Mille soleils

MATI DIOP

Actrice et réalisatrice française , née le 22 juin 1982 à Paris, Mati Diop est la fille du musicien Wasis Diop et la nièce du cinéaste sénégalais Djibril Diop Mambety. Elle vit et travaille à Paris.

Elle réalise son premier court-métrage, Last Night en 2004 (Paris). Il sera programmé à la Cinémathèque française.


En 2006, elle intègre le Pavillon, (laboratoire de création du Palais de Tokyo) et y réalise plusieurs vidéos : Ile artificielle-Expédition, The Party


En 2008, elle intègre Le Fresnoy (Studio national des arts contemporains) où elle réalise Atlantiques (film court tourné à Dakar) qui reçoit le Tiger Award du court métrage au Festival International du film de Rotterdam, une Mention spéciale du Prix Louis Marcorelles au Festival du Cinéma du Réel. Il est aussi primé au Festival Media City (Ontario, Canada) ainsi qu'au Festival de Ann Arbor (Michigan, US).

En 2010 elle réalise Big in Vietnam puis Snow Canon en 2011, moyen métrage sélectionné en compétition à la 68e édition de la Mostra de Venise.

 En 2008, Mati Diop joue  son premier rôle au cinéma dans le long-métrage de Claire Denis, 35 Rhums pour lequel elle tient le premier rôle féminin. Cette même année, elle présente 1000 soleils au festival de Cannes, un projet de documentaire sur le film Touki Bouki (réalisé par son oncle en 1973), qui sort en 2013 sous le titre Mille soleils. Ses courts métrages ont été présentés lors de différents festivals internationaux, dont Atlantiques qui obtient le Tigre du meilleur court-métrage en 2010 lors du festival du film de Rotterdam. Son prochain film, un long, sera intitulé La prochaine fois le feu, d’après l’essai de James Baldwin. Un long-métrage qu’elle tournera à Dakar.

«Ce feuilletage filmique peut faire craindre une œuvre destinée aux seuls cinéphiles. C’est, au contraire, un film grand ouvert à tous. Aux amateurs de beauté plastique, qui admireront la jubilation coloriste, l’audace du montage, le sens de la liberté de la cinéaste ; aux spectateurs sensibles à l’humour, qui apprécieront les sévères rebuffades que met le destin sur la route de l’ex-beatnik aux cheveux blanchis; aux victimes consentantes de la narration romanesque qui les emportera sur le grand fleuve du temps perdu et du temps retrouvé dans le sillage du vieil acteur. Il y a là tant de magnifiques idées, tant de poésie osée. Avec cette science vaudou du raccord qui relie une jeune fille aux lèvres mauves dans la nuit dakaroise à la neige qui tombe sur les arbres grelottants d’un paysage blafard, au son de «Plaisir d’amour ne dure qu’un moment»… Entre Afrique et Occident, entre fiction et documentaire, voilà donc un curieux western sentimental dont n’est pas non plus absente une part d’autobiographie. Car c’est évidemment à une

appropriation non seulement de l’œuvre de son oncle, mais du pays de ses pères, que la Française Mati Diop se livre dans ce film.»

Jacques Mandelbaum (Le Monde : 2 avril 2015)


«Restauré il y a peu, Touki Bouki (1972) est probablement le film le plus libre jamais produit sur le sol africain. Mati Diop, nièce du cinéaste, s'est lancée sur les traces de ce film qui hante depuis quarante ans l'imaginaire africain à la manière ensorcelante des grands films maudits de l'histoire du cinéma. La tentative presque onirique de renouer le dialogue avec le film fondateur des idéaux éventrés de l'Afrique d'après les indépendances est la clé de Mille soleils. Le destin sans ailleurs de Magaye, qui résonne avec celui de son personnage, permet à la cinéaste de vider le film de son travail d'enquête au profit d'une déambulation en prise directe avec le présent.» Vincent Malausa

(Cahiers du cinéma N° 699 avril 2014)


«Mille soleils mixe docu et fiction, réalité politique et poétique, contexte social et rêverie, déployant toutes les puissances du cinéma. Le film fait miroiter mille motifs et thématiques, souffle des bouffées de western, tord le temps entre passé et présent, imaginaire et réel, vivants et fantômes, un peu comme dans les films sorciers de Claire Denis ou d’Apichatpong Weerasethakul.»

Serge Kaganski ( Les Inrocks:14/04/2014)

PROPOS


Mille soleils «Est un projet qui vient de loin. Tout est parti d’une discussion avec mon père autour de mon oncle Djibril et de ses films, à un moment où je m’interrogeais beaucoup sur la place qu’occupait le cinéma dans ma vie et celle de ma famille. C’est à travers les révélations qu’il m’a faites sur Touki Bouki que j’ai compris que ce film, c’était toute notre histoire.

Le désir d’un film s’est enclenché lorsque j’ai découvert l’histoire des acteurs de Touki Bouki, Magaye et Myriam Niang. Ils ont en fait poursuivi l’exacte trajectoire de leurs personnages fictifs. Tout comme dans la fiction, Magaye n’a jamais quitté Dakar et Myriam l’a quitté pour un exil de l’extrême.

J’ai voulu confronter Touki Bouki au présent et à un public d’aujourd’hui. Filmer Magaye face au film, à lui-même et à son amour de jeunesse. Le film agit sur lui comme un fantôme qui ressurgit du passé, comme une machine à remonter le temps.

 Entretien (Festival International du cinéma Marseille 03/2014)

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