Oslo, 31 août_Propos du réalisateur
Oslo, 31 août_Synopsis

 EXTRAITS CRITIQUES


« En découvrant Anders dans les premiers plans d'Oslo, 31 août, son visage fermé, ses cheveux ras, son blouson, on pourrait le prendre pour un skinhead, l'un de ces pauvres héros du cinéma social européen, ballottés par la crise. Il ne faut pas se fier à cette apparence, Anders (Anders Danielsen Lie) est fait d'une autre étoffe. Il descend du jeune Werther à travers Alain, le protagoniste du Feu follet de Drieu La Rochelle, roman dont est tiré le scénario du film de Joachim Trier, son deuxième long-métrage. Le jeune metteur en scène norvégien fait traverser une journée de fin d'été à cet être tourmenté et ces quelques heures deviennent un film fin et sensible, mais pas dépourvu de cruauté… Le monde dans lequel se meut son personnage est tout sauf répugnant. De toute évidence, le réalisateur ne partage pas le point de vue d'Anders selon lequel les gens qui s'y sont fait une place "sont des idiots" et jamais l'image n'est tout à fait en accord avec le désespoir du héros. Un de ces films qui préfèrent interroger que répondre. » Thomas Sotinel (Le Monde : 28/02/2012)

« Voilà un film qui, au lieu de nous divertir aimablement comme tant d'autres, semble nous demander pourquoi on vit, nous rappeler pourquoi on meurt. D'une beauté foudroyante, d'une lucidité perçante, Oslo, 31 août est une perle rare. Son héros au bord du vide est du genre inoubliable. L'effet de sidération commence dès le prologue, série de vues de la capitale norvégienne, étrangement déserte, sur fond de voix intérieures et souvenirs de jeunesse : « Les marches interminables vers des fêtes bizarres auxquelles on ne savait jamais si on était vraiment invités ou pas... » Louis Guichard (Télérama : 29/02/2012)

« Poème funèbre, Le Feu follet de Louis Malle saisissait une société déliquescente. « Le fête est finie » y soupirait une rieuse Jeanne Moreau. Chez Trier, une autre fête commence, qui ignore Anders, qui rejette Anders. Oslo, la vie, la Scandinavie ont changé, américanisées, modernisées, aseptisées. Anders y reste muet, toujours lointain, s’effaçant progressivement Dans la maison vide où vivent ses parents, il ne se livre qu’au moment d’interpréter, loin des regards, avant que le dégoût de soi n’emporte tout, une suite pour clavier de Haendel. Il ne joue pas très bien. Le piano est désaccordé. Mais ces deux imperfections qui se touchent composent une fugace harmonie. Tel se donne ce désuet, cinéphile et francophile Oslo, 31 août : le monde ne sonne plus juste, les jeunes êtres s’y portent mal, mais on peut encore en faire, pourquoi pas, un beau film triste. »

Fabien Baumann (Positif :  N° 613 : mars 2012)

 

« Par son titre même, le deuxième long métrage de Joachim Trier inscrit le temps comme tourment formel et dramaturgique primordial. Le temps et sa perception modèlent cette description d’une journée de la vie d’Anders, un jeune intellectuel - on le suppose  à travers ses conversations – dont le désarroi, à la cause relativement inconnue, l’a conduit  à se droguer.  Il est le personnage errant de ce beau film qui crée en nous l’empathie à son égard sans se départir d’une ambition formelle originale, héritière par certains traits du cinéma moderne des années 60… Joachim Trier possède l'originale manière d'accompagner le passage des visages et des corps dans le champs de la caméra, comme si ce passage était accidentel. Mais la mise en scène tout en mimant la surprise de cette effraction réagit par des poursuites visuelles et auditives qui construisent l'identité de celles et ceux que croisent Anders (...) Ainsi, ce qui survient dans sa proximité, parfois prometteur pour son existence mais finalement dissout, irrigue tout le film d'une labilité conjuguant la description du malheur d'une vie et un paradoxal bonheur de filmer. Dominique Païni (Cahiers du cinéma N° 676 : mars 2012)

 

« Dans sa dernière partie, le film s’inspire une fois de plus de la ville et se laisse bercer par la beauté douce et glaçante de la nuit, abandonnant peu à peu les dialogues au profit d’un silence intérieur évocateur et poignant. Joachim Trier, déjà auteur d’un premier long métrage remarqué en 2006 (Nouvelle donne) évite là aussi toute facilité, émaillant ces dernières scènes d’une légèreté inattendue, tendre et poétique. Anders Danielson Lie porte le rôle principal avec grâce et mystère. Le spleen a rarement trouvé meilleur conteur, ni meilleur interprète. »

J.N. (Fiches du cinéma 2012)