inscrit au PCI (Parti Communiste Italien). Il écrit depuis plusieurs années, et se fait remarquer d’abord par ses romans qui font scandale : Ragazzi di vita, publié en 1955, Una vita violenta, en 1959. Il publie également des poèmes et des essais. Entre 1957 et 1961, il écrit onze scénarios pour le cinéma. Le succès (en dépit du scandale, encore) de trois films de Mauro Bolognini auxquels il a collaboré lui permet de tourner son premier film en 1961 : Accatone. L’année suivante, Pasolini tourne Mamma Roma avec Anna Magnani. La première projection à la Biennale de Venise est suivie d’une dénonciation de pornographie. En 1963 son court métrage La ricotta, épisode du film RoGoPaG, sera dénoncé pour « outrage à la religion d'état ». En 1964, il présente L’Évangile selon Saint-Matthieu, tourné dans le sud de l’Italie. Dès 1955, Pasolini avait fait la connaissance d’Elsa Morante et d’Alberto Moravia. Avec Moravia, il est le directeur de la revue Nuovi Argomenti pour laquelle il écrit de nombreux articles. En 1966, il tourne La terre vue de la lune, un épisode du film Les sorcières. Il enchaîne l’année suivante avec Œdipe Roi. 1968 est l’année de la contestation estudiantine et du mouvement ouvrier. Pasolini s’en prend aux étudiants en déclarant que « les agents de police sont les vrais prolétaires, les étudiants n’étant que les fils de la bourgeoisie ». Il se brouille ainsi avec la gauche. La même année, son film Théorème fait l’objet d’un procès « pour obscénité».

Il sera acquitté.

En 1969, il tourne Porcherie et Médée (ce dernier avec Maria Callas). Le Décaméron en 1970 sera lui aussi dénoncé pour obscénité. À partir de septembre 1971, il tourne en Angleterre Les contes de Canterbury. Après divers travaux d’écriture (articles, poèmes, essais sur la langue et le cinéma…), Pasolini tourne en 1975 ce qui sera son dernier film Salo ou les 120 journées de Sodome.
Le 2 novembre 1975, Pier Paolo Pasolini est assassiné à Ostia, près de Rome. Un jeune homme de 17 ans sera déclaré coupable. Mais les circonstances de la mort de Pasolini n’ont jamais été véritablement éclaircies.