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Comment j'ai rencontré mon père_Extraits critiques

Écrans et toiles : Interview de Maxime Motte dans le cadre de l’avant première de Comment j’ai rencontré mon père (06 juin 2017)

 

Véronique : Comment avez-vous appréhendé le tournage de ce long-métrage ?

 

Maxime Motte : Ce n’est pas vraiment du hasard mais en écrivant le film, j’essaie de ne pas penser à des comédiens pour être assez libre et ne pas enfermer ces formidables comédiens dans un rôle. Par contre, quand l’écriture a été terminée, je savais que c’étaient des acteurs avec qui je voulais travailler et quand ils m’ont dit oui, j’étais juste comblé. Isabelle est une actrice vraiment formidable qui a une palette incroyable, pareil pour François-Xavier. Ils ont tous les deux une générosité de jeu dans l’écoute comme dans la proposition. J’aime bien dire en général que c’est bien que tout l’argent aille à l’écran mais que c’est bien aussi que toute l’énergie aille à l’écran et tous les comédiens se sont totalement investis, chacun à sa manière. Par exemple, Diouc Koma est parti pendant un mois au Ghana. Quand il a su qu’on allait travailler ensemble, il a annulé son voyage pour le Brésil et il est parti au Ghana pour préparer son rôle. Il est revenu avec des chansons de là-bas, c’était formidable. Chacun a préparé son rôle, a apporté sa pierre et c’est là qu’on voit qu’on ne fait pas un film tout seul et qu’on ne fait qu’ouvrir des portes pour que chacun puisse en faire quelque chose. (…)

Albert Delpy était aussi très content de jouer ce personnage parce que lui-même a cette fantaisie dans la vie et il était ravi de pouvoir s’amuser, de croquer ce grand-père peu ordinaire. (…)

En fait, beaucoup de choses sont tirées de la vie réelle et je n’ai fait que les pousser un peu. J’ai mélangé les couleurs de plusieurs personnages que j’ai pu côtoyer et qui avaient cette fantaisie.

Moi-même, j’ai eu deux pères, bien que je ne sois pas adopté. J’ai eu mon père biologique et mon beau-père et c’est d’ailleurs ce que raconte mon histoire : si autant de thèmes se mêlent, par rapport à la paternité notamment, c’est parce que c’est la vie. Quand on va à un dîner, on ne va pas juste manger, on va découvrir l’assiette mais aussi les gens, on va aborder différents sujets, il va se passer des choses… tout s’entrecroise parce que c’est la vie !

Véronique: Dans votre film, il y a finalement trois pères: un père adoptif, un père de substitution et un père foireux. Quand on prend le titre Comment j’ai rencontré mon père, on ne sait pas lequel on va rencontrer.


Maxime Motte: C'est tout à fait ça l'idée, chacun va rencontrer son père en effet et c'est pour cela qu'il y a aussi le thème de la filiation. Il y en a un qui est excessif dans son amour, un autre qui aime en pudeur et, au milieu, il y a Isabelle qui est le point d'ancrage dans tout ça et qui en est parfois retournée, parfois choquée ou en colère. Cet amour dépasse toujours tout et fera que la famille va devoir se rencontrer, peut-être autrement. Dans la vie, on cherche tous notre place, dans notre famille ou dans la société, et le film raconte comment chaque personnage va trouver la sienne en s'aidant des autres.


Véronique: Vous-même vous tenez le rôle d’un père de famille démissionnaire, un peu foireux, un personnage drôle et atypique…


Maxime Motte: J'ai cherché à jouer justement un personnage de beau gosse qui parvient à séduire les femmes. (rires), c'est tout le contraire évidemment! ça m’amusait de jouer quelque chose de radicalement différent mais comme je consacrais beaucoup de temps à la mise en scène, je me suis dit que je ne le ferais peut-être pas finalement. Ma productrice et mon épouse m’ont convaincu que ce rôle était pour moi et comme cela me permettait de jouer avec Isabelle, une partenaire formidable, c’était mon petit cadeau en tant qu’acteur.


Véronique: Ce n’était donc pas important pour vous d’y tenir un rôle?


Maxime Motte: Important non. Ce qui l’était c’était l’histoire que j’avais à raconter. (…)

Apporter une composition, s’amuser à être un personnage, c’est ce que j’aime le plus. Le père que je joue incarne finalement une autre manière d’éduquer ou de ne pas éduquer son enfant (rires) parce qu’on se cherche tous et qu’il n’y a pas de solution. J’ai moi-même trois enfants et il m’arrive de leur dire que je me suis planté et que j’essaierai de faire mieux la prochaine fois…


Par Véronique Chartier

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