L'institutrice_Propos du réalisateur
Love is Strange_Propos du réalisateur
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Love is Strange_synopsis


« En montrant, côte à côte, sous un même toit, plusieurs générations - dont un adolescent, petit-neveu de Ben -, le cinéaste capte les échos qui se propagent de l'une à l'autre. Il interroge la possibilité de transmettre un peu de soi : un apparent dialogue de sourds peut porter ses fruits au bout de longs mois... Après Allen, Ozu à Manhattan en 2014 ? Pas exactement. Mais une réflexion fine, et finalement tendre, sur la famille dans ses acceptions les plus contemporaines, et sur l'amour au sens le plus large. »

 Louis Guichard (Télérama : 12/11/2014)


« La gentrification des grandes capitales, avec ses effets d'inflation en flèche du prix du mètre carré, entraîne des phénomènes de relégations inattendues qui frappent jusqu'aux classes hier encore privilégiées, ces intellectuels bohèmes mais précaires qui, professeurs d'art, journalistes ou cinéastes en mal de contrats, se réveillent soudain hors du cadre rassurant de leur ancien confort. Le film alterne les croquis de groupe et les épiphanies personnelles, croisant avec une grande élégance l'imagerie sociale, urbaine, et la météorologie des solitudes expressives telles qu'elles passent dans les regards des uns et des autres. »

Didier Peron (Libération : 11/11/2014)

EXTRAITS CRITIQUES

« On pourrait énumérer les incidents, les rencontres, les conflits qui font le quotidien du minuscule exil de Ben et George, mais il faudrait alors rendre compte aussi de l'exceptionnelle délicatesse de la mise en scène et de l'interprétation…  Contrairement au film précédent d'Ira Sachs, Keep the Lights on, chronique abrasive d'une liaison paroxystique, Love Is Strange est une ballade en mode mineur, faite de variations ténues, de notations qui ne prennent parfois tout leur sens que quelques séquences plus tard… L'étrangeté de cet amour est universelle : façonné par les caprices de la législation et de l'immobilier, érodé par le temps, il pourrait tomber en miettes comme tant d'autres, et pourtant il résiste, tant bien que mal. Pour le meilleur et pour le pire dans la vie, pour le meilleur au cinéma. »

Thomas Sotinel (Le Monde : 12/11/2014)

« Love is strange a quelque chose d'humble et de touchant dans sa représentation d'un couple fragilisé par les aléas de la vie. Dans cette comédie intimiste, qui évoque avec pudeur les épreuves d'un couple new-yorkais, tout paraît d'une extrême simplicité, alors même que les événements représentés sont lourds d'enjeux politiques et sociaux. A cela il y a une raison d'ordre poétique : c'est qu'Ira Sachs valorise avant tout l'intériorité de ses personnages, qu'il choisit de représenter dans ce qu'ils ont de plus commun. Aussi filme-t-il des situations « ordinaires », dénuées de pathos ou de grandiloquence, le plus souvent dans des espaces familiers (l'appartement, la chambre... revisités à cette occasion)…  Aussi appréciera-t-on Love is strange comme une œuvre douce-amère, moins sur l'étrangeté de l'amour, que sur ses vertus étranges face aux aléas divers que la vie réserve. » 

Jean Patrick Géraud (avoir-alire.com)


« Mais en additionnant ces presque rien, en captant avec finesse l'hospitalité vite agacée des proches et l'embarras de ne pas être chez soi, le film d'Ira Sachs construit peu à peu un édifice émotionnel qui en dit bien plus long qu'un discours militant. Il parle des préjugés qui pèsent encore sur les couples de même sexe et, plus universellement, du sens d'une vie commune et de la manière dont l'amour s'inscrit dans le temps et l'espace partagés. Déroulant un fil ténu, cette réflexion humaniste prend toute sa force dans un dernier quart d'heure décisif, limpide et tout à fait bouleversant. » 

Laura Meyer (Première : novembre 2014)


« L'amour est étrange pour beaucoup de raisons mais jamais plus que lorsqu'il est indestructible. Ici,  la résistance passe par la persévérance de l'amour, une sérénité malgré les larmes, une tonalité calme, faite de musique (Chopin) et de chuchotements, une persévérance qui devient peu à peu  la forme même du film, qui secrète une extraordinaire puissance d'émotion. Si Love is Strange est un grand film new-yorkais, il ne ressemble ni aux représentations dantesques de Scorcese ou de Ferrara, ni à celles idéalisées de Woody Allen, qui ne s'est jamais soucié du coût de la vie. Love is Strange brosse un portrait franc, très contemporain de New-York en ville de luxe, où l'amour est menacé par le prix du mètre carré. »

Nicolas Elliott (Cahiers du cinéma : N° 705 ; novembre 2014)