Voyage à cythère_propos du réalisateur
Voyage à cythère_synopsis

PROPOS  DU REALISATEUR

SYNOPSIS

EXTRAITS CRITIQUES

 

« Comme tous les films d’Angelopoulos, Le Voyage à Cythère est au style indirect. Reportage, enquête, auto-psychanalyse collective, conte ont été précédemment utilisés. Cette fois, la fiction se donne comme fiction filmique, dédoublant par là même le récit et les personnages. L’histoire est vue par le réalisateur d’un film à faire, intitulé, précise-t-on dans un message enregistré sur le répondeur téléphonique de la production, Le Voyage à Cythère…  C’est sans doute le film le plus bouleversant de Théo Angelopoulos, une émotion distillée à chaque plan, par le sujet, le dialogue, d’une sobriété rare, la subtilité de la photographie, l’interprétation remarquable, sans oublier l’inoubliable musique qui a la nostalgie sensuelle des accords vivaldiens. »

Hélène Tierchant (Michel Ciment et Hélène Tierchant : Théo Angelopoulos : Editions Edilig 1989)

 

« A constituer l’espace selon le tracé, la trace de son acteur, Angelopoulos porte le plan-séquence à son paroxysme fragile, sans jamais sombrer dans la pose ou la pause, la lenteur ou l’ennui. Le champ sera parcouru - stricto sensu, quand le Vieux arpente ses terres montagneuses – la durée du plan sera celle de ce parcours, devenant « naturellement » séquence. L’attention au temps, au rythme des êtres et des choses, et le refus d’amnésie, la souvenance du passé politique, ne font qu’un chez Angelopoulos. Poétique du temps et conscience politique ne sont qu’un. Déjà Les Chasseurs ou Le Voyage des comédiens prenaient source à cette vérité. Ici, Angelopoulos atteint la perfection. »

Fabrice Revault d’Allonnes (Cahiers du cinéma N° 368 ; février 1985)

 

« Le Voyage à Cythère ne se résume pas par un message univoque. Comme toute œuvre d’art inspirée, il ne fait que restituer toute la complexité du réel - de sa « vérité » -  à travers un ensemble imagé qui en garde la richesse tout en l’organisant en nouveaux rapports poétiques. Si l’œuvre a une morale, elle ne réside que dans cette complexité même et dans l’intensité de l’éclairage grâce auquel l’auteur l’a changée en découverte : en images et scènes à ce point inoubliables et singulières qu’elles continuent à nous travailler comme malgré nous. »

Petr Kral (Positif N° 288 ; février 1985)

 

« Avec Voyage à Cythère, Théo Angelopoulos amorce une nouvelle étape dans la manière de traiter son matériau. Certes, il est encore question de l’Histoire et de la place des Grecs et de la Grèce dans le processus de son évolution.  Il ne s’agit plus ici d’une fresque à l’instar du Voyage des comédiens ou des Chasseurs mais d’un drame intimiste. Ce n’est plus dans le temps que se déroule le destin d’une communauté mais dans l’espace mental que se partagent un cinéaste - alter ego d’Angelopoulos lui-même - et une figure emblématique, celle de Spyros qui symbolise à elle seule les tourments, les doutes et les déceptions d’une génération ayant cru à l’éventualité d’une révolution au temps du fascisme. »

Raphaël Bassan (La Saison cinématographique 1985)

 

« Le Voyage à Cythère est le premier film vraiment sublime d’Angelopoulos parce que lyrique enfin, lyrique surtout, lyrique seulement. Film à nu. Dépouillé de toutes les certitudes, les dogmatismes, les théories. Débarrassé de quelques scories minuscules qui troublaient encore la limpidité des œuvres passées. Film d’un artiste proche de l’épure absolue, proche de la quintessence. Cette quintessence, Angelopoulos ne l’a visiblement pas atteinte sans désillusions de toutes sortes. Il semble loin, désormais, le temps où le cinéma faisait office, à ses yeux, d’outil de combat. L’amertume semble avoir (pour l’instant ? Désormais ?) Recouvert les convictions inébranlables de la jeunesse et seul l’art semble survivre à tous les engagements : ultime refuge, ultime bouée. Car tout n’est qu’art, tout ne parle que d’art, tout ne mise que sur l’art dans Le Voyage à Cythère, qui nous raconte non le tournage d’un film mais le film en train de se rêver, de s’imaginer. »

Pierre Murat (Télérama N° 1835 : mars 1985)

 

« Voyage à Cythère, comme ses autres films, pose la question de l’engagement du cinéaste à travers son art. De manière plus aigüe que jamais du fait de sa construction en film dans le film. Et l’imaginaire prend le pas sur tout ce qui est réel. De même l’amour sur l’idéologie. Telle Pénélope, la femme de l’émigré l’a attendu pendant des années. Délaissant les groupes sociaux qui n’ont plus de raison d’être, Angelopoulos alors s’intéresse à cet amour qui à l’inverse des idéaux, a résisté au temps. D’où l’émotion tout au long du film. Par son esthétisme sublime, par l’extrême lenteur de ses plans-séquences extraordinaires, Voyage à Cythère, film à priori difficile, est d’une sensibilité bouleversante. Et la dernière image est de celles qui ne s’effacent jamais. »

G.P. (Fiches du cinéma 815)