04-02-Le genou d'Ahed_Synopsis
04-03-Le_genou_d_ahed_Propos du réalisateur

Lapid ne se fait donc ici aucun cadeau car il ne faut pas être grand clerc pour deviner qu’Y. C’est lui et personne d'autre. Comme Y., Lapid a perdu sa mère voilà peu. Comme Y. toujours, il est allé présenter son film, L’Institutrice, dans des circonstances similaires. Comme Y. encore, il éprouve une passion pour Vanessa Paradis, ce qui a engendré une des scènes musicales qui ponctuent le récit, sur le Be my baby période Lenny Kravitz. Et c’est précisément parce qu’il ne se fait pas de cadeau que son film n’est jamais complaisant, ni avec le spectateur ni avec son pays, ni avec lui-même. Il ne se donne pas facilement et, pourtant, vous renverse comme un ouragan balaie tout sur son passage. Le geste de cinéma est fort car jamais contraint par tel ou tel producteur qui lui aurait suggéré de réduire çà et là la voilure de l’indignation. Comme Y.,., Nadav Lapid prend des coups et y répond, faisant du spectateur la victime régulière de quelques dommages collatéraux. Une victime consentante car fascinée par le défi relevé ici par le réalisateur : traduire en images une haine, celle qui le bouffe face au recul de la démocratie dans l'Israël de Netanyahou. Du cinéma vécu comme un sport de combat.

Thierry Chèze, Première

EXTRAITS CRITIQUES

Il y a bien une force cosmique à l’œuvre, dont Le Genou d'Ahed est la meilleure illustration; pas seulement car le désert de l'Arava est lunaire, mais parce qu'on tente d'y absorber ce qui fait l'Israël contemporain, autrement dit l'état d'âme d'un pays aux mille paradoxes, terreau d'un déchaînement de passions contraires.

David Ezan, La Septième Obsession


L’œuvre du réalisateur est explosive comme peut l’être un tableau, lorsque le trait est suffisamment fort
pour faire entendre un cri. Nadav Lapid ose l’outrance, les ruptures de ton. Il malaxe et réduit la folie militaire pour mieux la désarmer, dans des chorégraphies pop et grotesques. Il met le doigt sur l’anomalie, installe le malaise, afin que le spectateur s’y perde. Le cinéaste nous emmène dans les recoins les plus sombres de ses pensées, et pourtant, ultime miracle, son personnage peut retrouver grâce et légèreté en écoutant une chanson, un simple tube qui ravive des souvenirs, Be My Baby, par Vanessa Paradis. En filmant l'ombre de Y., dansant sur les cailloux, le chef opérateur Shai Goldman crée le plus troublant des fantômes du désert.

Clarisse Fabre, Le Monde

Sujet à controverse en Israël, cet opus théorique et viscéral explore la difficulté à dire sa colère dans une démocratie souillée.

Samuel Gleyze-Esteban, L'Humanité

Mais pourquoi avoir adopté ce style difficilement supportable? La caméra filme les pieds du visiteur, bascule vers le ciel, traîne dans le désert, fait des virevoltes et transforme un thème politique en récit maniériste exaspérant. Derrière les chichis, il y a cependant un vrai film, et il faut faire un effort pour le découvrir.

François Forestier, L'Obs


C’est cette métamorphose permanente et toujours imprévisible qui constitue le plus fascinant du Genou d’Ahed, ce plaisir de Nadav Lapid à constamment chiffonner la scène, la tordre, lui faire prendre par la grâce, en effet, du style, une toute autre direction que celle promise par un scénario qui se tient longtemps sur son fil minimal.

Laura Tuillier, Libération

Synopsis

Propos du réalisateur

Nadav Lapid, le cinéaste, en est un vrai, qui manie l’émotion et l’intelligence sans aucune lourdeur, nous prenant dans la spirale inattendue de son scénario. Qui aurait pu être récompensé à Cannes. Le réalisateur a obtenu celui du Jury, bien mérité.

La Rédaction, Le Parisien