Les intranquilles_Synopsis
Les intranquilles_Propos du réalisateur

EXTRAITS CRITIQUES


Nous, les intranquilles, un documentaire original sur un monde trop souvent ignoré.

Le documentaire Nous, les intranquilles met le focus sur le centre d’accueil psychothérapeutique Artaud, situé à Reims, et ceux qui y vivent. L’institution a mis en place une groupe cinéma où ses participants peuvent mettre en scène leur vision de leurs pathologies. Là où beaucoup mettent des étiquettes, eux racontent leur quotidien et surtout leur propre représentation d’eux-mêmes pour illustrer une existence hors des sentiers habituels et du monde normé qui est le nôtre. Car loin de se considérer simplement comme malades, ils habitent un univers différent, tentant et divergent, mais non dénué d’intérêt.


Un documentaire pragmatique.

Le réalisateur Nicolas Contant commence à brosser un cadre, une intention, c’est ensuite aux différents participants de créer la suite. Le documentaire montre le Centre, ses patients pour ensuite s’évader dans des visions individuelles. Le collectif prend la suite et chaque protagoniste met en scène une image humaine de la folie, celle qu’il connait si intimement que son évocation laisse rêveur, donnant des pistes pour ceux qui ne la vivent pas. Chaque participant met en abyme les idées reçues de ceux qui se font une idée fausse de leurs existences. Ni exotiques ni dangereux, ils donnent une dimension artistique à leur univers. La souffrance existe, l’incapacité à supporter une vie qui pèse également si lourd qu’un traitement et un suivi semblent nécessaires. Mais le réalisateur offre une liberté totale pour abroger les barrières et les hiérarchies. Les intranquilles peuvent exprimer leur force intérieure et ouvrir une lucarne sur des réalités que beaucoup ignorent, que d'autres refusent mais qui existent, avec une vraie originalité et un potentiel d'apprentissage énorme pour tous ceux qui les méconnaissent.

Nous, les intranquilles est un vrai concept cinématographique plein de charme pour mieux connaitre ceux qui ne s’insèrent pas dans notre société si normée et peut être bien trop limitée pour des personnalités différentes.

Publik’Art

Le postulat d’un questionnement sur la folie suppose une interrogation sur la notion d’altérité: qui est l’autre que je nomme, parce que je me prends pour la norme, parce que je produis un discours depuis celle-ci? Partant de là, le documentaire procède très habilement selon un principe de mise en abyme, qui mime les effets du miroir tendu par ceux que l’on nomme ici des intranquilles. Le film maltraite le principe de la linéarité, en étant lui-même son propre documentaire: il met en scène le tournage de l'œuvre à faire, jusque dans ses tâtonnements qui démentent l'idée d'une production rationnelle. C'est la meilleure façon de prendre acte d'une aporie: parce qu'il est vain de cerner la folie et ceux qui, soi-disant, l'incarnent.

Autant la valider par une forme, dont les ruptures synesthésiques (images et sons) approchent la réalité d’une perception différente et plurielle. Du réel, des autres. Et autant confier la caméra à ceux qui sont concernés: les patients.


Le résultat s’avère globalement passionnant: il alterne les témoignages propres au genre du documentaire et des moments de pur suspens, qui réfèrent à la modernité artistique: le cubisme d’un Picasso ou le cinéma surréaliste des années 20, celui d’un Man Ray, par exemple. On pense en particulier au chef-d’œuvre L’étoile de mer et à son usage systématique du flou, en même temps que du montage syncopé. Toutes les ressources du langage cinématographique, rassemblées dans une intentionnalité hyperréaliste, s’attachent à saisir la spécificité des individus. Ainsi, le point de vue d’une patiente, circulant dans les transports en commun, est d’abord envisagé selon un gros plan du regard dont l’insondable mystère révèle une opacité obsédante. Celle-ci offre à la spéculation du réalisateur la possibilité de se déployer: un fondu enchaîné prend le relais, juxtapose l’image d’une gargouille et de cette femme, puis un slogan graffité succède -"là où je suis n’existe pas"-. On aimerait laisser ce singulier personnage à son épais mystère. Pourtant, la femme finit par produire une parole, pour se dire malade et rappeler qu’une expertise psychiatrique l’a définie comme telle, a même contraint cet aveu. Puisque les autres le disent, c’est donc que cela doit être vrai.

Prise dans les filets du savoir, encadrée par une structure institutionnelle, la folie brute est ramenée à la juste proportion d’un objet à contenir. Michel Foucault avait donc raison.

AVoir-Alire


Bruno avertit Nicolas Contant que son film est vain: soit il montrera la violence de la psychiatrie et le public ne retiendra que cela, soit il l’occultera et alors le film sera mensonger. Mais en le disant, Bruno résout relativement ce paradoxe, en faisant exister la thématique sans ancrer d’image persistante dans l’esprit du spectateur. De même, le Groupe Cinéma s’interroge sur l’image d’une patiente en plein délire, prenant soin d’elle en décidant de ne pas monter l’image, sans mentir toutefois sur cette réalité puisqu’il en en est tout de même question.

Rien n’est jamais acquis ou évident: ce qui constitue le collectif est en permanence à redéfinir. Et jusqu’au générique de fin, on voit les coutures de ce film en train de s’élaborer comme objet complexe, réflexif, critique, hétérogène, permettant la pluralité des regards: qui doit signer le film?

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