Les trois soeurs du Yunnan_synopsis
Les trois soeurs du Yunnan_Propos du réalisateur
Les drôles de poissons chats_Propos de la réalisatrice
Les drôles de poissons chats_synopsis

« Cette histoire-là est à la fois fragile et immensément précieuse. Elle vient de la vie... Quand elle avait 22 ans, Claudia Sainte-Luce a rencontré Martha, une femme gravement malade, qui lui a ouvert les portes de sa maison, l'a accueillie dans sa famille. Elle en est remerciée, aujourd'hui, par ce film où s'exprime la fidélité au passé, où les personnages portent le nom de leurs modèles. La première rencontre de Martha et de la future réalisatrice a lieu dans une chambre d'hôpital : quelques mots sont échangés, rien d'important. Et pourtant, tout l'est. Tout commence...

En regardant sa propre histoire, la réalisatrice explore, avec délicatesse, un mystère. Que s'est-il passé, que s'est-il joué entre elle et Martha ? Claudia, qui vit dans une grande solitude, est, d'abord, spectatrice de cette tribu où chacun a son grain de folie. Et puis, progressivement, elle entre dans la danse... Pour Martha, ce temps d'adaptation n'existe pas. Auprès d'elle, Claudia a tout de suite sa place. Comme si elles se reconnaissaient... Une jeune fille qui n'a pas eu de mère en trouve une, et une femme qui aime ses enfants trouve une fille de plus. La réalisatrice réussit à suggérer la grâce de ce croisement miraculeux. Au moment où la vie se dénoue — car chacun sait Martha condamnée — un lien se noue. C'est dit avec une pudeur magnifique, à l'image du titre, qui désigne un petit aquarium cocasse et accessoire, chargé d'une affection secrète. L'attachement est une drôle d'histoire. Qui finit, ici, par devenir carrément déchirante. »

Frédéric Strauss, (Télérama, 26/05/2014)

« Comme son titre l’indique assez, Les Drôles de poissons-chats est un film en forme de chronique douce-amère, un poil décalé et très vivante. La tendresse qui l’enrobe peut surprendre : on a en effet connu le cinéma mexicain plus violent... D’ailleurs, ce premier long métrage signé par Claudia Sainte-Luce est paré de couleurs qui le rapprocheraient plutôt de l’Argentine, lui donnant un air de famille avec l’œuvre d’un Carlos Sorin ou, mieux encore, d’un Pablo Trapero et d’un Martin Rejtman. Pour l’instant au stade du premier effort, la jeune mexicaine ne se hisse cependant pas aux mêmes hauteurs que les deux derniers cités.

Le fait qu’elle ait donné à son personnage principal, tout au moins celui chargé de guider notre regard à l’intérieur de cette fiction, son propre prénom Claudia n’est pas un hasard ou une coquetterie. Elle l’explique dans l’entretien faisant office de bonus sur ce DVD : cette histoire est inspirée de celle qu’elle a vécu elle-même, cette rencontre avec Martha et les siens, elle l’a faite. Ainsi, on le comprend aisément, ce sujet, à la fois autobiographie et hommage à la ténacité extraordinaire d’une femme ordinaire, lui tenait particulièrement à cœur et son but premier devenait le respect d’une mémoire associé à la fidélité dans l’évocation de personnes bien réelles. La recherche est donc celle d’une fraîcheur de représentation, assurée à nos yeux par un défilé de visages inconnus (l’une des adolescentes de la famille tient à l’écran son propre rôle). Celle aussi d’une subtilité d’approche. Les Drôles de poissons-chats est une chronique de l’instant dans laquelle on ne s’attarde pas sur le passé des personnages au-delà de quelques données nécessaires, une retenue qui permet de rester dans une absence de jugement porté sur ce petit groupe socialement en difficulté, psychologiquement durement éprouvé mais ne perdant pourtant jamais sa dynamique joyeuse.


Ce groupe organise à une nouvelle venue un accueil sans condition autre qu’une écoute attentive, accueil conduisant à une intégration à la cellule familiale rapide et sans heurt (ce qui repose le spectateur usé par tant de conflits prévisibles et répétés à longueur de films "sociaux"). Si la première invitation est faite par la mère, l’acceptation par les autres apparaît souvent comme une sorte d’accaparement, la vivacité générale obligeant presque Claudia à suivre le mouvement et à accepter les visites puis l’installation dans la maison. L’un des principaux enjeux de la mise en scène était de "faire groupe" comme on dit "faire corps". Sur ce plan, Claudia Sainte-Luce s’en sort assez bien, y compris lorsqu’elle joue du contraste en montrant la solitude de l’héroïne hors du groupe dans des séquences décalées ayant pour décor un supermarché peu fréquenté (sans doute les meilleurs moments du film). Le tissage du lien est rendu sensible par la mise en valeur des gestes, des postures et des mouvements, en pariant sur une relative simplicité. »

 

Édouard Sivière (Les Fiches du cinéma)

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