Extraits_critiques

Propos de la réalisatrice

« Je cherche à trouver du beau dans le réel, dans le quotidien. Pour m’élever. Pour moi le beau ce n’est pas le tiré à quatre épingles. C’est quelque chose d’incarné, de vivant, de spontané. Je cherche de la grâce qui révèle de l’humain… L’esthétique tient à l’attention portée aux détails. Dans ce film ce sont des aplats et des taches de couleur rouges, qui vous accompagnent d’une histoire à une autre ».

C’est l’histoire de quelqu'un qui se contient. Il faut donc que ce soit très clair, très cadré.


C’est quoi se contenir ?

C’est savoir qu’on est un marginal, un excentrique, et vouloir se conformer quand même parce que c’est difficile d’être tout le temps en lutte contre le monde, c’est épuisant, ça vous rend toutes choses très compliquées…

La mise en scène c’est une exigence, ça n’est jamais par hasard. C’est une épure, c’est l’éthique. Et à l’intérieur il y a l’humain.

C’et l’histoire d’une femme moderne, morcelée, qui tombe. Qui tombe dans un trou d'air dans le réel où elle n'arrive plus à négocier avec le quotidien.

Il faut apprendre à conduire sa vie. Comment faire quand on est tellement chargé de soi-même ? Quand votre vie, vos sentiments, vos émotions vous débordent  beaucoup plus que l'action à faire. Comment on fait pour vivre la vivre la vie de tout le monde si on est autrement, si la norme ne vous convient jamais ?


La totalité du langage cinématographique m’intéresse, c’est à dire le cadre, la couleur, les costumes, les décors, la lumière, le maquillage, la pellicule, le son, quels acteurs on choisit, qu’est ce qu’on leur raconte. Trouver son propre vocabulaire, sa propre grammaire. La radicalité du film se situerait là, sur ce que l’on regarde et comment on le raconte.

(Entretien publié dans le livret accompagnant le DVD)

EXTRAITS CRITIQUES (suite)

 

« Orange aiguilles. Les chaussures, elles sont orange, à talons aiguilles. On les remarque beaucoup aux pieds de Laure Marsac, parce que le premier film de Laure Marsac, avec Laure Marsac donc, est composé de moments qui ne remarquent pas. Et cela fait un film remarquable...Avec son air modeste d’enquiller trois petites nouvelles, le film est très ambitieux, il invente un territoire à lui, des distances pour nous qui ne viennent de nulle part. »

Jean-Michel Frodon (Les Cahiers du cinéma N° 621  mars 2007)

«s’attachant loin de toute entreprise sociologique, aux rapports qu’entretient une jeune femme avec le fait de conduire (de diriger ?) et plus généralement avec la voiture - depuis le modèle d’autonomie bourgeoise qu’elle représente jusqu’aux connotations érotiques et sexuelles dont elle est le vecteur– Laure Marsac semble bien davantage soucieuse de peser les termes de son propre rapport au cinéma, d’en définir les enjeux intellectuels et esthétiques, d’en décliner les figures : maigreur de l’intrigue et du dispositif narratif, intangibilité des durées, étirement du cadre, pertinence chromatique...»

Roland Hélié (L’Annuel du cinéma 2008)

EXTRAITS CRITIQUES