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« S’il existe un maître du cinéma de récit, c’est bien Lubitsch et s’il existe un chef-d’œuvre de récit c’est bien cette Huitième femme de Barbe Bleue qui ressemble tant à un film léger qu’il est un piège fascinant. Ce piège est simple : alors que nous acceptons tout ce qu’on nous montre comme une agréable gaudriole, un jeu de mise en scène, un déplacement de caméra, une réplique, nous rejettent dans le drame le plus émouvant. Lubitsch opère avec tant d’aisance et cela nous paraît si logique, que nous n’avons pas le temps de juger ce retournement de situation ou d’état d’âme. » N. S. (La Revue du Cinéma  N° 240 juillet 1970)

« Un dernier point frappe à la redécouverte nostalgique de Bluebeard’s eighth wife, c’est la confiance (absolument justifiée) de Lubitsch dans la valeur de ses gags, de ses situations comiques, des réparties de ses personnages. Jamais la mise en scène ne souligne, n’annonce, n’explique, ne met artificiellement en valeur l’élément comique que le spectateur est alors obligé de subir. Le trait d’esprit, la réplique, le burlesque instantané de telle situation sont au contraire noyés dans la continuité imperturbable d’une intrigue que la mise en scène se contente de servir avec toute la discrétion et la rigueur souhaitables »
Frédéric Vitoux (Positif N° 125 mars 1971)

Colette Colbert, Gary Cooper et Edward Everett Horton dans Bluebeard’s Eighth Wife

EXTRAITS CRITIQUES

« La huitième femme de Barbe Bleue est à juste titre l’une des plus célèbres comédies américaines. Elle appartient à la période la plus prestigieuse de la carrière d’Ernst Lubitsch qui la mit en scène entre deux autres chefs-d'œuvre Angel (1937) avec Marlène Dietrich et Ninotchka (1939) avec Greta Garbo. L’élégance de Lubitsch, sa finesse incisive et la perfection de sa direction d’acteurs sont évidentes tout au long du film...qui  passe avec génie du mélodrame à la comédie de mœurs  à travers les différents stades de la comédie. »

 André Moreau (Télérama ;  décembre 1982)


« Mené sur un ton badin faussement naïf et avec un humour qui fait mouche à tous les coups, porté par une loufoquerie feutrée qui se moque de toute vraisemblance, sournoisement corrosif dans sa description des rapports homme-femme et d’une élégance virevoltante, ce film réalisé en 1938 est l’une des comédies les plus célèbres et assurément l’une des plus réussies d’Ernst Lubitsch. »
Christian González Le Figaro (2/2/2007)


« L’atmosphère de folie générale  privilégie presque le pathologique sur l’excentrique, ce qui peut expliquer l’échec inattendu  du film à sa sortie, à une époque où la comédie loufoque battait son plein. Le mot « loufoquerie », pour caractériser le film est un euphémisme.  Le plus déroutant ici, est l’absence de toute motivation explicite des personnages, mise à part, peut-être, une intense frustration sexuelle. Règne une schizophrénie latente qui donne toute sa force à ce motif de la rupture : ils ont tous l’air dérangés, et ni Lubitsch, ni ses interprètes, pourtant parfaits, ne parviennent (ni ne cherchent) à éclaircir la bizarrerie de leur comportement. »

T. Binh et Christian Viviani ( Lubitsch ; éditions Rivages/Cinéma 1991)