Les trois soeurs du Yunnan_Propos du réalisateur
La folie almayer_Propos de la réalisatrice
Les trois soeurs du Yunnan_synopsis
La folie almayer_Synopsis

EXTRAITS CRITIQUES

« Pour raconter cette histoire, Chantal Akerman confère une singulière foulée au récit, joue magistralement avec un temps qu'elle se prend parfois à dilater. De longs travellings au cœur de la végétation exotique, la capture du reflet de la Lune dans les eaux noires d'un fleuve qui ne mène nulle part, une déambulation nocturne dans les rues d'une métropole suivant la jeune femme évadée du pensionnat et se perdant dans un inquiétant anonymat urbain. Le génie de la cinéaste est de ne jamais permettre que ses trouvailles formelles contredisent, voire détruisent, la dimension tragique de son histoire. La Folie Almayer se lit comme l'obsession fatale d'un homme qui veut mourir d'amour pour sa fille, à moins que ce ne soit comme le fantasme désespéré d'une femme qui voudrait que son père meure d'amour pour elle.

C'est aussi le récit d'une quête, celle d'une liberté qui ne peut s'obtenir que par une fuite délibérée, en refusant ou en dépassant les figures paternelles (Stanislas Merhar et Marc Barbé) incarnées par les deux hommes occidentaux qui veulent décider du destin d'une jeune femme affranchie. »

Jean François Rauger (Le Monde : 24/01/2012)

 

« En adaptant librement le premier roman homonyme de Joseph Conrad, paru en 1895, la cinéaste belge livre une œuvre d’une ambition rare. Tout à la fois un film d’aventures assumant son goût pour l’exotisme, un drame sur les relations père-fille et une rêverie malade. La Folie Almayer ne se regarde pas, il se vit, se subit. Car si l’on accepte de lâcher prise, on est transporté dans une œuvre fascinante, qui met la mise en scène, la photo, la musique, le jeu, le dialogue, le montage au service d’un seul but : une auscultation sans concession des tréfonds de l’âme humaine. Poisseux, vénéneux, libre, grandiloquent, le voyage proposé par Akerman est loin d’être de tout repos. Mais, par sa force brute, il se révèle indispensable. (H. H.) (Cinéart) » (lalibre.be)

 

Par son ampleur et son ambition, La Folie Almayer vient rappeler combien Chantal Akerman est une cinéaste essentielle, renouant ici avec une puissance cinématographique plus ou moins laissée en suspens depuis De l’autre côté (2002) – et, dans une moindre mesure, Demain on déménage (2004) … La force du film émane de personnages égarés à la recherche d’un paradis perdu, autant celui que l’on est venu chercher que celui que l’on a quitté, la réussite réside dans une capacité à l’exprimer cinématographiquement. La densité de la mise en scène ainsi que le point d’équilibre admirable entre virtuosité et rugosité subjuguent. Au cadre et à l’image, Rémon Fromont compose, de jour comme de nuit, un flux visuel entêtant, à l’onirisme cauchemardesque ; l’artificialité des lumières nocturnes plaçant régulièrement La Folie Almayer à la lisière du fantastique. »

Arnaud Hée (critikat.com)

 

« ...ce film hypnotique intrigue et envoûte bien au-delà de sa simple vision, comme si quelque chose nous restait de cette "folie" qu’il donne à voir. Par ailleurs, dans les thèmes qu’il explore (fin du monde colonial, perte des valeurs-refuge telles que l’or, remise en cause de l’esprit européen) La Folie Almayer entre en parfaite résonance avec les problèmes rencontrés par notre monde. Preuve, s’il en fallait une, que le cinéma d’auteur n’est pas si déconnecté qu’on le croit de la réalité. » avoiralire.com

 

  « En s’inspirant du premier roman de Joseph Conrad, composante initiale de la Trilogie malaise, Chantal Akerman livre un film étouffant, éprouvant, envoûtant. La moiteur sourd de chaque plan ; des voix off relaient l’image qui distille, comme un poison, le colonialisme, la soif de l’or, la démence et la passion. Sublime. »

Isabelle Daniel (Première)

 

« Distillant la mélancolie, le sens de la dérive et les névroses coloniales du roman de Conrad dont il est tiré, La Folie Almayer permet à Chantal Akerman de prolonger sa réflexion sur les rapports entre les sexes. Mais surtout il est l’occasion d’un envoûtant travail esthétique. Le film forme ses idées et ses concepts à partir de la seule matière cinématographique. Au fil d’images hypnotiques et organiques, baignées par la torpeur du fleuve, il crée son sens sans avoir besoin d’une narration continue. Ce n’est pas tant que celle-ci soit absente, mais le récit, pris en tant que tel, et pour ainsi dire remis dans l’ordre, n’a pas de réel intérêt. L’ensemble se déroule dans une certaine latence contemplative, désamorçant d’emblée l’aspect dramatique des situations. »

 

Olivier Bouchard (Les Fiches du cinéma)