Vincere_Extraits_critiques

EXTRAITS CRITIQUES

Le film bascule entre des séquences intimistes et des moments plus opératiques…
Nous avons beaucoup travaillé cela au montage, notamment dans le rapport entre fiction et images d’archive. La musique « futuriste » de Carlo Crivelli, avec qui je collabore depuis 1986, a également joué un rôle important en ce sens.

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« La forme du film s’est imposée comme une exigence et une nécessité, tout de suite. Trouver une forme qui combine la passion privée et l’histoire. On ne pouvait pas vraiment reconstituer l’histoire, c’est pour ça que j’ai utilisé les images, dans les salles de cinéma mais aussi à l’hôpital. Le cinéma, c’était le grand spectacle de masse à l’époque, et aussi le moyen pour Mussolini d’imposer son image. Dans la politique italienne, il est le premier à avoir utilisé l’image ; avant lui, le peuple ne connaissait pas la tête de ses dirigeants. C’est pour ça aussi que j’ai mêlé au film des images d’archives, comme des contrepoints, mais c’est une idée qui est venue au montage, elle n’était pas dans le scénario. J’utilise le même langage visuel que le futurisme, ou le fascisme, mais dans un sens complètement différent. Je ne voulais pas raconter une petite histoire de façon dépouillée. Je voulais raconter comment une relation privée était emportée, bouleversée par le mouvement hisrorique.C’est ce qui me fascinait, d’où ces choix esthétiques. »

Entretien réalisé par Stéphane Delorme et Jean Philippe Tessé :

(Cahiers du cinéma : novembre 2009)

 « Si je me suis inspiré du futurisme, c’est parce que ce mouvement est très représentatif de ces années - des années trépidantes, presque furieuses, où tout allait très vite. Il m’a semblé qu’on pouvait utiliser le futurisme non pas

pour définir le style du film mais son rythme. Le futurisme restitue parfaitement l’état d’âme de cette période révolutionnaire…. Le style de l’histoire que je voulais raconter, c’est le style de toutes les avant-gardes : le futurisme, l’expressionisme, mais aussi le cubisme, cette tendance à dépasser la figure pour aller vers l’abstraction, ou encore le dadaïsme et ensuite le surréalisme…

Le surréalisme, chronologiquement, est évidemment postérieur à l’histoire de Vincere. Mais il est vrai que le cinéma de Buñuel, par exemple, m’a énormément influencé par le passé. Et l’obsession amoureuse d’Ida, sa fixation pour Mussolini, pourrait être un motif de Buñuel, dans un film comme L’Age d’or. Il y a aussi dans le surréalisme un fort courant antireligieux, à l’instar de La Vierge corrigeant l’enfant Jésus de Max Ernst ou de la fin du film de Buñuel, avec le Christ quittant le château de Sodome, après une nuit d’orgie. Même si l’influence surréaliste, chez moi, est ancienne, certaines images de Vincere peuvent en porter l’empreinte…

 Dans Vincere, c’est l’aspect privé qui m’a attiré : je voulais être libre de raconter mon histoire et de pouvoir inventer. Et puis, j’ai toujours été fasciné par le fait de pouvoir regarder l’Histoire à travers des histoires individuelles, privées. Buongiorno porte bien sur l’enlèvement d’Aldo Moro, mais on n’assiste pas à l’enlèvement lui-même : on voit son emprisonnement, ses angoisses. Et dans Vincere aussi, l’aspect idéologique et historique est au second plan, le film se veut plus sentimental. Les angoisses priment. »

 

Entretien : Transfuge (novembre 2009)

  

« Dans mes films et dans ma vie, j’ai dénoncé l’hypocrisie et le conformisme, mais depuis quelques années, je me
suis libéré de certaines obligations politiques, religieuses et idéologiques pour chercher un chemin plus personnel.
Je me souviens qu’à la fin de sa vie Marcello Mastroianni disait : “Ce qui est beau dans la vieillesse, c’est que tu peux dire tout ce que tu veux !” Et c’est vrai car je me sens de plus en plus libre. »

Interview de Christine Haas (Paris match)

« Vincere réunit plusieurs de vos motifs de prédilection. Comment vous est venu ce film ?
Un soir, j’ai vu un documentaire à la télé sur le fils illégitime de Mussolini. Cela m’a bouleversé. J’ai commencé à me documenter dans l’idée d’en faire un film de fiction, qui est devenu Vincere. On y retrouve en effet plusieurs thèmes que j’ai déjà abordés : l’Histoire, la religion, la famille, le désir… Mais cette fois-ci, la passion a une connotation obsessionnelle, destructrice.

Propos du réalisateur