05-03-Le léopard des neiges (Extraits critiques)
08-03-Penché dans le vent_Extraits critiques
05-01-Le léopard des neiges

Pema TSEDEN 1969-2023

Né en 1969, Pema Tseden était originaire d’un village du Hainan, à l’est de la province chinoise du Qinghai (Amdo). Fils de nomades, il poursuit des études en mandarin. Diplômé de l’Institut des Nationalités du nord-ouest, à Lanzhou, il  fait des études bilingues tibétain-chinois. à partir de 1991, il est  interprète et publie des articles sur la littérature et l'art tibétains dans diverses revues. Il commence en même temps à écrire des nouvelles, dont Tharlo, qui figure dans un recueil intitulé Neiges; traduit par Françoise Robin. Se sentant limité dans son expression et son public par la seule écriture, il passe au cinéma pour mieux témoigner de l’art et de la culture de son peuple. En 2002, entré à l’Institut du cinéma de Pékin (il est le premier Tibétain à intégrer la section de réalisation), son film de fin d’études, Pâturages marque le début de sa carrière de réalisateur : il a été couronné par de nombreux prix, tant en Chine qu'à l'étranger; Le silence des pierres sacrées, primé en Chine même, porte pour la première fois au cinéma un film sur le Tibet, réalisé par un Tibétain et joué par des Tibétains dans leur langue. Viendront ensuite Sur la route (2009) et Le vieux chien (2011). Tharlo (2015) marque un tournant dans la cinématographie de Pema Tseden: c’est le premier film adapté de l’une de ses nouvelles. Viendront Jinpa en 2018 (Prix du meilleur scénario à 75ème Biennale de Venise.) puis Balloon en 2019,  lauréat au Festival du film et forum international sur les droits humains de Genève. Le Léopard des neiges a été achevé en avril 2023 quelques semaines seulement avant son décès en mai. Le scénario de Tseden intègre la nouvelle de Jamyang Tsering, Snow Leopard or The Last Poem.

D’après Wikipedia et passim

Autour de l’auteur/réalisateur


Alors que ses films trouvaient un débouché en France, et qu’il obtenait une reconnaissance internationale, le cinéaste Pema Tseden (Tharlo, le berger tibétain, Jinpa, un conte tibétain), Tibétain de nationalité chinoise, est mort le 8 mai 2023, à l'âge de 53 ans. Il s'est éteint en plein tournage, d'un arrêt cardiaque provoqué par le mal aigu des montagnes, syndrome dû à une trop rapide montée en altitude.


Pivot de l’émergence, au début des années 2000, d’un cinéma spécifiquement tibétain, ses films imprégnés par la culture locale se distinguent par leur animisme rêveur, aux contours flottants, peu courants au regard de la production chinoise.


Avant de prendre une caméra, Tseden, auteur de nouvelles, eut surtout une carrière littéraire, ce qui semble avoir complètement décomplexé son rapport à l’outil cinéma. Ainsi n’eut-il jamais peur de réinventer un langage filmique bien à lui, féru des débrayages formels et narratifs, où chaque plan est un terrain d’expérience.


Le Léopard des neiges, sa dernière œuvre achevée (en postproduction au moment de son décès), témoigne une nouvelle fois de ce goût de l'hybridation formelle.

Le Monde, Mathieu Macheret

SYNOPSIS

2016, au Tibet. Après avoir heurté un âne sauvage dans la plaine, des hommes dans un 4X4 récupèrent au bord de la route un moine photographe. équipe d’une chaîne de télévision locale, ils sont là en fait pour filmer un léopard, fait prisonnier dans un enclos de pierre, alors qu’il tentait de dévorer des brebis. La loi protégeant l’animal en question, les bergers se désespèrent de ne pouvoir l’abattre.. Une question divise : faut-il tuer la panthère ou est-il possible de cohabiter avec elle ?

Extraits critiques

Le léopard des neiges

Le cinéma tibétain est rare sur les écrans français, pour ne pas dire inexistant. Pema Tseden, décédé récemment dans des conditions plus que tragiques, après être parvenu à échapper à l’oppression chinoise dans sa lutte pour la reconnaissance du peuple et de la culture du Tibet, est le plus grand représentant contemporain de la littérature et du cinéma dans ce pays, le Tibet, souvent réduit à des caricatures spiritualistes. Son long-métrage mêle à travers l’équipe de télévision venue filmer la rétention du félin, des personnes d’origine chinoise et tibétaine, comme si, autour d’un tel évènement, la réunion des deux peuples pouvait être possible. D’ailleurs, l’animal sauvage ne fait pas que nourrir les débats économiques et politiques entre l’État et les bergers, mais joue ici un mystérieux rôle de réconciliation des peuples et des amours brisées avec un moine capable de tisser un langage presque mystique avec lui

aVoir-aLire.com, Laurent Cambon


Son talent rare, discret mais immense, était celui d'un artiste capable d'interpréter avec une précision lucide la culture de sa minorité ethnique et de décrire leur relation parfois difficile avec la bureaucratie et les lois d'un gouvernement central, physiquement et spirituellement très éloigné de son Qinghai natal.

faunesauvage.fr, Jacques Baillon


C’était peut-être la première et seule figure artistique tibétaine à avoir percé jusqu’en Occident et en Chine, toujours dans la dignité et sans compromis. Nous n’avons plus qu’à espérer que les nombreux jeunes Tibétains qu’il a formés si généreusement prendront la relève et se montreront dignes de l’espoir qu’il avait mis en eux, à un moment crucial et très délicat pour le Tibet, sa langue et sa civilisation.

Société Française d’études du Monde Tibétain, Françoise Robin