Vincere_Extraits_critiques

EXTRAITS CRITIQUES

Synopsis :

Dans la vie de Mussolini, il y a un lourd secret que l'histoire officielle ne raconte pas : une femme, Ida Dalser, et un enfant, Benito Albino - conçu, reconnu puis désavoué. Ida rencontre Mussolini de manière fugace à Trente et en est éblouie. Elle le retrouve à Milan où il est un ardent militant socialiste qui harangue les foules et dirige le quotidien l'Avanti. Ida croit en lui, en ses idées. Pour l'aider à financer le Popolo d'Italia, point de départ du futur parti fasciste, elle vend tous ses biens... Lorsque la guerre éclate, Benito Mussolini s'engage et disparaît de la vie de la jeune maman, qui découvrira avec stupeur qu'il est déjà marié avec une autre femme. Ida n'aura dès lors de cesse de revendiquer sa qualité d'épouse légitime et de mère du fils aîné de Mussolini, mais sera systématiquement éloignée de force et son enfant mis dans un institut. Pourtant, elle ne se rendra jamais et ne cessera de revendiquer haut et fort sa vérité.

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« Je ne te demande pas grand chose : mon fils, et la sortie immédiate de cet asile putride, de cet horrible sanatorium, où tu n’as pas le droit de m’enterrer [...], mes affaires [...], mes meubles, et tout mon intérieur de l’appartement de Milan dont mon fils aura besoin... Cesse de faire insulter la mère de ton fils, ne serait-ce que pour avoir la conscience en paix, et pour l’esprit des ténèbres qui viendra te rendre visite chaque nuit [...].

Benito, écoute le cri de ma conscience. Nous nous sommes aimés, passionnément adorés, nous sommes unis par le lien du sang, et à cause de toi je me bats contre vents et marées, tu as éteint ma belle et robuste jeunesse. À la fin de la lettre, quelques allusions à ma soi-disant déficience mentale : Ce n’est pas la peine de faire semblant. Tu sais très bien que mes facultés psychiques sont très bonnes comme elles l’ont toujours été... Mon Dieu ! Comme ils avaient raison quand ils me disaient de te quitter, car tu étais suspect à tout point de vue. Mais tu m’intimais l’ordre de me taire avec toutes tes explications [...]. Tu as souffert, je sais, tu as pleuré, mais à chaque fois tu te raccroches à de nouvelles machinations diaboliques [...]. Inutile de puiser la force de lutter dans le mensonge, tous les hommes ne sont pas des imbéciles [...], et qui sait si un jour tu ne finiras pas plus en lambeaux que tes victimes. Que le Ciel te sauve de cet infâme marché qui a fait de nous deux innocents [...]. Ah ! Mourir sans pouvoir à nouveau serrer mon fils dans mes bras ! [...]. Va donc, Duce ! Tu n’es qu’un misérable ! »

Lettre d’Ida Dalser à Benito Mussolini


« Réduite à une extrême misère, après avoir été exploitée, puis abandonnée par le père de mon fils, directeur et propriétaire du journal «Il Popolo d’Italia», j’en appelle à la générosité du journal «Il Corriere della sera» pour qu’il accepte d’ouvrir une souscription en faveur du fils de Mussolini, ne pouvant plus moi-même subvenir aux besoins du fils de l’homme qui m’a exploitée et du lâche qui m’a jetée sur le pavé avec ma petite créature. Alors que lui, il croule à présent sous l’or, avec ses fameux «acolytes» et administrateurs Clerici et Morgagni.

Lettre d’Ida Dalser au Directeur du « Corriere de la sera »


La mère du petit Benetino Mussolini.

MARCO BELLOCCHIO


« Né d'un père avocat et d'une mère institutrice, Marco Bellocchio suit les cours de philosophie de l'académie d'Art dramatique de Milan. En 1959, il s'inscrit au centre expérimental de cinéma de Rome. Diplômé de mise en scène et d'interprétation, il part à Londres afin de poursuivre sa formation au Slade School des Beaux-arts. Là, il élabore une thèse sur le cinéma d’Antonioni et Bresson. Après avoir réalisé trois courts métrages, Bellocchio réalise son premier long en 1965, Les Poings dans les poches, qui montre la destruction progressive des valeurs familiales.

Ce film est présenté à Locarno et lui vaut une renommée internationale.  Puis le réalisateur se tourne vers un cinéma plus engagé et militant. On retrouve toujours son anticonformisme et son attachement à l'extrême gauche notamment dans La Chine est proche. Il s'attaque à l'Eglise avec Au nom du Père, fusille le militarisme primaire avec La Marche triomphale, met à mal les principes familiaux avec Le Saut dans le vide. Autant de thèmes fustigés qui vont revenir tels des boomerangs dans son œuvre. Avec Le Diable au corps adapté du livre de Raymond Radiguet, Bellocchio frôle le scandale. La croisette est sans dessus dessous en y découvrant Maruschka Detmers  se livrer sans trucage ni artifice à une fellation. Dans les années 80, le cinéaste italien s'éloigne de la polémique facile et approfondit son approche psychologique avec Les yeux, la bouche et Henry IV, le roi fou. Féru de littérature, il s'adonne à nouveau aux joies de l'adaptation avec La Nourrice sélectionné au Festival de Cannes.  En 2002, Bellocchio replonge dans la provocation et ses sujets récurrents. Il s'attire la colère du Vatican en s'attaquant encore une fois à l'Eglise catholique dans Le Sourire de ma mère. Deux ans plus tard, il soulève l'opinion italienne en relatant l'assassinat d'Aldo Moro dans Buongiorno, notte, film qui lui vaut d'empocher nombre de prix, notamment au Festival du Film de Venise et à l'European Film Awards. Le réalisateur revient sur le grand écran en 2007 avec son 22e film, Le Metteur en scène de mariages qui dénonce les unions de raison. Avec Vincere, Bellocchio s'intéresse au destin tragique d'Ida Asler, maîtresse de Benito Mussolini, qui a toujours voulu faire reconnaitre son fils par le dictateur. Le film est présenté en compétition pour la Palme d'or en 2009. »
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