Se battre_Paroles de cinéastes
Se battre_Synopsis

 EXTRAITS CRITIQUES


« Ce film ressemble à un album  de famille. On tourne les pages,  on regarde les visages et on imagine leurs histoires. Tous ceux qui apparaissent  dans l’album représentent, pourtant,  ces millions qui sont aujourd’hui les ignorés, les rejetés, les perdants oubliés  de notre économie, celle du  capitalisme mondial et spéculatif. Voici les portraits, les yeux aux expressions singulières,  les voix, les apartés de ceux dont  les médias, les hommes politiques et les tenants du Marché ne parlent jamais. Ouvrez cet album, vous les rencontrerez  et ainsi prendrez conscience  de ce que tous, nous vivons. »

John Berger (Romancier et critique d’art)

« Voilà, on ne le dit pas, peut-être les mots manquent-ils, vu que «des travailleurs pauvres, avant, ça n’existait pas ». En ce début de XXI° siècle, ça existe. Ce sont eux que filment Duret et Santana, leurs gestes, leurs regards, leurs sourires, comme ils filment ceux qui les aident. La misère qu'ils ont captée naguère au Brésil, ils l'observent aujourd'hui en France, elle ne cesse de grandir, et ça va vite, très vite. La misère, vraiment ? Non, sourit une femme, employée à trier des poireaux, « la misère, c’est les gens qui dorment dehors ». Au cinéma, trop loin ou trop près, c’est flou, on ne voit rien, on n’entend pas. Jean-Pierre Duret, l’ingénieur du son des plus grands, de Pialat aux Dardenne, et sa compagne Andrea maintiennent en permanence la bonne distance. Ils donnent à voir et à entendre, ils n’expliquent rien et on comprend tout, on voudrait que le film dure encore des heures et en même temps qu'il s'arrête, pas faute de combattants, non, mais faute de ces malheurs-là à combattre. »

Pascal Mérigeau (Le Nouvel Observateur : 06/03/2014)

  

« Toutes les humeurs coexistent : la détresse et la mélancolie, certes, mais aussi l’humour, la violence, la révolte. Un thème se dégage et donne sa couleur à l’ensemble : celui du temps. Temps qui consume les vies, temps consigné dans un journal intime, temps que l’on accorde à l’autre, temps qui permet d’espérer. Temps aussi que prend l’un des techniciens les plus demandés du cinéma français, pour tendre sa perche en dehors des horaires syndicaux (un bénévole le lui fait remarquer, provoquant la seule réaction audible du preneur de son !), à l’écoute d’un monde qui fait honte à notre société, et que nous côtoyons tous les jours sans le voir. »

Yann Tobin (Positif : N° 637 : mars 2014)

 

« Jean-Pierre Duret et Andrea Santana ont réalisé un film particulièrement émouvant qui est consacré à ces silencieux, à ces invisibles, à ces gens sans parole. Se battre est un documentaire tourné à Givors (dans le Rhône, entre Saint-Etienne et Lyon), ville ouvrière victime de la désindustrialisation. Pour qui la connaît, ville triste s’il en est. La caméra suit des personnes modestes, pauvres, très pauvres, dignes, très dignes. Parfois, on les voit seulement évoluer dans leur quotidien, parfois ils expriment ce qu’ils ressentent. Et les mots, les phrases qu’ils prononcent ne peuvent laisser insensibles. La projection terminée, on éprouve de la colère. Contre un système qui jette sur le pavé tant de gens qui se taisent, et aussi contre ceux qui déversent à longueur de journée, dans les média, des politiques ou des « experts », leur mépris à l’encontre de ces misères et de ces parias qui, pourtant, se battent pour survivre. Car ils se battent au quotidien, à leur manière, pas de façon tonitruante, pas un combat public, mais une bataille de tous les instants, cachée, isolée. Et l’on vient à se demander, alors que l’on bénéficie d’un certain confort, où trouvent-ils, eux, les ressources de leur combat ?...

Jean-Pierre Duret n’imaginait pas découvrir en France une telle situation, lui qui avait, auparavant, traité de la pauvreté au Brésil où il a tourné plusieurs films sur le sujet avec Andrea Santana. Il a voulu donner la parole à ces pauvres non représentés, non entendus, et affirmer que nous partageons avec eux des aspirations communes, qu’ils n’ont plus la possibilité d’exprimer. »

Yves Faucoup (Mediapart : 14/12/2013)

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« Je suis exclue de tout. Je ne fais plus partie du monde qui bouge, des voitures qui avancent, des gens qui partent tôt le matin et se dépêchent de rentrer le soir, qui vont faire leurs courses en vitesse, qui choisissent ce qu’ils veulent manger, ce dont ils ont besoin… les plaisirs qu’ils ont envie de se faire. Je suis exclue de tout ça. Des petits plaisirs, je ne m’en fais plus. »

Agnès