Tokyo sonatra: extraits critiques

PROPOS DU REALISATEUR 

 

 

 "Ce film met en scène une famille ordinaire dans le Japon contemporain. Je pars d'une situation où les mensonges, le doute et l'incommunicabilité se sont installés dans cette famille. Sans aucun doute, ceci est contemporain et ceci est le Japon. Pourtant, je voudrais montrer une lueur d'espoir à la fin. Puis-je faire cela ? Et si j'y arrive, est-ce que cela sauverait une famille ordinaire ? Je l'ignore. Et comme je l'ignore, j'ai eu le désir de faire ce film." Note d'intention de Kiyoshi Kurosawa :

« Le titre en lui-même n'a rien à voir avec Ozu. Il a pour référence une sérié télévisée japonaise qui repasse souvent, et qui met en scène le quotidien d'une famille ordinaire. Dans ce sens, le titre va bien avec le sujet. Mais je suis un immense fan de l’œuvre d’Ozu. Alors, même si ce n’était pas intentionnel, peut-être qu’inconsciemment certaines scènes du film évoquent son cinéma. Je m’en suis rendu compte au fil du tournage. C’est un honneur pour moi que mon cinéma puisse vous évoquer Ozu, mais cela me fait peur aussi... ».

« J’espère que le public comprendra que ce film était très différent de tous ceux que j’ai réalisés jusque là… Je me suis dit qu’il était temps que je réfléchisse à ce que représente le cinéma, en me plaçant dans une perspective différente. Je me demande vraiment quel genre de génération est celle du vingt et unième siècle. Pourquoi ce sentiment de confusion ? Pourquoi est-ce si loin de la vision du futur que nous avions au vingtième siècle ? Qui est responsable de la façon dont les choses ont évolué ? C'est difficile de trouver une réponse. Tokyo Sonata est une façon de me forcer à me poser ces questions, et j'espère que ce film marque pour moi un nouveau départ ».

 

 « La crise n’est pas le sujet du film. Ce qui m’intéressait, c’était la remise en question et la mise en perspective de l’autorité paternelle qui n’est plus qu’une apparence dans le Japon actuel. Elle est en sursis et on ne sait pas par quoi la remplacer. Ce n’est donc pas une critique. Je voulais montrer que cette autorité vacillante est une façade. Je n’ai pas voulu être sévère envers les membres de cette famille pour lesquels j’ai une certaine tendresse. J’ai voulu qu’ils aient chacun des rôles de même importance et qu’à la fin, ils trouvent une façon de se retrouver et de vivre ensemble ; ils peuvent restaurer des liens à partir de nouveaux fondements ».

Entretien (criticat.com)

 

« Je réfléchis beaucoup aux travellings. C’est une figure qui me tient à cœur parce qu’elle révèle profondément la tension d’une scène, et qu’elle met en tension le spectateur. Des travellings, on en voit partout, et il y a bien des façons de les faire. D’où vient alors cette tension ? Je pense que si on déplace la caméra de façon très lente, très discrète, alors on ressent dans l’image le reflet de la tension que ce travail nécessite. Pour réussir un travelling, il faut une grande concentration de la part de tout le monde : les techniciens comme les acteurs On retient son souffle, on bouge la caméra avec minutie. Toute cette concentration, ce soin, s’impriment dans l’image ».

Entretien (Cahiers du cinéma mars 2009)