Les Lip: Propos du réalisateur
Les Lip synopsis

EXTRAITS CRITIQUES


« C’est parce qu’il revendique le plus radical et le moins impartial des points de vue que Les LIP, l’imagination au pouvoir échappe au lot commun de la production documentaire. Refus d’instruire à charge et à décharge, maîtrise des choix hagiographiques : l’accouchement de l’une des grandes utopies ouvrières françaises du XXe siècle devient modèle de l’entreprise cinématographique... C’est aux antipodes d’un historicisme momifiant que le dispositif brasse la question du devenir important alors les moments de glissements où se prennent, rarement unanimes d’emblée, les décisions les plus significatives. Crucial l’instant ou les LIP, qui viennent de libérer les administrateurs qu’ils avaient séquestrés, choisissent de s’approprier les montres.
Essentiel, le doute qui saisi les premiers réembauchés au moment de leur retour victorieux. Exemplaire, l’étonnement dubitatif du cadre amené) faire visiter l’usine à des cars de pèlerins revenus de Lourdes. Et capital, aujourd’hui, le bras d’honneur qu’adresse Neuschwander au patronat qui l’a jadis trahi...
Comme si importait d’abord l’entrée en transgression, comme on entre en église, de ceux qui combattent la résignation. S’actualise de fait, durant tout le film, un modèle religieux qui se pare de valeurs résistantes afin d’opposer au pouvoir une cohorte modeste de saint laïcs, d’horlogers crucifiés et de prêtres complices. LIP pour l’éternité, en somme. »

Thierry Méranger (Cahiers du Cinéma - mars 2007)

« Lip, ce n’est décidément pas fini : plus de trente ans après, l’aventure revient comme un boomerang. Les Lip, l’imagination au pouvoir, le film de Christian Rouaud n’est pas seulement l’un des plus beaux documentaires réalisés en France sur un mouvement social. C’est aussi, au-delà de la leçon d’histoire, un brûlot politique : une remontée aux origines de la crise de l’emploi dans le monde occidental, et un éloge de la révolte. Avec pour date charnière cette année 1973, qui marque la rupture entre les Trente Glorieuses et le début de ce que Charles Piaget, leader syndicaliste (CFDT) de Lip, appellera bien plus tard « les années de honte », celles du chômage de masse. Une date qui marque aussi, selon Claude Neuschwander, patron de Lip de 1974 à 1976, « la mort du capitalisme d’entreprise et l’avènement du capitalisme financier ».

René Solis (Libération : 20 mars 2007)

  

« Le film, qui dure près de deux heures (on en redemande !), relate ce conflit social d’une ampleur inégalée à ce jour. A travers une série d’entretiens, alternant avec des images d’archives, et dans un ordre chronologique, Christian Rouaud nous fait rencontrer l’histoire ouvrière.
Cette histoire, racontée ici par ceux et celles qui l’ont vécue, est faite de prêtres ouvriers, de cadres, de PDG, et surtout d’ouvriers -hommes et femmes- que rien ne destinait à devenir un jour des meneurs de grévistes. C’est un mérite certain du réalisateur : il aime ces personnes qui ont fait le conflit LIP. Et ça se voit ! » 

 Daniel (Nîmes) Le Monde libertaire n°1467 du 1er au 7 mars 2007


Ecoutés avec attention et respect, les acteurs de la lutte témoignent de cette épopée, de leurs engagements et de ses répercussions dans leurs vies privées. Dans un premier temps, si la forme apparemment convenue de la réalisation ne laisse pas présager de surprise, la force des récits de l’émotion toujours vive de huit d’entre eux, plus de trente ans après, nous entraînent dans un lyrisme inattendu.
Syndicaliste, prêtre ouvrier, ouvrière ou patron moderniste, la parole de chacun est respectée. Tous sont d’admirables conteurs, passionnés, révoltés, déçus parfois, mais jamais aigris, porteurs d’une mémoire qui les anime aujourd’hui encore d’une authentique ferveur. Le verbe peut s’installer dans le temps (le film dure près de 2 heures), donnant à entendre une histoire collective qui, loin d’être dogmatique laisse sourdre une humanité.

Vincent Thabourey - (Positif - Mars 2007)

PROPOS DU REALISATEUR

SYNOPSIS