Dérrière la colline_Synopsis
Dérrière la colline_Synopsis
Dérrière la colline_Propos du réalisateur
Dérrière la colline_Propos du réalisateur

EXTRAITS CRITIQUES


En digne héritier des frères Taviani, Emin Alper signe une œuvre brillante sur la peur de l'étranger et l'absurdité de la loi du talion, sans jamais avoir recours à des effets racoleurs.

Virgile Dumez, Critikat.com


Le premier long métrage d'Emin Alper est une étonnante composition, où des personnages d'apparence la plus ordinaire jouent une partition inquiétante, ironique et absurde.

Florence Maillard, Les Cahiers du Cinéma


Film politique sur la cohésion du groupe et la peur de l'autre, Derrière la colline est un récit incandescent sur la folie des hommes.

Sandrine Marques, Le Monde


À l'ombre de Nuri Bilge Ceylan (Il était une fois en Anatolie), le jeune cinéma turc continue à faire ses gammes. Le climat pesant de ce western sec comme le maquis a le don d'instiller le malaise... Au pied des massifs rocheux et des oliviers argentés, des hommes égrènent des chapelets en sirotant de l'arak. Faik, un éleveur de chèvres, reçoit pour les vacances son hédoniste de fils et ses deux petits-enfants. Mais peu à peu, une idée fixe vient troubler leur quiétude : les nomades, juste derrière la colline. (…)

 La musique aigrelette des clochettes du troupeau vire au refrain obsédant, le bourdonnement des mouches évoque irrésistiblement la proximité d'une charogne. « Peut-être que cet endroit rend sauvage », murmure l'un des héros... Entre les hallucinations de l'un des petits-fils et les incidents réels — un chien est tué, on tire sur le fils de Faik —, on avance à l'aveugle, happé par une atmosphère d'état de siège. (…) Quant aux nomades, ils ressemblent étrangement aux immigrés de certaines campagnes françaises. Leur point commun ? L'invisibilité.

Mathilde Blottière, Telerama, 10/04/2013


En utilisant avec maestria toutes les ressources du cinéma (y compris la caméra subjective), Emet Alper crée d’abord chez le spectateur un sentiment permanent d’angoisse vis-à-vis d’une présence perçue comme menaçante. Mais peu à peu, il distille un doute quant à cette présence extérieure décidément insaisissable. Dans le même temps, l’unité familiale des fermiers vole en éclat et révèle des secrets inavouables. De mensonges en mensonges se dessine l’image d’une société turque traversée de lignes de failles béantes. Ainsi, les plus jeunes qui viennent de la ville ne comprennent pas forcément les réactions de leur grand-père aux coutumes ancestrales, tandis qu’une fracture sociale apparaît nettement entre les propriétaires du lieu et leurs métayers. L’air de rien, le cinéaste ponctue son œuvre d’indices qui tendent à prouver l’inexistence de la menace située derrière la colline, soulignant subtilement l’autodestruction d’une société turque gagnée par la folie.

Grâce à un script malin, le réalisateur brasse un nombre conséquent de thèmes (la présence sur le territoire turc de la population kurde, l’omniprésence d’une armée dans un pays pas si démocratique ou encore le poids écrasant des traditions) sans jamais avoir recours à la facilité. Entièrement bâti sur le non-dit, Derrière la colline cherche à traquer les dysfonctionnements permanents d’une société à travers des regards, des attitudes et une tendance à choisir la violence comme seule réponse aux problèmes posés. Tout comme Michael Haneke, Emin Alper évite d’ailleurs de représenter cette violence à l’écran, au point de terminer son film par une séquence volontairement frustrante pour le spectateur. Alors qu’il nous invite à suivre une explosion de violence cathartique préparée par une musique martiale, le cinéaste nous laisse imaginer le massacre final en stoppant net la scène aussitôt suivie du générique final. Un moyen frustrant, mais ô combien brillant, de faire comprendre l’inutilité de toute forme de violence dans la résolution des conflits. Emin Alper est donc indéniablement un artiste à suivre de près.

Virgile Dumez, avoir -alire.com, 9 avril 2013


Alper a l’art de cadrer ses personnages en les perdant dans des décors écrasants. Un éden primitif coupé de la civilisation et qui fonctionne autant comme un écrin protecteur que comme un cercueil déjà presque fermé. L’absence quasi totale de référence au monde moderne (dans l’architecture de la maison, dans la nourriture consommée) achève de donner un écho fantastique à cet hors-champ imaginaire.

Grégory Coutaut, Film de culte.com