01-02_Les Heures heureuses_Synopsis
01-04_Les heures heureuses_Interview de la réalisatrice

à l’heure où le monde psychiatrique est malmené par de nouvelles réglementations et des bouleversements administratifs, via la suppression de nombreux postes, ce documentaire apparaît comme un témoignage implacable de la vie à l'asile de Saint-Alban. Et de ses acquis bien éreintés aujourd’hui. (…) Un état d’esprit, déjà une autre idée de la psychiatrie voit le jour dans l'asile de ce village perdu au centre de la France, Saint-Alban-sur-Limagnole. Deux psychiatres président alors à sa destinée: Lucien Bonnafé et Francesc Tosquelles , un émigré catalan réfugié en France qui met sa culture de la résistance au service de sa profession; le lieu devient rapidement le point de rencontre d'une lutte clandestine, contre toute forme d'oppression, de la folie à l'accueil des réfugiés, des juifs, des résistants. Paul éluard en sera peut-être le plus célèbre au milieu des anonymes qui sans le savoir assistent à la naissance de la psychothérapie institutionnelle qui révolutionne la psychiatrie d’après-guerre. Les témoins n’apparaissent jamais à l’écran, les professionnels non plus. L’aspect polyphonique rend encore plus tangible la voix de ces personnages qui ont écrit une grande page de la psychiatrie française. Parmi eux Jean Oury alors interne à Saint-Alban. Quinze ans plus tard ( 1953 ) il crée la clinique de La Borde (Loir et Cher ) où il met en pratique la psychothérapie institutionnelle.

L’Heure de la Sortie, Loïck Gicquel

EXTRAITS CRITIQUES

à son arrivée dans ce petit village de Lozère, Francesc Tosquelles Llauradó, un psychiatre catalan fuyant la dictature de son pays, rénove l'asile tenu par les sœurs, et refond la psychiatrie moderne. Cette modeste épopée, Martine Deyres la raconte avec les fruits d'une collecte inédite: films retrouvés, entretiens, musiques et sons enregistrés sur place ou a posteriori. Son approche est profondément sensible, en prise directe avec ceux qui ont vécu directement l’expérience et qui se souviennent. Elle est aussi viscéralement engagée dans l’urgence d’alerter sur la crise actuelle de la psychiatrie hospitalière. Jamais académique, ni compassé, son film met à jour une utopie collective, qui se tisse patiemment dans une empathie communicative, avec des vies et un combat exemplaire.

IB IMAGES EN BIBLIOTHèQUE, Julien Farenc

Veillées joviales, promenades, ateliers: ces films montrent les femmes et les hommes qui ont œuvré à protéger ce microcosme et le fruit de leur travail: un hôpital atypique et humaniste.

Télérama, Cécile Marchand Ménard


Saint-Alban est une anomalie dans le monde capitonné de la psychiatrie. Pour la raconter, Martine Deyres s’est plongée dans une matière unique: des films muets tournés au mitan du XXe ècle par les infirmiers. Les bobines ont été conservées par l’association culturelle de l’hôpital «les avait classées mais jamais utilisées, ni revues, depuis leur projection, à l’époque, aux veillées du club». Accompagnées de témoignages, ces archives retracent l’histoire de l’asile, matrice d’un mouvement thérapeutique issu du surréalisme, du marxisme et de la psychanalyse qui entendait lutter contre l’exclusion et l’avilissement des fous.

Alors que les affres de la Seconde Guerre mondiale succèdent aux espoirs du Front populaire, Saint-Alban se mue en refuge. S’y côtoient des malades (certains transférés depuis d’autres asiles de l’Hexagone) ainsi qu’un aréopage d’exilés politiques, de juifs et de résistants. De ce carrefour des bannis naît un bouillonnement intellectuel et créatif qui va transformer l’hôpital.

vice.com, Alexis Ferenczi

Dans ce beau documentaire, les voix-off témoignent d’un monde à part où l’humanisme est porté en étendard, où la sagesse a permis de réinventer la psychiatrie. Particulièrement émouvant.

Première, Thomas Baurez


Aucune distinction entre les malades et le personnel, entre les soins et la vie. Ensemble, ils dansent, jouent, travaillent. Ils produisent leur propre nourriture et créent quelques-unes des œuvres majeures de l’Art brut. À l’heure des sas de sécurité, des digicodes et des coupes budgétaires à l’hôpital, ce film résonne comme un vibrant hommage à une autre psychiatrie mais aussi à une résistance politique: celle de l'amour pour la singularité et la solidarité.

Tënk, Éva Tourrent

«bateau» d’Auguste Fournier,

pensionnaire de Saint-Alban, artiste de l’art brut

Synopsis

Interview de la réalisatrice