Le paradis des betes_Propos de la réalisatrice
Le paradis des betes_synopsis

 EXTRAITS CRITIQUES


«Actrice depuis une vingtaine d'années (notamment chez  Christian Vincent et Jean Paul Salomé Estelle Larrivaz passe aujourd'hui, selon l'expression consacrée, de l'autre côté de la caméra. En dépit de la courte distance qui caractérise ce genre de parcours, nombreux sont les impétrants à se prendre les pieds dans le tapis du bien nommé "film d'acteur". Rien de tel avec Le Paradis des bêtes, premier long métrage totalement convaincant, qui impose sa grâce et son mystère sur un sujet pour le moins escarpé. Non pas tant parce que le film est tourné dans les Alpes que parce qu'il met en scène la violence incontrôlable d'un père de famille à l'égard de sa femme et de ses enfants.» Jacques Mandelbaum (Le Monde : 13/08/2012)

« Premier film que n’aurait pas renié dans sa singularité de ton Delphine Gleize, Le Paradis des bêtes a remporté le prix du public au festival Premier Plan d'Angers. Une récompense tout à fait appropriée pour cette œuvre d'une grande justesse qui épouse le regard de deux enfants au moment périlleux de la séparation. D'autant que la rupture s'opère dans le drame, celui de la violence d'un époux volage et le kidnapping de ses enfants qu'il arrache à leur mère. Loin de la fantaisie de son affiche promotionnelle (qui n’a à peu près rien à voir avec le ton du film !), Le Paradis des bêtes est une première œuvre sombre, qui bouscule nos émotions, par ses audaces narratives et sa volonté de composer des plans formidables à la texture argentique, avec des paysages dont la réalisatrice capte toute la puissance d’évocation. Dans un magnifique élan de consensus, elle clôt son histoire par une pirouette intelligente, celle d’un cinéma en état de grâce, où écriture et mise en scène coopèrent au nom d’une vision artistique personnelle qui force l’admiration. »

Frédéric Mignand (À voir A lire)

«Estelle Larrivaz a commencé sa carrière en tant que comédienne chez Oliver Assayas, Cédric Klapisch et Cédric Kahn, entre autres. Après un court métrage remarqué en 2002, Notre père, elle réalise aujourd'hui son premier long métrage, Le Paradis des bêtes qui décrit la séparation d’un couple dont les enfants sont à la fois les témoins et l’enjeu. Un sujet courant donc, pour ne pas dire banal… Mais que la réalisatrice parvient à traiter avec une grande finesse...Face à un monde d’adultes fait de mensonges et de manipulations, le regard des enfants, que la cinéaste nous fait ponctuellement épouser, se fait tour à tour rêveur et lucide, insouciant et inquiet. Sous leurs yeux, les illusions font place aux faits, et à la force brute, animale, des émotions humaines : la violence, la cupidité, mais aussi l’amour, absolu et inaliénable, d’une mère pour ses enfants. Grâce à une mise en scène aussi simple que puissante, Estelle Larrivaz nous livre un récit initiatique à la fois cruel et beau.»

François Barge-Prieur (Annuel du cinéma 2013)


«… Estelle Larrivaz construit un film plein et mystérieux, plus proche du conte que du drame de la violence conjugale. Pour ce faire, elle s’attache aux réactions des enfants : Clarisse, la fille ainée qui comprend, qui calcule, qui juge ; et Ferdinand, le petit garçon, qui fait confiance et s’en remet  à celui qui prend soin de lui. Magistralement interprété, notamment par Stefano Cassetti, père indigne et père aimant, brute épaisse et  enfant perdu, le film  est ancré dans des paysages de montagnes inquiétants (une grande villa au bord du lac d’Annecy, un hôtel d’une station suisse), et fait alterner avec justesse des instants de grande violence et des moments de calme trompeur, presque plus oppressants… Il y a dans Le Paradis des bêtes une Nuit du chasseur qui se dissimule, sans que cette référence soit de quelque manière écrasante, tant la cinéaste a su construire un monde qui lui est propre dans ce premier film réussi.»

Jean-Dominique Nuttens (Positif N° 615; mai 2012


«Le Paradis des bêtes, c’est son plus grand mérite, s’en tient à la chronique réaliste de la désunion d’une famille sous les coups répétés d’un mari brutal (même si père attentionné), qui finira par kidnapper ses deux enfants – et lancer le film sur la piste d'un thriller domestique. Il y a un peu de Cédric Kahn (à son meilleur) chez Estelle Larrivaz, qui saisit en quelques traits la douleur contaminant un couple lorsque la nature la plus vile prend le dessus et que l'argent s'en mêle (avec en sous-main un captivant portrait de classe d'une petite bourgeoisie obsédée par la possession), sans jamais trop appuyer ses effets dramatiques, toujours sur le ton juste.»

Romain Blondeau (Les Inrocks : 13/03/2013)