Benda bilili_Extraits critiques

Photographe reporter, lauréat de la bourse de 'La Fondation de France' et de 'Résidence d'artiste à Moscou (AFAA-Villa Médicis) ', Florent de La Tullaye autoproduit et réalise ses projets avec Renaud Barret. Ils décident de travailler ensemble à la réalisation de documentaires portant sur les cultures urbaines des capitales africaines. En parallèle, ils produisent également certains des musiciens rencontrés pour développer des partenariats avec des producteurs africains.

EXTRAITS CRITIQUES

Synopsis


Ricky a un rêve : faire de Staff Benda Bilili le meilleur orchestre du Congo Kinshasa.
Roger, enfant des rues, désire plus que tout rejoindre ces stars du ghetto qui écument la ville sur des fauteuils roulants customisés façon Mad Max.

Ensemble, il leur faut déjouer les pièges de la rue, rester unis, trouver dans la musique la force d'espérer.

Pendant cinq ans, des premières répétitions à leur triomphe dans les festivals du monde entier, BENDA BILILI !, en français «au delà des apparences» nous raconte ce rêve devenu réalité.

Graphiste et photographe. Renaud Barret s'intéresse aux cultures urbaines des capitales africaines. Il autoproduit et réalise ses projets documentaires avec Florent de La Tullaye. En parallèle, ils produisent également certains des musiciens rencontrés pour développer des partenariats avec des producteurs africains.

  

Interview avec le réalisateur - Florent de la Tullaye

Nous avons eu le privilège de partager un moment avec le réalisateur du film Benda Bilili lors de la promotion mondiale du film.

Auteur : David Suaza - StarAfrica.com

Dans sa forme et ses thèmes, Benda Bilili est un film et à la fois un documentaire, est-ce votre but de réaliser ce type de films ?
Oui, au départ il n'était pas prévu que ce soit un film. Effectivement, on fait des films documentaires, c'est notre troisième, et c'est sûr que nous avons travaillé dessus en post production pour l'emmener jusqu'au cinéma.
Au départ, quand on a rencontré le staff "Benda Bilili" en 2004, on avait surtout l'intention de faire un album, c'est seulement quelques années après, comme on a filmé tout, on s'est rendu compte en regardant les vidéos, qu'on avait un matériel extraordinaire sur ce groupe qui était en train d'émerger et qui allait peut être loin.

Comment avez-vous rencontré le staff du groupe "Benda Bilili"?
En 2004, on était en train de faire justement un petit film sur les musiques urbaines de Kinshasa, nous trainions sur les rues de Kinshasa avec nos cameras, et un soir on a été attirés par le son qui jouait le staff dans un coin de rue pendant la nuit et nous sommes tombés sur la bande, puis on a commencé à les fréquenter, on s'est rendu compte qu'ils avaient leur propre répertoire, et qu’ils jouaient leur musique, ce n'était pas des reprises car ils jouent le "Satongé" et c'est comme ça qu'à un moment donné on leur a proposé d'enregistrer un album

Donc, c'est vous qui avez produit l'album du groupe?
Alors, dans le film on voit bien qu'il y a un premier enregistrement qui part en fumé avec l'incendie et ensuite on a fait appel à une maison de disques avec qui on a coproduit le disque. Cette maison de disques s'appelle "Crammed" disques, c'est un label belge qui a déjà produit des musiciens connus.

C'est votre troisième film sur la ville de Kinshasa et vous êtes en train de produire un autre, pourquoi cet intérêt pour cette ville ?
C'est vraiment une ville pour qui on a eu un flash la première fois qu’on y est allés, on a vu que c’était une ville d'artistes, on dit que là-bas il y un musicien dans chaque maison et c'est assez vrai. Nous connaissons bien le terrain et on a rencontré beaucoup de personnes qui nous ont raconté des histoires extraordinaires et qui nous donnent envie de continuer à faire des films là-bas. C'est une ville d'artiste pour nous

La première fois que vous êtes allés à Kinshasa et que vous avez découvert cette ville, c'était dans le cadre de quoi? d'un documentaire?
Oui, c'était dans le cadre d'un documentaire dont personne n’avait passé commande; c'était vraiment une découverte et nous avait beaucoup aimé.

