La terre outragée_Extraits critiques
La terre outragée _ synopsis

SYNOPSIS


Le 26 avril 1986, à Pripiat, non loin de la centrale nucléaire de Tchernobyl, Anya et Piotr se marient. De son côté, le petit Valery joue avec son père, Alexeï, ingénieur à la centrale. Lorsqu’un incendie se produit à la centrale, Piotr est réquisitionné: il quitte les réjouissances et ne reviendra jamais. Alexeï est contraint de garder le silence sur les événements et, après avoir envoyé sa femme et  son fils loin de Pripiat, il disparaît près de la centrale. Mais les effets des radiations se font de plus en plus violents.







Tchernobyl sur un plateau


«prises se font, dans le froid, sous la surveillance de policiers qui sont censés faire respecter les règles en vigueur dans la zone : ne pas manger, ne pas boire, ne pas fumer à l'extérieur (le guide qui énonce cette dernière recommandation le fait une cigarette à la main), ne pas s'écarter des endroits recommandés. La radioactivité varie fortement d'un endroit l'autre, à quelques mètres de distance. Sur le plateau de La Terre outragée, l'instrument de mesure principal n'est pas la cellule photoélectrique mais le dosimètre, qui émet des bips plus ou moins affolés selon la dose de radiation que l'on risque à tel ou tel endroit. Les trois jours suivants, l'équipe s'est installée à Pripiat. Sur la grande esplanade de la ville, expliquait Maxime, le guide attaché au tournage, "les 50 000 habitants ont été réunis le 29 avril (après avoir passé trois jours à trois kilomètres de la centrale en feu) et sont montés dans 1500 bus qui ont mis trois heures et demie à les évacuer. On leur avait promis qu'il seraient de retour trois jours plus tard". Un quart de siècle après, Pripiat est une ville fantôme. Le symbole en est une grande roue qui avait été montée pour la fête du 1er mai 1986. Sous ses nacelles immobiles, on recommence encore et encore les plans enneigés d'étudiants écoutant leur guide de cinéma, qui dit exactement ce que dit Maxime. Les règles de la zone sont faites pour être détournées. Il est par exemple interdit de boire de l'alcool, mais les épiceries de Tchernobyl offrent des dizaines de marques de vodka. Il ne faut pas s'éloigner du groupe, mais il suffit de demander gentiment pour pénétrer dans le centre culturel Energetyk, ainsi nommé en hommage aux travailleurs de ce secteur. Si Michale Boganim veut tourner autant dans l'ex-ville modèle de l'Union soviétique moderne (celle de Leonid Brejnev et de l'énergie nucléaire), c'est que la réalisatrice est fascinée par l'effondrement de ce modèle et qu'il n'y a sans doute pas de meilleur endroit au monde pour le mesurer.»

Thomas Sotinel (Blog : lemonde.fr )

Michale BOGANIM


«réel est au-delà du réel»

Michale Boganim, jeune réalisatrice franco-israélienne, née en 1972 à Tel Aviv, grandit en Israël. Elle étudie la philosophie à Tel-Aviv, les lettres à la Sorbonne et la réalisation à Londres. Après plusieurs courts métrages documentaires, parmi lesquelsDust, présenté dans la section Forum du Festival de Berlin en 2002, et Macao sans retour, sélectionné au Festival de Rotterdam en 2004, elle réalise la même année, son premier long métrage documentaire, Odessa…Odessa!. En 2011, elle dirige son premier film de fiction, La terre outragée, un drame sur la catastrophe nucléaire de Tchernobyl.




5 questions à Michale Boganim

- Pourquoi et comment êtes-vous devenue réalisatrice ?
J'ai d'abord fait de la photographie, j'ai ensuite intégré une école de cinéma, la National Film School de Londres. J'aspirais à réaliser des films conjuguant un ancrage dans un contexte historique, politique ou social avec une dimension esthétique affirmée...


- Pourquoi le choix d’une fiction et non d’un documentaire sur un sujet si sensible que la catastrophe de Tchernobyl ?
Je voulais raconter une histoire d’amour sur fond de catastrophe, je ne souhaitais ni une reconstitution historique, ni un pamphlet contre le nucléaire, mon ambition était de raconter l’invisibilité de la catastrophe à travers des destins personnels... Montrer un aspect humain, se placer du point de vue des gens, dans l'avant et l’après catastrophe. Seule la fiction me permettait une telle démarche.


- Quelles ont été vos sources d'inspirations et influences cinématographiques ?
Tout le cinéma russe et ukrainien de Dovjenko à Tarkosvki, ainsi que Hiroshima mon amour ou encore Pluie noire. Je me suis aussi inspirée des livres La Supplication de Svetlana Alexievitch et La Route de Cormac McCarthy... J'ai par ailleurs recueilli de nombreux témoignages sur la catastrophe.


- Comment êtes-vous parvenue à convaincre Olga Kurylenko de participer à ce projet ?
Olga a lu le projet et a adoré le scénario... elle voulait absolument faire le film, elle est ukrainienne et c’est une histoire dont elle se sent proche. Je pense qu’elle est parfaite pour le rôle. Elle a su donner une autre image que celle de la James bond girl....


Quelle place occupent les pays d’Europe orientale, et notamment l'Ukraine, dans votre filmographie ?
Je suis issue d’une famille ukrainienne ayant émigré il y a trois générations. J'ai déjà réalisé un film Odessa...Odessa ! qui traitait de la communauté juive d’Ukraine. On verra pour mon prochain film. 

Perspectives ukrainiennes : 21/04/2012

EXTRAITS CRITIQUES