Cocorico_3

Propos du réalisateur


« Et ici, le fait d’être seul n’avait pas été un bien gros obstacle. Evidemment, je tournais en 16 mm, sans jamais me servir de pied, la caméra toujours à portée de la main. J’avais trouvé, dans le personnel indigène, des assistants de premier ordre pour aider au chargement de la caméra ou même, comme Damouré Zika, pour prendre des photos quand je filmais… Je pensais alors, comme je continue à le penser aujourd’hui, que c’est uniquement avec des équipes composées en majeure partie  d’indigènes originaires des régions où  l’on doit séjourner (il suffira de quinze jours d’apprentissage) que de vrais cinéastes peuvent réaliser des documents valables. »

Jean Rouch : Alors le blanc et le Noir seront amis : Carnets de mission 1946-1951 (Mille et une nuit –2008)

 

« Ce film a peut-être été le plus drôle à faire. Lam avait proposé un documentaire sur le commerce du poulet, nous décidons d'en faire un film de fiction réalisé par Dalarou, nouveau réalisateur multinational et tricéphale : Damouré Zika, Lam Ibrahima Dia, Jean Rouch. Nous avons été dépassés dans l'improvisation par les incidents : la voiture de Lam n'avait ni freins, ni phares, ni papiers. Ses pannes continuelles modifiaient sans cesse le scénario prévu (…). Alors l'invention était continuelle et nous n'avions aucune autre raison de nous arrêter que le manque de pellicule ou le fou rire qui faisait trembler dangereusement micros et caméras. » Jean Rouch (propos ; 1982)

 

« Tous mes films sont des films d’amateurs. Il y  a cependant une très grande rigueur et une très grande habitude. Je maniais la caméra comme dans un reportage. En longs plans séquences improvisées. En même temps je dirigeais les acteurs. Nous n’avons pas eu un seul plan foutu. Je ne me suis pas servi de cellule. Et pour finir nous avons monté sur la copie originale, en bricolant un peu la table de montage pour éviter les rayures. » (Entretien : Libération : 7/2/1977).

BATAILLE SUR LE GRAND FLEUVE

Documentaire de Jean Rouch (1950 ; 30 minutes)

Jean Rouch est resté quatre mois sur une pirogue pour filmer cette technique de la chasse à l'hippopotame qui est surtout un rituel où les pêcheurs refont une alliance avec le fleuve Niger
Le métrage de la pellicule ne permet pas des plans de plus de 22 secondes ce qui donne au film sa dynamique avec son montage rapide et ses changements d'angle obligatoires.
Film tourné avec un objectif de 25 mm sans possibilité de zoom. Pour prendre en gros plan, il faut se rapprocher. Pas de table de montage sonore. Les sons sont transcris sur disque puis mixés sur piste optique en même temps que le commentaire
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Lors de la première projection aux indigènes, ceux-ci reprochèrent à Jean Rouch d'avoir mis de la musique : L'hippopotame a de grandes oreilles: s'il entend, il fuit. Jean Rouch, se sentant victime du cinéma classique, décida depuis lors de n'utiliser qu'avec la plus extrême parcimonie la musique.
Source : Entretien avec  Enrico Fulchignoni en 1982 (DVD Jean Rouch ; Le geste cinématographique.)

Extraits critiques