L'institutrice_Propos du réalisateur
Michael Kohlhaas_Propos du réalisateur
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Michael Kohlhaas_Synopsis

EXTRAITS CRITIQUES


« … Michael Kohlhaas est donc la première bonne nouvelle dans la carrière de des Pallières, qui semble avoir enfin trouvé un sujet et un auteur (un texte magnifique et solide de Kleist, inspiré de faits réels) dont il serait di-gne. L’adéquation entre la forme et le fond est parfaite. Tout au long du film règnent une austérité et un souffle romanesque qui font bon ménage. D’un côté, un personnage minéral, intransigeant, radical, interprété avec fou-gue et retenue par un Mads Mikkelsen qui n’en fait jamais trop (ça lui est arrivé par le passé) et une mise en scè-ne très cadrée, très rigide elle aussi. De l’autre, une nature à la palette de couleurs limitée, mais qui reflète au plus près les sentiments violents qui habitent les hommes (c’est la définition même du romantisme)… Deux heures durant, Arnaud des Pallières nous aura passionnés pour une question morale à laquelle le monde contemporain se trouve toujours confronté, avec des réponses pas toujours convaincantes ni définitives : où se situe la frontière entre la lutte armée politique et le meurtre ? Entre la résistance à l’oppression et le terrorisme ? »

Jean-Baptiste Morain (Les Inrocks : 13/08/2013)


« Il est au contraire étayé par un rapport puissant, plastique, dreyerien, à la matière: soleil, lumière, vent, monta-gnes, chevaux, visages humains transformés par le gros plan tantôt en paysage lyrique, tantôt en stigmate de la monstruosité, tout cela soutenu par une composition musicale subtile et obsédante. Sans doute le film aurait-il gagné à faire un peu plus confiance aux ressources du récit d’origine (l’ellipse et la rétention y sont surreprésen-tées) et un peu moins à l’hiératisme qui corsète le héros. La réserve est toutefois mineure proportion-nellement à l’intelligence et à la beauté qui se déga-gent de ce film. »

Jacques Mandelbaum (Le Monde : 14/08/2013)

« Kleist écrit son texte quand Napoléon Ier occupe son pays. Les horreurs de la guerre, les pillages et les désordres, il connaît. La censure et les «collègues» l’empêchent souvent de publier, de jouer ses pièces, de vivre correctement. En 1811, à 34 ans, étouffé par un sentiment de colère et d’é-chec, il se suicide avec Henriette Vogel au bord du lac de Wannsee. Le héros qu’il dénonce, Michael Kohlhaas, n’est pas sans lui ressembler - et c’est pourquoi il nous est si proche : le sentiment d’être lésé, le désir de révolte face à un pouvoir indifférent, hostile ou aveugle, chacun l’a éprouvé. Kohlhaas se dresse, se bat et meurt pour la plupart d’entre nous. Et cependant, pour Kleist, sa réaction est fautive, car démesurée. De ce double mouvement naît ce grand livre sur la justice qui a inspiré tant d’écrivains, dont Kafka… Le travail de Arnauld des Pallières a une apparente rigueur historique qui, par sa len-teur, sa précision, son austérité, ses costumes, rappelle superficiellement les téléfilms de Roberto Rossellini dans les années 60-70 (la Prise du pouvoir par Louis XIV, la Vie de Pascal). Mais, en réalité, il s’agit d’une oeuvre expressionniste, presque abstraite à force de hiératisme, de composition à base d’effets naturalistes. Le réalisateur dit avoir pensé, entre autres, à Aguirre, la colère de Dieu, de Werner Herzog - et il se dégage bien du film, à cer-tains moments, le même type d’intériorité : la violence muette de l’âme semble naître du paysage, de sa nudité, de ses brumes, pour finalement y retourner. En ce sens, le réalisateur français a bien tourné un film romantique allemand. » Philippe Lançon (Libération : 13/08/2013)


« En tournant essentiellement en extérieurs, des Pallières évite la coûteuse reconstitution de décors médiévaux. Surtout, il donne à la révolution à l’oeuvre une densité puissante où la rigueur de Kohlhaas résonne en écho à la rugosité du paysage de roches et de pierres. C’est dans cette âpre concordance entre la minéralité et l’animalité de Kohlhaas et de son environnement, dans son matérialisme éprouvant, que le long-métrage transpire toute sa den-sité spirituelle et philosophique. Michael Kohlhaas, le film comme l’homme, sont traversés par des fulgurances politiques et éthiques qui viennent déchirer les rousses forêts des Cévennes, sublimées par la lumière de l’aube ou du crépuscule. » Estelle Bayon (critikat.com)


« Adaptation d’un récit de Kleist, Michael Kohlhass, réalisé par Arnaud des Pallières, est une oeuvre tout à la fois philosophique et politique d’une beauté magistrale. Un poème épique dont le sujet historique résonne jusqu’à nos jours. » Roland Hélié (Les Fiches du cinéma)