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EXTRAITS CRITIQUES

SUITE des EXTRAITS CRITIQUES

« Ce qui est frappant dans ce documentaire c’est sa pudeur, l’absence de voyeurisme. Il y a une véritable empathie entre le cinéaste et cette famille. Cela doit provenir de la méthode utilisée par Thomas Ciulei. Il ne filme pas en direct les scènes. Celles-ci ont été vécues au préalable, et en accord avec les membres de la famille, elles sont re-vécues pour être filmées. L’image ainsi n’est pas « volée », mais assumée par toutes les parties prenantes. Par ailleurs, la nationalité roumaine du cinéaste en fait un observateur qui se garde bien de voir la réalité moldave comme une « curiosité » : elle est proche de ce qu’il peut voir aussi dans son pays. »

 

Gilles Ribardière (Portail francophone de la Moldavie)

 La mère se rappelle à sa famille de multiples façons : par l’arrivée d’un colis, par la brièveté d’une communication téléphonique, par un dessin au coin d’une porte la représentant avec une robe et un grand chapeau noirs sous un soleil flamboyant, par la durée même du film étalé sur plusieurs saisons. Parfois, Costica parle seul devant la caméra, tirant le bilan des actifs et des passifs de la journée. Le film change alors de statut et nous donne sa clé : si, pour le réalisateur, il est initialement une description émouvante de la dégradation de la situation des paysans en Moldavie, pour Costica, c’est le moyen le plus astucieux d’écrire à sa femme et de lui donner des nouvelles des siens. Le film s’inverse alors : vu par la mère, il est tout ce qui lui manque."


Yann Lardeau : Le film documentaire

« Le pont des fleurs, c’est ce qui relie la Roumanie et la Moldavie. Le cinéaste quitte cette fois la terre roumaine –où il a réalisé tous ses films- pour se rendre dans ce pays ami des roumains qu’est la Moldavie…

Ciulei tourne toujours en pellicule ce qui l’oblige à penser le film à l’avance vu son coût. En effet, le numérique est un outil technologique puissant. Il a permis de démocratiser la pratique du cinéma. Mais il a également ses effets pervers. Avec une caméra de ce type, on filme autant qu’on veut puisque le coût des cassettes est dérisoire. Trop souvent, le réalisateur entre dans une logique de flux. Il filme tant qu’il peut, à tout va. Ensuite, il se pose les questions lors du montage et tente de recoller les morceaux du mieux qu’il peut. Ciulei ne fait pas partie de ceux-là. C’est un cinéaste de la maîtrise. Il est impossible pour lui d’entrer dans une démarche de cinéma vérité. Cette situation est pour lui trop angoissante. « J’aurais l’impression de toujours courir après quelque chose » dit-il. Ce qui ne l’empêche pas d’admirer le travail de Jean Rouch qui selon lui est le seul à réussir ce genre de film. Il a besoin de penser son film en amont. La pellicule, ça ne se gâche pas. Cette manière d’appréhender le cinéma confère au film un caractère fictionnel. On notera par exemple une utilisation régulière du champ / contre-champ ou encore un cadrage toujours très précis. Alors que les difficultés de la vie quotidienne pourraient très vite dévier vers une exacerbation du pathos, la maitrise et la mise à distance induite par Ciulei place le spectateur dans une logique réflexive.


Dans le cas de son dernier opus, il a fait le choix de partager la vie quotidienne de cette petite famille pendant plusieurs mois. Le cinéma de Thomas Ciulei se base souvent sur l’observation. Il regarde et puis repère les choses qui l’intéressent. Ensuite, il discute de la mise en scène avec les protagonistes, pour finalement rejouer la scène face à la caméra. Les sujets filmés contribuent donc pleinement à l’élaboration du film. Ils participent à la mise en scène et deviennent les véritables acteurs de leur propre histoire. Ils posent leurs limites tout en parlant de leurs envies.


Lionel Ravira (http://www.desimages.be/)

Podul de Flori est plus qu’une chronique de la vie en autarcie de cet homme seul avec ses enfants, au jour le jour, il est aussi un film pédagogique. Pas une de ses actions que le père n’explique à ses enfants, pas un ordre dont il ne donne les raisons. Il fait de sa vie une pièce de théâtre où les corvées se muent en jeux, et dont ses enfants sont à la fois les spectateurs et les acteurs