Et pourquoi pas Lagos, Dakar...
Historiquement, Kinshasa est la capitale africaine de la musique qui a une influence énorme sur tout le reste du continent. Les dix ans de guerre, depuis 1996, ont fait qu’on entend beaucoup moins parler  de ses productions, bien sûr sauf dans le milieu congolais. On connait d'autres villes africaines, mais c'est sûr qu'à Kinshasa, on trouve quelque chose d'assez exceptionnelle. Une sorte d'énergie incroyable chez les artistes et aussi chez les gens qui habitent là-bas. Ca n’a rien à voir avec l'Afrique de l'Ouest, c'est vraiment particulier. Mais le Congo a aussi une position géographique centrale, et c'est une ville où il y a aussi des immigrants de différents horizons, ce qui crée une espèce d'énergie qu’on retrouve dans la musique.


Votre premier film a été "La dance de Jupiter". Comment pourriez-vous décrire votre évolution en tant que réalisateur depuis ce film?
On ne vient pas du tout du monde du cinéma, c'est vraiment à Kinshasa que nous avons commencé à filmer, on s'est acheté des caméras et c'est sûr que depuis (6 années), on a fait quand même 3 films, même plus, certains ne sont pas encore montés. Kinshasa nous a fait d'une façon, au départ on n'écrivait jamais de scénario, on filmait ce qu'on vivait, mais à partir d'aujourd'hui on prépare plus les films pour aller un peu plus loin aussi. On a toujours fonctionné en autofinancement ce qui n'est pas très simple car on n'avait pas grande chose, et aujourd'hui on essaie de produire des films d'une façon plus correcte, disons, plus classique pour pouvoir continuer, sinon on est obligés d'arrêter.

Le film a participé à Cannes et aux autres festivals, vous attendiez-vous à un accueil si positif auprès du public ?
Oui, alors, je reçois énormément des courriers tous les jours, de gens qui nous racontent leur expériences en salle, le film est souvent très applaudi, ça c’est assez rare au cinéma. A Amsterdam on a eu le prix du public au festival d'Amsterdam, c'est le premier festival qu'on fait après le festival de Cannes. Je pense que c'est un film qui fait du bien au gens parce qu'il y a des personnalités tellement fortes que les gens comparent un peu avec leur vie ici (Europe) et je pense que ça leur donne du courage.

En fait, c'est très remarquable de voir dans le film que malgré les difficultés, les musiciens sont toujours contents, l'énergie que l'on peut apercevoir sur le scénario est très touchante.
Oui, ils arrivent à faire passer cela au public et sur scène, c'est pareil, ils ont beaucoup de générosité et ils donnent beaucoup au public.

Pour revenir au staff "Benda Bilili". Quelle est la relation qui vous lie au staff "Benda Bilili"?
On a passé tellement de temps ensemble, tellement de galère, ils disent que c'est grâce à nous et nous on leur dit « c’est grâce a vous ». On se connait très bien, cela va plus loin que des liens d'amitié, ce sont des liens familiaux.
Dès que l'on débarque à Kinshasa c'est toujours la fête. La relation est tellement forte. Le petit "Roger" a été toujours « notre petit » même s’il a bien bien grandi, et on s'est occupés beaucoup de lui aussi. Ils ont gardé la tête froide, on fait aussi attention pour ne pas qu’ils se fassent arnaquer dans le business dans lequel ils évoluent maintenant. On surveille pour éviter des incompréhensions.
Ils aimeraient bien faire "Benda Bilili 2", mais je leur ai dit, c'est assez...

Un dernier mot pour les visiteurs du portail
La puissance du cinéma est telle qu'il y ait des gens qui peuvent nous paraitre si loin culturellement, mais au cinéma vous sentez très proches.Au cinéma les émotions sont accentuées et  je trouve que cela est très important.