05-02-Le léopard des neiges (Synopsis)
05-04-Le léopard des neiges (Propos du réalisateur)

Le léopard des neiges a parfois des allures de documentaire animalier, autour de cette espèce protégée. Mais le réalisateur de Jinpa et Balloon ne se contente pas de cet aspect et invite à nous questionner sur les rapports entre l'animal et l'humain selon plusieurs points de vue, dont celui d'un éleveur de béliers dont une partie du troupeau a été décimée par un léopard. Les panoramas enneigés en haute altitude sont somptueux et, comme il l'a fait souvent dans sa vie trop courte, le cinéaste parvient à parler de la situation du Tibet, dont la population reste asservie sous l'implacable joug chinois. En filmant un léopard de synthèse, assez réussi, Pema Tseden introduit aussi un lien surnaturel dans son long-métrage, mystique, même, avec la présence d'un moine au milieu de protagonistes divers.

Sens critique, Cinephile doux

Dans le très antispéciste film de Pema Tseden, on célèbre la noblesse de l’espèce, dans toute sa cruauté et sa solitude. On discute des images qu’on a obtenues d’elle, on entretient la mystique. Mais on met aussi les autorités en accusation : dans cette région où le bétail est parfois la seule source de revenus, on veut bien cohabiter avec la nature mais moyennant des aides. La situation n’est finalement pas si éloignée de celles qu’on peut connaître dans les Pyrénées régulièrement. Derrière les agitations et les éclats de voix de ces hommes rassemblés dans une ferme isolée autour de l’animal, là où la nature humaine est irrémédiablement à la fraternité, il y a une démarche spirituelle et empathique qui rend le film spécialement émouvant.

Oscillant entre les longues séquences caméra épaule des journalistes et les scènes expérimentales du point de vue du léopard, le film s’élève bien au-delà de son minimalisme pour questionner le rapport profond entre les hommes et la nature. Au rythme du félin et des paysages qu’il habite, Le Léopard des neiges est un voyage poétique au cœur du Tibet.

Première, Bastien Assié


Le Léopard des neiges, une fable tibétaine sur l'humain, la nature et la transcendance...Le film, qui sort en France ce 11 septembre, est l'ultime œuvre du défunt cinéaste Pema Tseden, le père de la "nouvelle vague tibétaine". La presse chinoise, normalement très corsetée sur la question toujours sensible du Tibet, salue un film aux ambitions métaphysiques qui interroge notre place dans la modernité.

Courrier international, Daniel Bastard


On connaît en Europe le débat qui oppose les écologistes et une partie des bergers ou des agriculteurs, quand il s’agit de réimplanter le loup dans nos forêts. À sa manière, Le léopard des neiges pose les mêmes questions, mettant en antagonisme un berger plutôt pauvre, attaché à ses bêtes et au revenu de sa famille, des policiers soucieux d’appliquer la réglementation en matière de défense des léopards des neiges, et une équipe de télévision qui se nourrit de la discorde. Au milieu de ce petit monde, il y a cet animal énigmatique, superbe, qui a franchi un enclos et tué des brebis, laissant son petit dans l’isolement le plus total à quelques centaines de mètres et un moine qui cherche à atteindre une certaine sagesse. (.) Le film est d’abord très impressionnant, dans la manière dont les mouvements du léopard sont représentés. On imagine le travail d’image de synthèse incroyable auquel l’équipe de tournage a dû s’adonner pour parvenir à une telle qualité de la mise en scène. Le félin est tout autant filmé dans son environnement naturel que dans cet enclos où il attend patiemment que les portes lui soient ouvertes. Les images sont très belles, mêlant les grands espaces du Tibet à la simplicité d’une ferme.

Le léopard des neiges n'est pas un documentaire animalier. Il interroge le dilemme bien connu entre ceux qui s'évertuent à protéger les espèces disparues, et ceux qui protègent l'économie humaine. Le seul dialogue possible demeure, du moins dans cette fable, le langage spirituel qui permet à la nature de s'aligner avec les préoccupations sociales et mercantiles des communautés humaines. Ce débat permet d'ailleurs de mettre côte à côte des personnes originaires de Chine et du Tibet, sans que la question politique soit jamais posée. L'enjeu de la rencontre de ces peuples, on le sait en opposition depuis très longtemps, s'apaise ici autour d'un léopard qui à lui tout seul permet l'émergence d'une sensibilité spirituelle et mystique, si contestée par l'empire chinois.

Pema Tseden a dressé là un film tout aussi profond que destiné à un public large, allant des enfants à leurs aînés. Cette œuvre pensée comme un conte moderne peut se regarder de plusieurs façons, à commencer comme une belle histoire entre un animal sauvage et des hommes qui se disputent le destin qu’ils lui promettent.

aVoir-aLire.com, Laurent Cambon

  

EXTRAITS CRITIQUES

Construit en 2 parties, l'ultime film de Tseden navigue entre présent et passé, le réalisme presque documentaire de la vie quotidienne des Tibétains des zones reculées et une vision onirique et presque fantastique de ce qui est relaté. (.) Dans Le Léopard des neiges, on découvre également le mode de vie des Tibétains de façon totalement démythifiée, comme le souhaitait Pema Tseden. Ce qui n'empêche pas ce long-métrage d'être imprégnée par une forme de spiritualité subtile et apaisante. Œuvre empreinte de respect, de compassion, Le Léopard des neigeslivre pas forcément tous ses secrets et refuse toute simplification, préférant laisser aux spectateurs tout le loisir de se faire leur opinion.

Le Bleu du miroir, Eric Fontaine

Synopsis

Note d'intention du réalisateur