Les trois singes (Propos du réalisateur)
Les trois singes (Propos du réalisateur)
Les trois singes (Synopsis)

EXTRAITS CRITIQUES


« Se taire en toutes circonstances, se défendre de voir et d’entendre, à l’image des trois singes de la tradition chinoise, ne résout rien et permet tout juste de survivre. Ceylan illustre cette parabole de la condition humaine (on pense à Bresson ou Tarkovski), qui, à de nombreuses reprises, met en lumière la réalité politique et sociétale de la Turquie actuelle, avec une maestria de mise en images époustouflante. Longs plans qui envoûtent le spectateur, vues étonnantes d’un Bosphore grisâtre et triste, et surtout extraordinaire virtuosité des scènes d’intérieur, la caméra allant à l’essentiel en disséquant le moindre recoin,, le moindre mouvement… On peut regretter un scénario parfois trop démonstratif (les apparitions de l’enfant mort), mais cette réserve anodine ne saurait atténuer le brio et la maîtrise qui marquent constamment ces Trois singes. Et surtout faire oublier que la séquence d’ouverture est l’une des plus magistrales de l’histoire du cinéma : ces seules minutes suffiraient à hisser ce film au rang de chef d’œuvre. »


Ch. B. (Annuel du cinéma 2010)

 

« Le langage cinématographique de Ceylan, qui s’inspire des cinéastes de la modernité - Antonioni et Tarkovski notamment - est remarquable par sa métaphysique qui capte au plus profond l’âme de ses personnages tout en usant d’une certaine distanciation : une alliance entre les cinéastes précités, Fassbinder et les mélodrames turcs dont l’auteur se réclame. Mais   Ceylan n’imite pas dans Les Trois singes : s’il rend hommage ou cite de grands auteurs, il créé avec le numérique des figures filmiques nouvelles et un univers graphique et thématique passionnant. Nous sommes simplement en présence d’un des cinéastes les plus importants du cinéma contemporain qui fusionne à merveille les arts, que ce soit la peinture, la photographie ou la musique et qui, surtout n’est pas réfractaire aux nouvelles technologies… Grâce à leur usage maîtrisé dans ce film, Ceylan passe à l’âge adulte en s’affranchissant de ses maîtres : il confirme qu’il est un auteur du XXIe siècle qui effectue une relecture de l‘histoire du septième  art et du langage cinématographique tout en le réinventant grâce à notre modernité. Admirable. »


Stéphane Caillet : Critikat.com

 

« La force de la réalisation de Ceylan (Prix de la mise en scène Cannes 2008) n’en finit pas d’impressionner. Ces non-dits sont éloquents, ces acteurs sont tout simplement époustouflants d’intensité, de justesse, de richesse humaine. Dans leurs secrets les plus intimes, dans leur rage ou leur vulnérabilité, ils sont bouleversants. Le travail visuel est, lui aussi, spectaculaire (rarement un ciel nuageux aura autant pénétré et nourri une narration) tout comme la densité du travail sonore, omniprésente mais jamais intrusive. Par le choix de cadres superbes de pudeur et de patience, chaque détail se voit porter une force inédite : une sonnerie de téléphone dérisoire mais synonyme d’excitation, de passion ou de désespoir, un encadrement de porte laissant entrevoir des mouvements du corps comme autant d’images volées...Du très grand art.


J.C.B. : l’Avant-scène  cinéma 

 

«  Si le traitement sonore est si exemplaire, c’est aussi qu’il fait toute sa place (au contraire des normes en vigueur aujourd'hui ou peu de cinéastes laissent leurs plans respirer à ce point) à cet élément d’ambiance qui apparait, ou presque, des actes pourtant frappants (un accident, un adultère, une tentative de suicide) qui ponctuent le récit. Les moments clés se déroulent hors champ, tandis que la caméra scrute les regards, les expressions, les réactions. Ce n’est pas seulement une leçon de mise en scène, c’est un sommet de la direction d’acteurs : si l’expressivité des comédiens est encouragée, exacerbée, au risque de les voir surjouer, Ceylan n’hésite pas à quitter occasionnellement leur visage pour filmer l’espace qui les entoure, avant de mieux revenir sur leurs traits fatigués, même s’ils sont alors silencieux. »


Grégory Valens : Positif N° 575 : janvier 2009

 

« Somptueusement filmé en numérique avec des images longuement retravaillées en postproduction, Les Trois singes est un film envoûtant sur la jalousie, l’arrogance du pouvoir, la violence et surtout le mensonge, ces accommodements qui permettent d’éviter jusqu’au bout d’avoir à affronter la vérité. »


Marc Semo : Libération : 14/04/2009

SYNOPSIS