CONTEXTE

Edson est l’une des voix du Mouvement des Sans Toits à Brasilia, qui réclame le droit à disposer pour chacun et chacune d’un habitat qui ne soit plus précaire. Alors que la stratégie du gouvernement brésilien a consisté à criminaliser la lutte, les mouvements citoyens s’installent durablement.

Mediapart, Cédric Lépine

De 2012 à 2018, la réalisatrice Dácia Ibiapina a suivi les opérations des membres du Mouvement des Travailleurs des Sans Toits (M.T.S.T.) dans la capitale de Brasilia tout en recueillant leurs divers témoignages. De la présidence de Dilma Roussef à celle de Jair Bolsonaro, alors que la réforme agraire était une des priorités de la campagne présidentielle de Lula, l’accès à une terre vivrière en milieu rural comme à un habitat digne en ville est toujours problématique pour des millions de Brésiliens et Brésiliennes. Aussi le Mouvement des Sans Toits s’est construit dans la continuité de celle des Sans Terre et rappelle une problématique fondamentale d’inégalités sociales dans un pays où 1% de la population possède près de la moitié du pays.

Alors que le Brésil accueillait successivement la coupe du monde de foot (2014) et les jeux olympiques (2016), les politiques urbanistiques ont eu comme priorité de construire des grands stades et chasser des hommes et des femmes en situation précaire de leurs habitats. La réalisatrice montre que sous la présidence de Dilma Roussef la sensation de trahison était en cours déjà bien avant la virulence de Bolsonaro contre les plus démunis parmi la population. En débutant et terminant sur les images télévisées d’une opération armée aux moyens colossaux pour chasser des personnes d’un immeuble occupé illégalement, la réalisatrice dénonce la violente campagne de communication visant à criminaliser un mouvement légitime.

Reflets du cinéma brésilien, billet d’abonné

Dácia Ibiapina

Est une réalisatrice brésilienne. Après un diplôme d’ingénieure en Génie Civil et une maîtrise en Communication à l’Université de Brasilia, elle obtient un doctorat en Développement, Agriculture et Société à l’Université Fédérale Rurale de Rio de Janeiro en 2002. Professeure à l’Université de Communication de Brasilia, elle enseigne notamment l’histoire du cinéma et la réalisation documentaire. Son terrain d’études et ses films sont centrés sur les mouvement sociaux et politiques. Elle a notamment réalisé en 2014 Ressurgentes, um filme de ação direta qui suit un groupe de militants issus de mouvements autonomes dans la région de Brasilia de 2005 à 2013.

EXTRAITS CRITIQUES

L’hôtel Torre Palace, immeuble situé au centre-ville de la capitale brésilienne, était abandonné depuis 2013. En 2015, il a été occupé par une centaine de membres du M.R.P., Mouvement de Résistance Populaire, groupe dissident du M.T.S.T. (Mouvement des Travailleurs Sans Toit) dirigé par Edson Francisco da Silva. Dès la première séquence, faite d’un montage parallèle entre les images de l’expulsion violente du Palace et les plans des manifestants favorables à la destitution de la présidente Dilma Rousseff (2016), le film de Dácia Ibiapina place la lutte populaire engagée dans la question du logement dans un contexte de recrudescence des forces de droite qui culminera avec l’élection de Jair Bolsonaro en 2018.

UFMG (Université fédérale du Minas Gerais – Brésil), Cláudia Mesquita,

Un film perspicace pour comprendre les enjeux défendus autour de cette problématique de l’accès au logement dans les villes brésiliennes et la campagne de communication visant à criminaliser la voix de la contestation citoyenne

Club de Médiapart, Cédric Lépine

Une société brésilienne sous tensions dans Où est Edson? L’élection de Jair Bolsonaro n’est que l’aboutissement d’un processus de tension extrême de la société brésilienne: entre tentatives d’assassinat, corruption et violence policière, la lutte pour la dignité du Mouvement de Résistance Populaire est le théâtre d’une société qui se fracture au rythme des coups de matraques et des appels aux meurtres.

Tënk, regards de cinéastes sur le réel