Les trois soeurs du Yunnan_synopsis
Les trois soeurs du Yunnan_Propos du réalisateur
Playtime_Propos du réalisateur
Playtime_synopsis
Playtime_Extraits critiques

«  On n’en finirait pas d’analyser les richesses de ce film. Sans doute, à la première vision, certains gags semblent-ils s’éterniser mais l’objectivité de Tati n’est pas en faute, c’est notre regard, sollicité par tant de personnages et d’objets qui ne sait pas profiter des périodes de repos que Tati lui ménage. Quelle science de la mise en scène et de la direction d’acteurs! Quelle maîtrise des images, dont certaines sont d’une splendeur extraordinaire…  Il est assez extraordinaire que Tati soit arrivé à nous proposer des scènes qui ne soient jamais encombrées malgré le nombre des acteurs. Le spectateur garde toujours la possibilité de voir le détail de valeur. C’est à la fois grandiose et raffiné…  Play time est l’événement cinématographique de la saison et de l’année; un événement dans l’Histoire du cinéma et, qui sait, à cause de sa valeur humaine, un événement peut-être, dans notre histoire tout court.» Annuel du cinéma 1967


«  Le plus confondant, c’est que la maîtrise absolue de Tati n’enferme jamais les personnages ou les spectateurs dans un corset formaliste. Deux raisons à cela : l’utilisation du plan d’ensemble et le montage long. Le plan d’ensemble élargit l’espace, le montage long produit de la durée : les deux sont les outils indispensables de la liberté du spectateur. Les plans vastes où fourmillent des dizaines de personnages et de détails permettent au regard de flâner, de fureter, de chercher et de choisir, même s’il y a toujours une action ou un personnage central qui dynamise le plan. La durée des plans, indissociable de leur ampleur spatiale (ne serait-ce que pour permettre à un personnage de parcourir un long couloir, par exemple), laisse le temps de voir, d’appréhender et de penser ce qui se passe sur l’écran. Cela procède d’une éthique opposée à l’habitude contemporaine du montage saccadé qui, sous prétexte de dynamiser spectacle et public, aboutit le plus souvent à l’aveuglement du public (on ne voit rien, on n’en a plus le temps) transformé en consommateur ne répondant plus qu’à des stimuli. L’élégance formelle de Playtime n'est pas simplement prétexte à contemplation éblouie, elle permet de voir et de penser, de ressentir et d'analyser, de jouir et d'interpréter, le tout dans le même mouvement.»

Serge Kaganski (Les Inrocks : 01 janvier 2002 )


«  Film maudit en son temps (1967), de conception longue et pénible, et dont l'échec laissa son auteur épuisé, Playtime est le plus merveilleux concentré du cinéma selon Jacques Tati. Un film visionnaire et qui l'est resté. Un grand drame tissé d'une finesse comique née de l'observation. Avec, en prime, l'effacement d'un personnage unique : l'impossible M. Hulot. Rien n'est racontable dans Playtime, et tout est à regarder. Hulot n'est plus qu'une balise, une silhouette, l'aiguille d'une boussole au milieu d'un monde à l'absurdité parfaitement réglée. Film vertigineux, encore plus beau qu'il fut ambitieux.» 

François Gorin (Télérama: 21/12/2013)


«  Playtime est monstrueux en ce qu'il est hors normes, c'est-à-dire contraire aux lois communes du Septième art. En 1967, ce dernier est déjà sur les voies de sa modernité, visant, pour résumer grossièrement, à s'émanciper des conventions narratives et esthétiques mises au point et adoptées universellement au cours de son âge classique. Tati manifeste une réticence certaine envers ce langage, refusant le gros plan, le champ-contrechamp, le hors champ, la toute puissance de la parole, le récit logique et clos sur lui-même. En somme, tout principe d'homogénéisation et toute forme de psychologie délivrée au spectateur, privilégiant son sens de l'observation, toujours activement sollicitée, plus encore ici que dans ces trois premiers films.»

Estelle Bayon (critikat.com : 15/07/2014)

«  Playtime c'est le triomphe de la vie sur une robotisation en marche, c'est le rêve qui bat en brèche une réalité programmée. D'innombrables barrières, visibles ou invisibles, découpent l'espace et il faut tenter de les abattre, même si à la fin - trait de pessimisme- Hulot demeure prisonnier des caisses du supermarché et ne participe pas au manège festif. Le film tourne en ridicule la rhétorique du progrès, il affirme la puissance du rêve contre la banalité du quotidien, contre la normalisation de la réalité. Tati appartient au cinéma de poésie.»

Jean A. Gili (Positif : N° 497/498 :juillet/aout 2002)


«  Playtime est sans doute l'œuvre la plus ambitieuse et la plus complexe de Tati-et peut-être même de tout le cinéma français de l'après-guerre...Comment, au moyen du cinéma, rendre compte de l'état d'une civilisation, tel est l'enjeu de ce «œuvre» qui porte au même degré de raffinement la pensée et le style de son auteur.»

Marc Dondey: Tati (Ramsey cinema 1989)

EXTRAITS CRITIQUES