Adikhan YERZHANOV
Né en 1982 au Kazakhstan, scénariste et réalisateur, il est est sorti diplômé de la Kazakhstan National Academy of Arts en 2009, avant de poursuivre sa formation à New York grâce à une bourse. Primé dès 1999 pour le scénario de la première série d’animation kazakh, son 3e long métrage, The Owners est présenté aux Festivals de Cannes et de Toronto en 2014. En 2018, son 5e film La tendre indifférence du monde est remarqué à Cannes. Primé dans le cadre du festival cinématographique de Varsovie en octobre 2022, Ademoka’s education, 14e long-métrage d'Adilkhan Yerzhanov, a été projeté dans le cadre de la compétition des longs métrages de fiction du 18e Festival International du Film d'éducation d’Évreux
EXTRAITS CRITIQUES
Faisant de son film la bande dessinée que son personnage de jeune mendiante crée au fur et à mesure du récit dans une démarche intime et autobiographique, impliquant une picturalité et un sens du cadre absolument saisissants, L’Education d’Ademoka est une réflexion sur le rôle de la culture dans une contemporanéité visant à son extinction et à une forme de retour au totalitarisme, ainsi qu’un film souhaitant faire de l’œuvre d’art une sorte d’objet, aussi modeste soit-il, dont le rôle serait de transcender ladite contemporanéité. L’ambition est belle, le film réussit par instants à la toucher du doigt.
Culturopoing, Michaël Delavaud
Comme à chaque fois, le film est extrêmement travaillé. L’image est très belle, offrant aux paysages désertiques et désolés du Kazakhstan un brin de poésie. L’attention portée aux objets qui remplissent l’espace permettent au récit de gravir une dimension supérieure, aérienne, à l’instar de ces avions qui attendent de s’envoler. Le réalisateur raconte peut-être combien le cinéma, le fait de raconter des histoires, lui ont valu de donner à son existence un supplément d’âme.
aVoir-aLire.com, Laurent Cambon
Adilkhan Yerzhanov est fidèle à son style épuré, minimaliste. On retrouve d’emblée sa patte enjouée qui mêle le drame, la poésie, l’humour et la satire politique, la beauté des grandes plaines désertiques du Kazakhstan. Peu savent comme lui aussi admirablement filmer la grandeur dépouillée des espaces infinis de son pays. Le choix de décors à l’incongruité quasi surréaliste se surajoute à la poésie de ces grands espaces horizontaux: Yerzhanov s’en donne à cœur joie pour parsemer ces décors irréels de notes d’humour surréaliste.
Sens Critique, kinophil
SAMEDI 25 MAI 2024 à 20 h 30
L’éducation d'Ademoka d’Adikhan YERZHANOV
Fiction, Kazakhstan, 2023, 1h 29, V.O.S.T., inédit à Troyes
Présence de Clémence DAVIGO
CONTEXTE
«Nous avons décidé d’attribuer à ce film un Prix spécial. En effet, tourné dans les conditions difficiles du confinement, il a su transformer, de manière remarquable, les contraintes en ressources et propose une réalisation originale et inventive. Remarquablement interprété et réalisé, il porte des valeurs essentielles: attention à chacun et à chacune dans son histoire singulière, portée émancipatrice de la culture et, surtout, droit à l’éducation de toutes et tous. Au moment où ce droit est encore très lointain dans beaucoup de pays du monde et où il est mis à mal dans notre pays par l’idéologie de l’égalité des chances, ce film nous est apparu comme un outil d’éducation aux qualités artistiques indéniables et mériter une large diffusion.
Philippe Meirieu, Président des C.E.M.é.A.
Dans un Kazakhstan dépeint comme une Absurdie, Yerzhanov multiplie, comme à son habitude, les scènes incongrues, et ce dès le premier plan: Ademoka assise sur une voiture en plastique tirée par une autre personne, au milieu d’une steppe parsemée d’éoliennes et de pylônes électriques. Ou encore un examen scolaire organisé sur un terrain d’athlétisme, sous une pluie battante. Les personnages sont également hauts en couleur, à commencer par les fonctionnaires (de police, des douanes ou de l’éducation nationale) vus comme des tire-au-flanc corrompus. Une marque de fabrique chez Yerzhanov qui se rit régulièrement des dépositaires de l’autorité publique, dans un geste très kafkaïen. Kafka qui, étrangement, n’est pas mentionné directement dans le film. Peut-être parce qu’il est omniprésent, non seulement dans L’Éducation d’Ademoka, mais dans une grande partie de la filmographie du réalisateur kazakhstanais. Yerzhanov résume ainsi l'état d'esprit du film et de ses deux personnages principaux:«aiment l’art, recherchent la beauté et la grandeur de la littérature; et tous deux sont en quête de connaissances. Akhav voit que c’est là son exploit invisible: vaincre le système et aider Ademoka à s’instruire. C’est finalement le but ultime de sa vie. […] C’est une sorte d’hymne à la connaissance, au Savoir qui aide l’humanité à échapper à l’obscurité de la bureaucratie et à l’âge des ténèbres.»
Eastasia.fr
Synopsis :
La jeune Ademoka souhaite aller à l’école mais son statut de Lyuli - sorte de gitan d’Asie Centrale - la destine à la mendicité. Akhav, autrefois écrivain célèbre, aujourd'hui professeur insolite, vient d'être renvoyé de son école. Il va repérer le talent d'Ademoka et décide de la prendre sous son aile, en lui transmettant une éducation.
Petite nature
Programme Ciné-rencontre