Tharlo : Le berger Thibétain_Synopsis
Tharlo : Le berger Thibétain_Propos du réalisateur

EXTRAITS CRITIQUES


Mixant romance, docu et polar, Tharlo...,de Pema Tseden, dresse un tableau social de son pays annexé par la Chine, où il a rencontré un succès inattendu.

Libération, Marcos Uzal


Tharlo est parfaitement clair dans son récit comme dans sa parabole. On suit dans un premier temps les pérégrinations urbaines d'un berger tibétain, vivant reclus dans ses montagnes et contraint d'affronter la bureaucratie citadine à l'occasion d'une nouvelle circulaire administrative sur la règlementation des cartes d'identité. Le ton est plutôt décalé, on ne comprend pas le fond de l'histoire à la première scène, il y a un côté presque involontairement comique dans la présentation du personnage.  (.) En toile de fond se dessine peu à peu un conflit larvé entre Chine et Tibet, entre ville et campagne, entre tradition et modernité.

www.je-mattarde.com, Morrinson

Montrer en Chine un film d’auteur est déjà un défi. Que ce film soit en noir et blanc, réalisé par un cinéaste tibétain, qu’il pose à travers une fable en apparence rustique des questions essentielles, sans que la censure n’en émousse la portée, alors sa sortie sur tout le territoire chinois fait date.

Ainsi va, depuis un mois, l’improbable carrière chinoise de Tharlo, cinquième film du cinéaste tibétain Pema Tseden, couronné depuis fin 2015 par plusieurs festivals internationaux. Tharlo, c’est le nom officiel de « petite natte », un berger tibétain des hauts plateaux de la province du Qinghai, à qui la police impose de se faire faire une carte d’identité. Cette démarche va le conduire à sa perte. (…) À 47 ans, Pema Tseden, premier Tibétain diplômé de l’Institut du cinéma de Pékin, savoure cette reconnaissance d’autant plus inattendue qu’il s’était retrouvé empêtré il y a cinq mois dans un sinistre imbroglio : arrêté après une altercation avec le personnel de l’aéroport de Xining, la capitale du Qinghai, sa province natale, pour un bagage oublié, le cinéaste s’est retrouvé en détention, maltraité puis hospitalisé plusieurs semaines – preuve que les rapports avec la police peuvent vite tourner au vinaigre, surtout en tant que Tibétain.

LETTRE DE PÉKIN, Brice Pedroletti (Pékin, correspondant Le Monde), 2016

Pema Tseden a atteint, dans son pays natal, une certaine notoriété en y devenant, il y a moins de dix ans, le fondateur du cinéma régional. Le Tibet a en effet longtemps représenté un no man’s land culturel où le septième art se limitait aux films de propagande maoïstes. C’est justement sur ce point précis que s’ouvre son cinquième film, à travers le discours récité par le rôle-titre, lui offrant ainsi, dès ses premières secondes, un discours politique sévère envers l’état de soumission que le pouvoir chinois a pu faire subir à son peuple. Le choix du noir et blanc, qui rend sa peinture du Tibet intemporelle, appuie encore plus ce constat d’une région du monde reculée incapable de s’émanciper de son propre passé. (…) L’héritage de la culture bouddhique, et en particulier l’importance que tient la charité est bien présent dans le sens sacrificiel que va prendre cet exode urbain. Dans un plan magistral, lors duquel Tharlo se fait couper sa natte dans un acte symboliquement castrateur, l’impossible mélange entre ces deux univers, de ces deux époques, est magnifiquement dépeint par la place de dominatrice qu’y prend la femme, apparaissant alors comme l’incarnation d’un monde moderne purement individualiste

aVoir-aLire.com, Julien Dugois

 

La beauté du noir et blanc également est porteuse de signification : Tharlo est un homme simple, qui voit le monde de manière relativement binaire et qui n’est pas armé pour affronter la nouveauté et l’altérité, qu’elles soient systémiques (les injonctions de l’État) ou économiques (le capitalisme et la frustration qui l’accompagne). La bande-son, de Dukar Tsering, musicien-compositeur, fidèle preneur de son de Pema Tseden vient elle aussi renforcer le propos du film: le spectateur est assailli par des bruits de fond venant de toute part, quand Tharlo est en ville. Radio, chansons, bouilloire, clignotants, piétons, motos, publicités, tout contribue à brouiller l’attention. En montagne, par contraste, le silence règne, entrecoupé par le tictac d’un vieux réveil, par les chants traditionnels à la radio, par le bêlement des agneaux et par les loups qui rôdent. (…)

Cinéma sans frontière, Josiane Scoleri 

Synopsis

Propos du réalisateur