Terre_cendres_2

Propos

Propos du réalisateur

« Nous sommes en 1981, c'est un matin, j'emprunte depuis deux semaines une piste poussiéreuse qui mène à une mine de charbon dans le nord de l'Afghanistan. Je suis là afin de réaliser un reportage sur la vie ouvrière des mineurs. Avant de prendre la piste de la mine, je traverse un pont où j'aperçois un vieillard adossé au parapet, le regard perdu. A côté de lui, un petit garçon regarde curieusement les passants et les camions qui traversent le pont. Ces deux regards me clouent sur place (...) Je vois dans leurs yeux toute la catastrophe d'une guerre (...) Je veux les prendre en photo, malheureusement ou pas, l'appareil ne fonctionne pas. Ces deux visages restent gravés dans mon esprit. Vingt ans après, j'emprunte de nouveau la piste poussiéreuse de la mine... Dès les premiers instants, on s'aperçoit que l'environnement est dépouillé, réduit à un pont, une route et un chemin... On se rend compte tout de suite d'un côté, de la beauté grandiose du paysage afghan et de l'autre, de la dureté d'une nature et d'un pays marqué par la guerre. »

« Au beau milieu des montagnes informelles et ondulées, le pont se positionne comme un trait d'union entre les deux berges d'un lit de rivière asséchée. Il sépare et réunit deux mondes différents. Le pont est mutilé, le parapet est démembré, la rouille apparaît sur la ferraille (...) Au nord, à la sortie du pont, l'échoppe donne un peu de vie au paysage. Au sud, à la sortie du pont, la guérite surveille l'entrée de la piste de la mine qui serpente depuis la route vers les montagnes. Voilà les trois personnages de ce décor principal, le pont, l'échoppe et la guérite. Ils font partie du tableau que constitue le paysage (...) Ce pont est à l'image du pays : une route suspendue sur une rivière asséchée. Un pont qui sépare et qui relie les deux rives, les deux mondes, le passé et le présent, l'attente et le voyage. »

"Le temps du récit est un temps suspendu. Le passé et le futur prennent forme fragmentairement dans l'esprit des personnages. C'est dans l'espace-temps du présent que resurgissent les scènes du passé (en flash-back). Comme dans Les Fraises sauvages d'Ingmar Bergman, tout ce que vivent et voient les personnages reflète directement ou indirectement ce qu'ils ont vécu dans le passé, comme un jeu de miroir. C'est l'attente, l'angoisse et le doute des personnages qui caractérisent la structure dramaturgique du film. »

« «Je suis bouddhiste parce que je suis conscient de mes faiblesses; je suis chrétien parce que j'avoue ma faiblesse; je suis juif parce que je me moque de ma faiblesse; je suis musulman parce que je combats ma faiblesse. Et je suis athée si Dieu est tout puissant».